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Betteraves : quelles perspectives ?

Malgré une nouvelle année difficile, la CGB Somme invitait ses planteurs à des réunions d’information, début janvier, pour «discuter du maintien de la compétitivité, et de la dynamique de progrès dans laquelle il faut s’inscrire».

Tereos, Cristal Union et Saint Louis Sucre ont fait quelques annonces à leurs planteurs concernant les prix des betteraves.
Tereos, Cristal Union et Saint Louis Sucre ont fait quelques annonces à leurs planteurs concernant les prix des betteraves.
© J.-C. Gutner



Des rendements meilleurs que ce qui avait été prévu, ouf ! Voilà un peu de baume au cœur pour les planteurs samariens, qui en ont bien besoin. «Nous avions peur que les betteraves aient trop souffert de la sécheresse. Mais la pluviométrie automnale très importante, surtout sur la zone littorale, a rattrapé le coup», annonce Emmanuel Pigeon, directeur de la CGB Hauts-de-France, lors des réunions d’hiver du syndicat betteravier. Les campagnes allongées, depuis la suppression des quotas, sont désormais bien gérées grâce notamment au bâchage des silos, qui permettent d’éviter le gel et de gagner en efficacité de déterrage. «Le bâchage mécanisé est un vrai confort pour vous, planteurs, mais il représente un coût, prévient Emmanuel Pigeon. Alors, attention à ce qu’il soit bien réalisé, avec une bâche qui descend le plus bas possible. Le débâchage, lui, doit être réalisé au plus près de l’enlèvement.»
Les enlèvements, justement, posent visiblement problème chez Saint Louis Sucre. Alors que l’usine Cristal Union, à Sainte-Émilie, a terminé sa campagne le 5 janvier, que celle de Tereos, à Boiry, a terminé le 17 janvier, et qu’Attin devrait traiter ses dernières betteraves le 31 janvier, la sucrerie SLS de Roye cumule les retards. Les sucreries d’Eppeville et de Cagny (14) sont à l’arrêt. Toutes les betteraves sont donc acheminées à Roye, mais la liste d’attente s’allonge. «Mes betteraves ont été arrachées le 22 novembre, elles sont toujours en silo dans mon champ», assurait un agriculteur, ce 17 janvier. Le risque de dégradation des racines est donc important.
Quelle est la situation générale des betteraves traitées jusqu’alors pour l’ensemble du département ?
«Le rendement effectif s’élève à 74,3 t/ha, contre 71,6 t/ha en 2018 mais 79,1 t/ha en 2017», précise la CGB Somme. La richesse s’élève à 18 %, soit beaucoup moins bien que l’année dernière (18,29 %). «C’était en fait très hétérogène selon les zones.» Au final, le rendement s’élève à 87 t à 16° (contre 88 t à 16° l’année dernière, et 94,9 t à 16° en 2017). «C’est un peu décevant, et sous la moyenne cinq ans.» Du fait des conditions climatiques pluvieuses, la tare terre s’élève à 12,20 %. Vingt-cinq et trente-cinq silos de betteraves avec pétioles, enfin, ont été respectivement constatés dans les secteurs d’Eppeville et de Roye. «Ce phénomène est lié aux petites betteraves, difficiles à arracher.»

Quelques conseils techniques
Une campagne en cache une autre, et des choix sont déjà à faire pour les semis. Première étape : choisir une variété adaptée. «Il faut tenir compte du risque sanitaire de la parcelle (nématodes, rhizoctone brun…), du risque agronomique (type de sol, date d’arrachage…), et privilégier les variétés confirmées», conseille Yohan Debeauvais, délégué à l’ITB Somme. Pour limiter le parasitisme, le sol doit être bien rappuyé, et, si besoin, complété d’un traitement de semences Force 8 g, voire Force 8 g + Force 1,5 g à autre de 7 kg/ha s’il y a une forte pression. Ensuite, la surveillance des pucerons est à prendre au sérieux. «Notre OAD alerte pucerons est d’une aide précieuse. Les pucerons verts, surtout, vecteurs de jaunisse, causent des dégâts.» L’une des clés de réussite est l’intervention au bon moment. Seuls le Tepekki (une application à partir de 6 feuilles) et le Movento (probablement autorisé en 2020) sont efficaces.

