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2015 : une hausse du revenu agricole en trompe-l’œil

Malgré la sécheresse, la crise de l’élevage, la pression des marchés mondiaux l’Insee annonce une hausse significative du revenu agricole en 2015. Décryptage.

Le revenu des actifs agricoles (salariés et exploitants) devrait augmenter de 8,8 % en 2015 selon la Commission des comptes de l’Agriculture.
Le revenu des actifs agricoles (salariés et exploitants) devrait augmenter de 8,8 % en 2015 selon la Commission des comptes de l’Agriculture.
© J.-C. Gutner

Le revenu des actifs agricoles (salariés et exploitants) devrait augmenter de 8,8 % en 2015 selon la Commission des comptes de l’Agriculture qui s’est réunie, le 15 décembre. Le résultat courant par actif non salarié atteindrait environ 25 000 euros en moyenne. Un résultat surprenant eu égard aux événements de l’année, la sécheresse, la crise de l’élevage notamment, et la baisse des prix des matières premières.
D’une façon générale, le climat de la campagne 2014-2015, caractérisé par un printemps doux et un été sec et caniculaire, a favorisé dans l’ensemble les cultures légumières, viticoles et les céréales à paille, mais a pénalisé la pousse de l’herbe, notamment dans l’Est, les rendements des grandes cultures récoltées à l’automne (maïs notamment) et les productions de fruits d’été.
Au final, même si la production végétale dans son ensemble a reculé en volume, de 3,4 %, elle s’est appréciée en valeur de 3,4 % grâce à l’amélioration des récoltes de blé et d’orge, aux hausses de prix du colza et de tournesol, de la pomme de terre et des fruits et légumes. En revanche, les productions de maïs et d’orge se sont inscrites en recul.

Contexte international
Côté prix, l’abondance de l’offre sur la plupart des marchés mondiaux de matières premières agricoles a pesé sur les cours, comme d’ailleurs en 2014. Mais pour ce qui est des fruits et des légumes, ils ont été bien orientés en 2015 grâce à une offre limitée et une demande soutenue. Les vignes dans l’ensemble ont été peu affectées par l’épisode caniculaire. Malgré un recul dans l’Est, la récolte a progressé de 2 % par rapport à 2014. Compte tenu des stocks limités, les disponibilités sont restées modérées. Conséquence les prix se sont maintenus (+ 0,3 % pour les appellations d’origine) ou ont légèrement progressé pour les autres vins (+ 2,8 %).
Pour les productions animales, c’est l’inverse qui s’est produit, la production a été relativement abondante (+ 1,3 %), mais les prix se sont effondrés (- 5,7 %). Au final, la valeur de la production a reculé de 4,5 %. C’est particulièrement le cas pour le lait dont la production s’est stabilisée, mais dont les prix se sont effondrés (-11 %), à cause d’une offre mondiale abondante et une demande chinoise en baisse.
Pour ce qui est des productions bovines, porcines et ovines, elles se sont accrues. S’agissant des bovins, cette hausse, tirée essentiellement par l’abattage de vaches de réforme succède à trois années de repli. Avec une offre en hausse, les prix des bovins ont reculé. Quant à la production porcine, la production en légère augmentation, elle reste pénalisée par la perte du marché russe qui n’a pu être compensée par une progression des ventes vers d’autres destinations. Face à une offre européenne excédentaire, une concurrence exacerbée entre les grands bassins de production et un ralentissement de la demande, les cours ont nettement reculé (- 7 %) par rapport à 2014. Enfin, la production de volailles s’est redressée en 2015, mais elle s’est accompagnée d’une baisse des prix.

Hausse des subventions
Côté consommations intermédiaires, en baisse de 2 %, l’agriculture a bénéficié de la baisse du prix du pétrole. Ce qui se traduit par une diminution des prix de15 % du poste «énergie et lubrifiants». Idem pour les aliments du bétail, dont les prix ont reculé de 5 % en lien avec le repli des cours des céréales et des matières premières. Globalement, la réduction du coût des consommations intermédiaires a conduit à une progression de la valeur ajoutée brute de 4,7 %.
In fine, après retrait de toutes les charges de production (amortissements, salaires, cotisations sociales, intérêts, impôts fonciers), le revenu net de la branche agricole s’élèverait à 14,7 milliards d’euros en 2015, soit une croissance assez forte de l’ordre de + 14,9 % par rapport à 2014.
Compte tenu de l’inflation (+ 1,1 %) et de la baisse du nombre d’exploitants agricoles (- 2,2 %), cela conduit à une hausse de 8,8 % du revenu net par actif et de 16, 2 % par actif non salarié. Qui a bénéficié aussi d’une augmentation des subventions, celles de la Pac sur l’ICHN et les MAE notamment, et celles du Plan de soutien à l’élevage dont la mise en œuvre est intervenue à la fin de l’année.

Les réactions : tollé général

Pour la FNSEA, «annoncer un revenu prévisionnel 2015 en hausse est une véritable provocation. Qui peut, un seul instant, croire de tels chiffres, au regard de la situation économique exceptionnellement critique que vivent des dizaines de milliers d’agriculteurs ?» Le syndicat demande que cette publication en fin d’année soit «purement et simplement supprimée». Et ce, d’autant plus, que cette prévision de décembre est «systématiquement» corrigée, en juillet de l’année suivante.
Pour les producteurs de grandes cultures, l’estimation de la hausse est «incompréhensible». Selon les évaluations réalisées par Orama, le revenu moyen des producteurs spécialisés en céréales et d’oléoprotéagineux, le revenu moyen en 2015 «sera au bas de l’échelle, puisqu’il avoisinera zéro avant impôts et cotisations sociales». «Même si les volumes ont progressé en céréales à paille, les prix, eux, sont en net recul. Et les autres cultures cumulent baisses de rendement - notamment en maïs - et prix déprimés», précise le syndicat.

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