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Canal Seine-Nord Europe : cette année ou jamais

Le 4 avril, au cours de la séance de contrôle du gouvernement sur le financement des grandes infrastructures, Stéphane Demilly, député de la Somme, a interpellé ce dernier. L’occasion de faire le point sur le sujet.

Stéphane Demilly : «L’accouchement est difficile et traîne en longueur. Ce qui est sûr, c’est que l’année en cours sera déterminante.»
Stéphane Demilly : «L’accouchement est difficile et traîne en longueur. Ce qui est sûr, c’est que l’année en cours sera déterminante.»
© F. G.

L’Etat a-t-il confirmé son financement d’un milliard pour le canal Seine-Nord Europe ?
Si l’on se fie aux mots, on peut considérer que les choses se présentent bien. Si on met les mots en perspective au vu de ce qui s’est passé ces dernières années, on peut en douter. Force est de constater que nous avons déjà eu, par le passé, des annonces positives qui se sont soldées, au final, par rien ou si peu, telle la pose de la première pierre du canal par le président Sarkozy. Au rythme d’une pierre posée tous les dix ans, le canal sortira de terre en 2650.

Benoît Poirson, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, vous a répondu qu’il fallait que les échanges avec les collectivités se poursuivent pour consolider le plan de financement du projet. Est-ce à dire que ce plan n’est pas consolidé ?
Le plan est pourtant calé. La vraie question, c’est le milliard d’euros de l’Etat, que ce dernier ne met plus sur la table avec un chèque direct, comme prévu initialement, mais avec des taxes nationales à assiette locale affectées à la Société de projet du canal Seine-Nord Europe.

La question des taxes nationales à assiette locale a-t-elle été tranchée ?
On ne sait absolument rien à ce sujet. Des pistes ont certes été évoquées telles que la taxe sur les bâtiments à vocation logistique en bordure du canal ou une écotaxe. Dans tous les cas, nous ne souhaitons pas que la taxe qui sera retenue vienne handicaper l’attractivité de notre territoire des Hauts-de-France. Nous serons donc très vigilants sur ce sujet.

Est-ce que le report du futur projet de loi Mobilités, en septembre prochain, est une mauvaise nouvelle en soi ?
Ce n’est pas, en effet, une bonne nouvelle, mais je forme le vœu que ce temps soit mis à profit pour lever les derniers points en discussion entre l’Etat et les collectivités et finaliser un accord global. Une fois cela dit, nous ne sommes plus à un mois près. Et si nous avons de bonnes nouvelles, nous sommes prêts à attendre trois mois de plus. Le point le plus important pour moi - et la seule véritable attente que nous ayons - est que l’Etat confirme son engagement d’un milliard d’euros.

Vous avez demandé, députés et sénateurs du groupe «Députés du canal» d’être reçus par le président de la République. Quelle est sa réponse ?
Nous avons envoyé cette lettre il y a moins d’un mois. Autrement dit, il est trop tôt pour avoir une réponse. Nous espérons une réponse avant cet été. Si nous nous adressons à lui, c’est parce qu’il suffit qu’il dise banco pour que le projet se fasse.
Notre lettre a été cosignée par près de quatre-vingt parlementaires. Ce n’est pas rien. La demande ne peut pas passer inaperçue et être ignorée. Dans tous les cas, il est hors de question que l’on nous endorme sur ce dossier. Nous irons jusqu’au bout.

Avec le président de Région, vous avez rencontré le 15 mars dernier des représentants de la Commission européenne pour évoquer le canal. Est-ce que l’apport financier de l’Europe, soit deux milliards d’euros, est toujours garanti ?
Notre inquiétude était de perdre ce financement, une fois la date limite dépassée. De son côté, la Commission européenne était inquiète au vu des déclarations des uns et des autres sur le canal Seine-Nord Europe. Cet échange informel a permis de lever les inquiétudes de part et d’autre. Les fonctionnaires de la Commission européenne ont été rassurés sur l’avancée du projet. Quant à nous, le stress provoqué par la perte possible de la subvention, une fois la date passée, s’est dissipé. Le couperet de la Commission européenne par rapport à une date limite ne sera pas, pour l’heure, actionné.

Concrètement, que se passe-t-il aujourd’hui autour de ce projet ?
Les choses avancent sur le terrain. Les études d’avant-projet ont été lancées pour étudier les possibilités d’aménagement. La société de projet, dont le siège est à Compiègne, travaille avec les intercommunalités pour dessiner le canal. Les acquisitions foncières, qui porteront sur environ 2 000 ha, sont également en cours. Des réserves sont faites un peu partout et les Départements ont lancé des enquêtes parcellaires. Des entreprises, intéressées par le projet du canal (Noriap et Nigay, par exemple, dans la Somme, ndlr), prennent aussi contact.

Pensez-vous relancer des mobilisations sur le terrain pour vous faire entendre ?
Non, ce n’est pas prévu pour le moment. Pour l’heure, nous sommes dans des phases constructiveis. Nous essayons d’avancer, mais rien n’est exclu.

N’avez-vous pas la sensation que le canal est devenu tout de même une sorte d’Arlésienne au fur et à mesure des années ?
Ce sera le qualificatif qu’on pourra lui attribuer quand tout le monde aura plié les gaules et qu’il n’y aura plus d’espoir. Nous continuerons à nous battre. D’ailleurs, depuis le temps, nous sommes devenus de bons réanimateurs cardiaques. Nous avons fait beaucoup de stages pour que le dossier ne finisse pas dans les tiroirs du gouvernement. Mais force est de constater que l’accouchement est difficile et traîne en longueur. Ce qui est sûr, c’est que l’année en cours sera déterminante. Je dirais même, c’est cette année ou jamais.

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