Aller au contenu principal

Blé tendre : une récolte insuffisante pour une reconquête des marchés

Selon Agritel, bien que la qualité du blé tendre devrait être au rendez-vous, la quantité récoltée ne devrait pas permettre à la France de repartir à la conquête de nouveaux débouchés à l’exportation. De plus, la hausse des prix du blé risque de ne pas suffire à rétablir la situation des exploitations.

Si les volumes de blé tendre français risquent de rester faibles, les exportations en valeur pourraient bondir de 11 %, passant de 2,85 milliards d’euros à 3,2 milliards d’euros.
Si les volumes de blé tendre français risquent de rester faibles, les exportations en valeur pourraient bondir de 11 %, passant de 2,85 milliards d’euros à 3,2 milliards d’euros.
© © Swalof Weibull



L’entreprise experte des marchés agricoles, Agritel, a donné ses prévisions pour la récolte du blé. La production française totale de blé tendre devrait s’élever à environ 34,17 millions de tonnes (Mt) en 2018, selon ses estimations. Ce chiffre est en baisse par rapport à celui de la campagne précédente, qui s’élevait à 36,6 Mt. Ce repli s’explique, en partie, par le recul des surfaces, les prix bas ayant pu faire diminuer l’intérêt des producteurs pour la céréale.
Le rendement du blé devrait aussi être source de déception, le rendement moyen national serait autour de 69,18 quintaux/hectare, soit un retrait de - 6,67 % par rapport à la moyenne olympique sur cinq ans. La baisse du rendement s’observe particulièrement sur les territoires qui ont subi un excès d’eau au printemps, ce serait davantage ce facteur plutôt que les températures élevées qui serait en cause dans cette chute des rendements.
«Si la moisson est décevante en volume, elle est d’excellente qualité, ce qui devrait permettre de répondre aux cahiers des charges des importateurs les plus exigeants», souligne cependant Michel Portier, le directeur général d’Agritel. Les taux de protéines seraient aux alentours de 12 %, pour la troisième année de suite, les poids spécifiques devraient être supérieurs à la norme, et le blé ne semble pas avoir connu de problème de temps de chute d’Hagberg. Les résultats ne sont cependant pas homogènes sur toute la France.
Cette bonne qualité ne suffira pas toutefois à partir à la conquête de marchés à l’exportation, en raison du manque de quantités disponibles. La France n’est pas le seul pays européen en difficulté sur les volumes. Les pays du Nord et de l’Est de l’Europe ont subi un rude déficit hydrique. La Suède a, par exemple, connu sa pire sécheresse depuis soixante-quinze ans. La récolte européenne devrait s’afficher en baisse, à 136,6 Mt tous blés confondus, soit 15 Mt de moins qu’en 2017, son plus bas niveau depuis 2012.

La hausse des cours compense à peine les faibles rendements
Les autres principaux exportateurs risquent de vivre la même déception. La Russie, qui a connu une campagne 2017 record avec 85 Mt de blé tendre, devrait voir sa production baisser de 15 % en 2018, pour atteindre seulement 67,4 Mt. Ce repli est dû à la faible pluviométrie dans le sud du pays entre les mois d’avril et de juin, là où se localise la majorité de la production, mais aussi aux fortes pluies qui ont perturbé les semis en Sibérie. L’Ukraine a aussi été victime du déficit hydrique. Les trois pays de la mer Noire (la Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan), risquent donc de voir leurs disponibilités en repli. Les exportations de la zone devraient donc baisser de 10 Mt, selon les estimations d’Agritel. «Il s’agit d’une grosse baisse, mais la production reste élevée. Les marchés mondiaux risquent tout de même d’avoir du mal à se passer de ce volume», explique Alexandre Boy, analyste chez Agritel.
En Australie, même si la récolte n’aura pas lieu avant plusieurs mois, l’Est du pays est déjà très marqué par le manque d’eau. La production pourrait donc être en dessous du niveau de 2017. Au Canada, le ministère de l’Agriculture est pessimiste, et espère faire à peine mieux que le bas niveau de l’année précédente. Le manque d’eau pourrait se faire sentir sur les rendements. La production des Etats-Unis devrait, elle aussi, rester en dessous de la moyenne des dix dernières années. Ceci s’explique, notamment, par la faible rentabilité du blé par rapport au maïs et au soja. Ils bénéficient cependant de stocks particulièrement élevés. Seule l’Argentine tire son épingle du jeu et pourrait atteindre les 20 Mt.
Pour la France, les exportations intra-européennes devraient être élevées, en raison de la baisse de production des pays du Nord de l’Union européenne, qui pourrait inciter les acheteurs européens à solliciter les volumes français. Les disponibilités étant faibles, la France devrait donc se concentrer sur ses clients historiques : l’Algérie, l’Afrique de l’Ouest, le Maroc et Cuba. Si les volumes risquent de rester faibles, les exportations en valeur pourraient bondir de 11 %, passant de 2,85 milliards d’euros à 3,2 milliards d’euros.
Face au manque de disponibilité mondiale et aux faibles stocks, le cours du blé pourrait en effet augmenter. Le prix du blé a augmenté d’environ 26 % depuis le 1er mai. Cette hausse risque de ne pas profiter énormément aux producteurs, une partie des récoltes ayant été vendue avant la montée des cours. Le prix moyen touché par les producteurs pourrait être compris seulement entre 170 et 175 Ä/t. De plus, les faibles rendements ne permettront pas de diluer les coûts de production, qui seront ainsi en forte hausse. «Les trésoreries pourraient s’améliorer un peu, mais cela ne comblera pas les dettes contractées après la récolte de 2016. La situation va rester compliquée dans les exploitations de grandes cultures», analyse Michel Portier.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Chaque année, environ 10 % des fermes du département de la Somme font  l’objet d’un contrôle administratif, ce qui apparait relativement faible selon  l’administration départementale.
«Trop» de contrôles chez les agriculteurs ? La DDTM répond

Lors de la session de la Chambre départementale d’agriculture de la Somme du 19 mars dernier, l’administration départementale…

Présentation des Prim'holstein.
Les vaches Prim’holstein, les stars de la Foire agricole de Montdidier

Le lundi 1er avril avait lieu la traditionnelle Foire agricole de Montdidier, avec de nombreux exposants. Parmi les…

Le retard pris dans les semis inquiète la CGB comme l’Institut technique de la betterave (ITB) avec un risque «jaunisse»  fort cette année.
Des premiers semis de betteraves sous un ciel nuageux

C’est toujours dans l’attente d’un contingentement des volumes de sucre importé d’Ukraine et de l’autorisation de certaines…

Vincent Verschuere conflit de voisinage loi
La loi sur les troubles de voisinage adoptée

L’Assemblée nationale a adopté le 8 avril en dernière lecture la proposition de loi portée par la députée Nicole Le Peih, (…

Les solutions de désherbage pour les champs de racines d’endives n’en finissent pas de focaliser l’attention des endiviers.
Pour les endiviers, se passer de Bonalan et Safari «va demander du temps»

L’assemblée générale de l’Association des producteurs d’endives de France (Apef) le 4 avril s’est focalisée sur les solutions…

Le concours départemental de la race holstein reste l’un des temps forts de la Foire agricole de Montdidier.
Concours, démos et omelette géante pour la 31e foire agricole de Montdidier

Ce lundi 1er avril est organisée la foire de Montdidier. Attirant jusqu’à 30 000 visiteurs, les agriculteurs…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde