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AG Agro-Transfert RT repense les systèmes avec les agriculteurs

Amener les agriculteurs vers plus de performance et de résilience : voici la principale préoccupation d’Agro-Transfert RT. L’association présentait ses activités lors de son AG, le 6 juin, à Méaulte.

«La force de nos projets est la reconnaissance scientifique des travaux», assure Pascal Lequeux, président. En 2017, par exemple, était restitué le projet Sol-D’phy, qui donne des clés de lutte contre le tassement d
«La force de nos projets est la reconnaissance scientifique des travaux», assure Pascal Lequeux, président. En 2017, par exemple, était restitué le projet Sol-D’phy, qui donne des clés de lutte contre le tassement d
© A. P.

Stimuler les innovations pour répondre aux grands enjeux de l’agriculture a toujours été l’objectif d’Agro-Transfert ressources et territoires. L’association de R&D, d’intérêt collectif, créée en 1991, doit donc être en phase avec les évolutions des filières agricoles. Elle présentait ses activités lors de son assemblée générale, le 6 juin, à Méaulte.
«Après la refonte des statuts et une nouvelle gouvernance, en 2018, une nouvelle feuille de route stratégique a été écrite», annonce le président, Pascal Lequeux. Celle-ci met en évidence deux aspects, qui doivent absolument être pris en compte pour construire les projets. Le premier est le contexte de production, sujet à de profonds bouleversements systémiques. «Des aléas, notamment climatiques, grandissants, des changements de réglementation, une accessibilité sociale qui évolue, des ressources de production plus contraintes ou, encore, une numérisation galopante», liste Agro-Transfert RT. Le deuxième est la segmentation des marchés agricoles qui s’accélère. Elle va combiner des productions standards pour les marchés internationalisés, des productions de qualité supérieure, de nouvelles productions, avec un service rendu social et territorial rémunéré.
La clé, selon Agro-Transfert RT, pour répondre à ces changements profonds du contexte agricole attendus d’ici 2025 : accompagner les agriculteurs pour adapter et repenser leurs systèmes agricoles. Quatre axes de travail ont été définis, «pour plus de cohérence et de lisibilité», explique Pascal Lequeux : des agrosystèmes performants et résilients, des systèmes de production innovants, l’évaluation opérationnelle des systèmes agricoles et le développement de la bioéconomie dans les territoires. Et, à chaque fois, ces axes sont déclinés en projets concrets.

Traque aux innovations
Chaque projet est l’occasion de mener une «traque aux innovations» : repérer, analyser et faire connaître des solutions originales des agriculteurs.
Parmi ces projets, dans l’axe systèmes de production innovants, a été mené VivLéBio (2017 - 2019). Son objectif : la maîtrise des vivaces et l’insertion de légumes de plein champ dans les système biologiques. Concrètement, «nous voulons produire des références, des outils et des démarches de conseil adaptées au contexte régional», indique Aïcha Ronceux, cheffe de projet. Des tests de pratiques de gestion du chardon et du laiteron ont, entre autres, été réalisés en 2018. «Des premiers résultats intermédiaires ont été obtenus pour la modalité culture d’hiver + déchaumages répétés en été. Une diminution moyenne de 35 % des chardons et un retard de leur développement est observé. Les résultats sont à confirmer cette année.»
Pour 2019, il reste du pain sur la planche. L’équipe souhaite, pour la gestion des vivaces, terminer l’analyse des résultats, organiser des ateliers collectifs, réaliser une enquête sur la gestion du laiteron, et restituer les résultats aux agriculteurs. Pour la partie légumes de plein champ, elle veut organiser des ateliers thématiques, et capitaliser sur la méthodologie d’évaluation mise en œuvre d’après les résultats de l’évaluation d’une dizaine de systèmes de production.
Autre exemple de projet : celui des complémentarités cultures-élevage (2014-2020). L’enjeu : pérenniser l’élevage dans les zones de grandes cultures, puisqu’il «représente des enjeux économiques - car il demeure existant pour une large proportion d’exploitations régionales -, environnementaux et sociaux.» Parmi les actions, un travail d’accompagnement a été réalisé auprès d’éleveurs. «Nous avons recueilli énormément de matières premières, comme des pistes de changement évoquées par les agriculteurs, les nouveaux systèmes qu’ils ont conçus, leurs motivations, leurs doutes…» Trois cents fiches témoignage ont été réalisées.
«La force de nos projets est la reconnaissance scientifique des travaux que nous présentons», assure Pascal Lequeux. Les années à venir devraient permettre d’entrer encore plus dans le concret, toujours pour accompagner les agriculteurs vers la résilience de leur exploitation.

Le management du risque en agriculture
Sylvie Lupton, responsable de la chaire d’enseignement et de recherche «Management du risque en agriculture», d’UniLaSalle, en partenariat avec Groupama PVDL, présentait les résultats des recherches menées.
En agriculture, le risque est partout. Il peut être professionnel, écologique, de production, de marché (l’un des risques les plus prégnants actuellement), institutionnel (évolution de la réglementation)… Alors comment connaître ces risques, les intégrer, pour permettre aux exploitations d’être résilientes ? Tel est le sujet que creuse, depuis 2014, Sylvie Lopton et des étudiants d’UniLaSalle, à travers la chaire d’enseignement et de recherche «Management du risque en agriculture».
«Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe plusieurs degrés d’incertitude, indique Sylvie Lupton. La probabilité a priori, tel qu’un lancer de dé, qui implique une probabilité de tomber sur un chiffre de 1/6. La probabilité statistique, déterminée par l’observation empirique comme, par exemple, le recensement des accidents dans une profession. C’est plutôt là que l’évaluation du risque se situe en agriculture. Et l’estimation, soit aucune base valide permettant de calculer la probabilité d’occurence

Des projets concrets
Pour répondre aux besoins des agriculteurs, deux à trois projets d’étudiants par an sont menés. Celui de l’anticipation des risques dans le cadre d’un projet d’unité de méthanisation est tout récent. Quatre étapes du projet de méthanisation ont pu être définies, avec à chaque fois des clés de réussite. Dans l’avant-projet, il faudra, par exemple, favoriser l’intelligence collective en multipliant les retours d’expérience. Lors du business plan, mieux vaut estimer et challenger les variables d’entrée du calculateur économique et simuler plusieurs scénarios. Lors de la construction, il faudra communiquer avec les parties prenantes,  participer aux réunions de chantier et négocier les retards. Enfin, pour la mise en route du projet, il serait opportun de prévoir une marge de sécurité sur le gisement.
Autre projet : les critères de performances des exploitations transformant et vendant elles-mêmes leur production. En viande bovine, par exemple, les motivations relevées sont de reprendre son indépendance, d’améliorer son revenu, de conserver des valeurs morales, de maîtriser au maximum son revenu, et de proposer un service de qualité. Des freins ressortent : la gestion de la sous-traitance ou encore la forte réglementation. Face à cela sont relevés des critères de performance non-économique (relationnel à la ferme, se sentir reconnu, savoir décompresser, prendre en compte l’animal) et des critères de performance économique (toujours comparer, maîtriser ses coûts…). «En règle général, les exploitations qui s’en sortent le mieux avec la vente de produits transformés sont celles qui ont une moindre dépendance aux prix des intrants agricoles», précise Sylvie Lupton.
Le souhait des chercheurs est de transmettre les résultats à l’usage des agriculteurs pour rendre leurs exploitations plus résilientes.

A. P.

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