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Agriculture : faut-il et peut-on encore entreprendre demain ?

Le 22 janvier, les Jeunes Agriculteurs de la Somme organisaient, à Amiens, une table ronde, lors de leur assemblée générale, sur le thème, «Demain, j’entreprends».

© AAP

En ces temps actuels où l’agriculture rime avec crise dans toutes les bouches et tous les esprits, il faut être fou pour investir, pourraient penser certains, ou… jeune, l’audace étant le propre de la jeunesse. Les JA de la Somme n’en manquent pas dans tous les cas, continuant à aider les jeunes dans leur installation - «le credo des JA», rappelle leur président, Armand Paruch - et les poussant à aller toujours de l’avant dans leurs projets. Un message porté haut et fort, puisque le thème de la table ronde de leur assemblée générale, vendredi dernier, était «Demain, j’entreprends», avec comme question de fond : doit-on être spectateur d’une agriculture qui s’appauvrit ou bien être acteur en entreprenant ?
Experts (Xavier Descamps, conseiller gestion Cerfrance 80 et Philippe Caron, directeur de la MFR de Flixecourt) et agriculteurs (Marc-Antoine Plé, céréalier et patatier à Tours-en-Vimeu, et Olivier Parcy, éleveur de charolaises à Fontaine-sur-Somme) s’accordaient d’entrée de jeu sur la nécessité d’entreprendre, «même si le contexte est très bousculé aujourd’hui et que les mauvaises nouvelles sont plus nombreuses que les bonnes», relevait Laurent Cottar, qui animait la table ronde.

Saisir les opportunités
Qu’est-ce qui peut pousser les jeunes à se lancer ? Poursuivre l’entreprise familiale, avoir sa propre affaire, ne pas être salarié, concrétiser des projets, être libre ou, plus simplement, gagner sa vie. Reste que pour entreprendre, «il faut avoir l’envie, être capable d’assumer les responsabilités qui en découlent, comme les difficultés qui se présenteront, s’assurer que le projet est viable, ne pas avoir peur de prendre des risques et savoir saisir les opportunités», explique Xavier Descamps, conseiller gestion Cerfrance 80.
Trois facteurs essentiels sont, selon lui, à prendre en compte pour passer de l’idée au projet : la volonté personnelle, autrement dit jusqu’où je veux et peux aller, les ressources (main-d’œuvre présente, compétence, associés, état des lieux de l’existant, ressources financières) et l’environnement (réseaux, contraintes administratives, subventions, voisinage, révolutions technologiques, clients, fournisseurs). Sans oublier de contrôler et ajuster son projet par rapport au prévisionnel établi préalablement.
«La chute n’est pas un échec, dit Philippe Caron, citant Socrate. L’échec, c’est de rester là où on est tombé.» Et le directeur de la MFR de Flixecourt d’insister sur la nécessité de savoir s’entourer quand on est porteur d’un projet, en s’appuyant sur les expériences des autres et les conseils prodigués par toutes les structures assurant l’accompagnement d’une installation. «Faire du réseau est indispensable, dit-il, comme passer par l’alternance pour pouvoir échanger les expériences.» C’est, en tout cas, ce que les MFR cherchent à inculquer aux jeunes pour les aider à trouver leurs capacités et à s’ouvrir aux autres.

Diversifier et valoriser la production
Marc-Antoine Plé, 21 ans, agriculteur à Tours-en-Vimeu, n’a pas hésité à aller voir ailleurs pour trouver comment diversifier et valoriser sa production. Salarié agricole sur l’exploitation de son père, l’activité «historique» tournait jusque-là autour des céréales et un peu de pomme de terre fécule. Avec sa sœur, également salariée de l’exploitation, ils ont décidé de se lancer dans la pomme de terre de consommation sur 60 ha. La première année, ils ont fait le choix de passer par des contrats pour vendre leur production au vu des prix élevés proposés. Mais comme ces prix n’ont pas été tenus, ils ont changé leur fusil d’épaule, décidant de reprendre la main et de transformer et valoriser eux-mêmes leur production.
Leur projet ? Faire des frites et les commercialiser. «Notre choix fait que l’on exerce du coup plusieurs métiers, celui de producteur, mais aussi ceux de transformateur et de commercial. Il ne faut pas avoir de se lancer», di Marc-Antoine. Le marché local est leur force, mais «c’est vrai que l’on y arrive aussi parce que nous sommes sur l’exploitation familiale», reconnaît le jeune agriculteur.
«Entreprendre, c’est tous les jours, enchaîne Olivier Parcy, 44 ans, éleveur de charolaises à Fontaine-sur-Somme. De toute façon, la vie est un éternel challenge.» Le dernier qu’il a décidé de relever avec d’autres producteurs de viande bovine est la création d’un micro-abattoir à Flixecourt. Un outil qui manque dans l’ouest de la Somme, et qui permettra de maîtriser la valorisation de la viande dans un circuit de proximité. Le projet initial, qui définissait un besoin à 800 tonnes de viande, a été revu à la baisse faute de candidats et de financement. «C’est vraiment difficile de fédérer», constate, amer, Olivier Parcy. Mais le projet n’est pas abandonné pour l’heure. L’objectif de tonnage a été défini entre 300 et 400 tonnes, et la recherche de partenariats se poursuit.
Entreprendre seul ou en groupe n’est, dans tous les cas, jamais un long fleuve tranquille. Il n’empêche. «Les jeunes sont beaucoup plus porteurs de leur projet et du prévisionnel qu’il y a dix ans, note Xavier Descamps. Ils n’hésitent pas non plus à innover. Depuis cinq ou six ans, des projets nouveaux ont vu le jour sur la transformation des céréales, le lait, notamment depuis la disparition des quotas, le miel, le maraîchage, etc., autant de projets moins dépendants des prix mondiaux…»

Le nouveau conseil d’administration des JA 80

- Liste départementale : Edouard Brunet, Guillaume Clop, Armand Paruch, Quentin Thibaut, Elie Vermersch

- Arrondissement d’Abbeville : Florine Marquant, Mathieu Pégard, Louis Poupart, Quentin Tondellier
- Arrondissement d’Amiens Sud : Cédric Sannier, Paul Sannier, Pierre Standaert, Nandor Triboulet
- Arrondissement d’Amiens Nord : Arnaud Laloux, Bruno Macron, Nicolas Patte, Thomas Sevin
- Arrondissement de Péronne : Henri Delafortrie, Florian Delplanque, Pierre Legrand, Fabien Tardieux
- Administrateurs stagiaires : Charles Boxoen, Xavier Brohart, Marie d’Halescourt, Adrien Gaudefroy, Mathieu Renaud, Aude Sorel.

«Le combat est loin d’être fini»

Avec plus de cinq cents mobilisations en 2015, force est de constater que «l’année a été intense», relève Florent Dornier, secrétaire général des JA. Si des mesures ont été prises par le gouvernement, essentiellement «conjoncturelles», «le combat est loin d’être fini», selon lui. Mais d’inviter les jeunes à ne pas faire n’importe quoi dans les manifestations qui vont surgir de partout sous peu.
«Aux JA, quatre axes ont été définis pour 2016 : la coopération entre nos outils et le syndicalisme jeune ; la contractualisation tripartite (producteurs, transformateurs et distributeurs) ; la massification de l’offre (être capable de reprendre la main sur l’offre) ; le développement de la valeur ajoutée», énonce le secrétaire général. Dans tous ces axes, le travail ne pourra se faire que collectivement. «Nous devons avoir un vrai projet de territoire. Il va falloir se remettre autour de la table et travailler ensemble», conclut-il.

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