Un plan de filière pour sécuriser
Des difficultés agronomiques palpables, une deuxième année de prix bas, des fermetures d’usines… Les planteurs de betteraves cumulent les déconvenues, la CGB en est consciente. Pour autant, pas question de baisser les bras et de ne pas croire en un avenir meilleur. «La compétitivité betteravière au sein de l’Europe est bonne, mais elle est faussée par des distorsions de concurrence, analyse Nicolas Rialland, directeur des affaires publiques et de l’environnement à la CGB. Les aides couplées offrent 4 à 5 E/t de plus aux planteurs polonais, par exemple, et des dérogations pour les néonicotinoïdes ont été acceptées dans treize pays producteurs sur seize.» Autre remarque : la compétitivité industrielle et agricole nécessite d’être améliorée.
Pour cela, la CGB a mis en place un plan de filière : trois objectifs (poursuivre le développement pour les dix ans à venir, investir et innover, et mobiliser toutes les ressources financières dans des partenariats territoriaux), cinquante-deux actions, réparties en cinq axes. Ces axes concernent l’industrie, la diversification des marchés, les échanges internationaux, l’image et l’amont agricole. Ce dernier axe concerne directement les agriculteurs. «Il va s’agir d’innover dans la lutte contre les bio-agresseurs et le désherbage, par exemples, ou encore de valoriser les services environnementaux, d’accroître la résilience des exploitations, d’investir, de transmettre…», précise Nicolas Rialland.
La filière a des raisons d’y croire : «Les marchés de l’éthanol, des pays tiers et de l’Europe montrent de vrais signes de reprise. La filière seule du bioéthanol, avec 14,3 Mhl consommés en 2021 contre 8,1 Mhl il y a quatre ans, est en pleine expansion. En résulte une demande supplémentaire de 750 000 t de betteraves chaque année.» Dominique Fievez, président de la CGB Somme, ajoute qu’il «est temps de mettre en place des notions concrètes pour amortir les coûts lors des années basses». Le plan de filière doit être mis en œuvre dès ce début d’année.



Les groupes annoncent leurs prix


Les groupes ont fait des annonces à leurs planteurs quant aux prix des betteraves. Chez Tereos, le prix d’acompte pour la campagne en cours est de 20 €/t à 16°, pulpes incluses. Ceci laisse donc la possibilité d’un complément. La question qui se pose est celle de la compensation pour les betteraves excédentaires. Est-ce la dernière année de compensation ? Jusqu’ici, le prix excédentaire est le même que le prix d’acompte sous les 4 % de betteraves excédentaires. Si ce volume dépasse les 4 %, le prix est alors réduit à 55 % du prix d’acompte. Autre mesure : le planteur peut recevoir 0,40 €/t de primes si le tonnage engagé est livré pour un emballement à 100 %. En revanche, en cas de non-respect des engagements, il sera sanctionné d’une pénalité comprise entre 2 et 20 €/t de betteraves manquantes. Pour 2020, aucun prix n’a été communiqué.
Chez Cristal Union, pour la récolte en cours, le prix de base des betteraves contractées est fixé à 22 €/t à 16° pulpes incluses. Les betteraves excédentaires, livrées dans la limite de 5 % du total contracté, bénéficient du prix de base de 22 €/t à 16 °. Pour la récolte 2020, le prix de base des betteraves (BCR+BCC) est annoncé à 23 €/t à 16° pulpes incluses, et celui des betteraves contractées additionnelles (BCA 2020) à 22 €/t à 16°. À cela, s’ajoute une prime d’activité de 2 €/t à 16°, versée sur les betteraves livrées dans la tranche comprise entre 75 % et 100 % du total contracté. Les betteraves excédentaires, livrées dans la limite de 5 % du total contracté, bénéficieront du prix de base de 23 €/t à 16 °.
Pour Saint Louis Sucre, les éléments de paiement 2019 restent les mêmes qu’en 2018. Mais le groupe a édité un nouveau contrat pour «donner aux planteurs davantage de visibilité». Pour les sucres vendus à moins de 420 €/t sur une année commerciale, le contrat est basé sur un prix garanti de 23,92 €/t à 16° (betteraves entières), pulpes, primes et indemnités incluses (soit 25,70 €/t à 16° en forfait collet) pour 70 % des betteraves contractées et livrées. Pour les 30 % restantes, le prix d’achat est corrélé à une grille de référence sucre SZ4 (une grille interne au groupe, qui prend en considération les performances commerciales des quatre filiales du groupe Südzucker en Allemagne, en Pologne, en Belgique et en France, tous marchés confondus). Qu’en est-il cependant des dizaines de planteurs initialement chez Saint Louis Sucre qui se retrouvent sans contrat ? Les coopératives Tereos et Cristal Union leur proposent de les rejoindre, avec des modalités d’adhésion propres à chacune.

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