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Cambodge – France : des cultures agricoles à mille lieux l’une de l’autre

Comment les agriculteurs français travaillent-ils en commun ? Comment les jeunes sont-ils aidés ? Telles étaient les questions d’agriculteurs cambodgiens en visite dans nos terres, avec l’Afdi.

Om Pheap, Vanna Soeung et An Chankomar (de g. à dr.) ont, entre autres, visité le poulailler des Bertrandie, à Dury.
Om Pheap, Vanna Soeung et An Chankomar (de g. à dr.) ont, entre autres, visité le poulailler des Bertrandie, à Dury.
© Afdi


10 000 km séparent un jeune agriculteur des Hauts-de-France de son homologue cambodgien. Mais plus que des kilomètres, toute une manière de travailler et de vivre est en réalité bien différente. C’est dans ce cadre que Soeung,  agriculteur de trente-quatre ans de la province de Takeo, au sud du pays, et des responsables de sa coopérative locale, sont venus en France la semaine dernière, avec une escale dans notre région organisée par l’Afdi (Agriculteurs français et développement international) Hauts-de-France. «Nous voulions découvrir les exploitations françaises et les structures de coopération, explique An Chankomar, salarié d’une coopérative cambodgienne. Nous sommes curieux de la manière de travailler en commun et de commercialiser, car les agriculteurs cambodgiens sont encore très individualistes. L’installation des jeunes, surtout, est une de nos problématiques.»
Au programme, dans la région : rencontre avec les coopératives CapSeine et Noriap, visite de l’élevage de volailles des Bertrandie à Dury, de l’exploitation laitière des Watelle, à Doulieu, du magasin «com à la ferme» à Fournes-en-Weppes… Et la surprise était au rendez-vous. «Ici, les exploitations sont de vraies entreprises, différentes de l’agriculture familiale que nous connaissons. Elles sont très mécanisées et le système de coopérative est abouti. Chez nous, on cultive d’abord pour se nourrir avant de penser aux bénéfices…»

50 ares pour deux associés
Vanna est en fait à la tête d’une ferme de 50 ares, dont la principale activité est l’élevage de poulets, vendus aux négoces. Il s’est récemment diversifié avec un élevage de poissons chats, grâce à un bassin de 200 m2, en vente directe. Cette dernière activité a permis à sa femme de quitter l’usine pour s’installer à l’exploitation elle aussi. La culture du riz et de légumes servent exclusivement à la consommation personnelle. «Vanna s’est installé grâce à une formation que nous avons mise en place, explique Coma. Mais c’est une petite réussite face à l’ampleur de nos lacunes.» Car au Cambodge, l’accès à une formation technique qui correspond aux besoins reste très difficile. Quand aux subventions, «l’Etat aide très peu et les banques privées affichent des taux d’intérêts très élevés.»
Une problématique semble pour autant commune aux pays si éloignés : «comme chez nous, où nous connaissons un fort exode rural, nous avons remarqué qu’il était difficile d’inciter les jeunes à travailler dans le milieu agricole et à s’engager dans des coopératives. Nous pensons pourtant que le travail en commun est une solution pour pérenniser et développer les exploitations.» Ne reste plus qu’à adapter à leur contexte les clés que les cambodgiens ont pu trouver en France, avec l’aide précieuse de l’Afdi.

Objectif découverte de l’agriculture malgache

ENSEIGNEMENT

Des élèves de la MFR de Villers-Bocage travaillent avec l’Afdi et souhaitent se rendre à Madagascar pour découvrir l’(agri)culture locale.


Une école, la sécurité sociale, un réfrigérateur bien rempli…
Onze élèves de bac pro CGEA (conduite et gestion de l’entreprise agricole) de la MFR de Villers-Bocage ne se rendaient pas compte de la chance qu’ils ont d’habiter en France. «Alors nous les avons poussés à s’investir dans un projet qui leur permet d’ouvrir les yeux sur la réalité et sur leur propre condition», expliquent leurs professeurs, Katia Senée et Madame Cambre.
Et le projet est de taille : «Nous voulons partir en voyage de solidarité à Madagascar à la fin de l’année prochaine», expliquent les élèves. Ceux-ci disposent de dix-huit mois pour récolter les 27 500 Ä indispensables à la réalisation de l’aventure. Et pour l’instant, 3 500 Ä sont rentrés dans la cagnotte. La classe se retrousse les manches pour récolter les fonds : vente de chocolat équitable, tombola bouchons, tours de poney, soirée malgache avec pièce de théâtre…
Ce qu’ils feront sur place ? «Nous mettrons la main à la patte», assurent-ils. Les cultures de cacao, de riz et de pommes de terre de l’île située au large de la côte sud-est de l’Afrique nécessitent en effet une main d’œuvre colossale. Pour les élèves, ce sera aussi l’occasion de découvrir une autre culture, les richesses et les ressources du pays. Des interventions régulières avec l’Afdi leur permettent de s’imprégner progressivement de la vie à Madagascar. «L’eau très abondante à la saison des pluies cause des phénomènes d’érosion destructeurs pour les cultures. La biodiversité est aussi en danger, à cause de la destruction de la forêt primaire.»

«On a découvert ce qu’était la faim»
Temps fort : un représentant malgache est venu témoigner à Villers-Bocage. «On a découvert ce qu’était la faim, confie Justine. Ca nous a beaucoup marqué. On s’est surtout rendu compte de l’énorme gaspillage que nous faisions.» Depuis, les parents sont priés d’acheter des produits locaux, avec moins d’emballages. «Ils sont en train de se rendre compte qu’ils sont acteurs de ce qu’il se passe dans le monde. Que leur manière de consommer a un réel impact», se félicite Katia Senée, leur professeur.
A.P.

Le 17 juin, les élèves organisent une journée cochon grillé et tournoi de pétanque à Démuin. Contact : MFR de Villers-Bocage au 03 22 93 70 04.

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