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Climat sec et froid : impact sur les céréales à paille

Depuis le début du mois d’avril, la France connaît des conditions climatiques sèches, ensoleillées et plutôt fraîches, faisant suite à un hiver doux et sec. Cela se traduit par des cultures peu altérées par l’hiver, qui présentent des niveaux de précocité proches ou légèrement en avance par rapport à la moyenne pluriannuelle, marqués par une forte hétérogénéité de stades interparcellaires.

Pluie du 15 mars au 22 avril 2019 - écart à la moyenne vingt ans.
Pluie du 15 mars au 22 avril 2019 - écart à la moyenne vingt ans.
© Arvalis



Les conditions hivernales douces ont conduit à des rattrapages (moitié Nord) ou des avances de stade (Sud-Ouest et Ouest) pour de nombreuses parcelles. Cependant, l’avance phénologique cumulée pendant l’hiver a été quelque peu freinée par des épisodes de froid en mars et, plus récemment, en avril. Les températures minimales faibles semblent avoir pesé significativement sur le développement des cultures au cours des dernières semaines.
Plus localement, la sécheresse peut également avoir un effet de frein sur les cultures. Au global, à l’exception du pourtour méditerranéen où les semis ont été réalisés très tardivement, en dehors des plages préconisées, les prévisions de stades dernière feuille pointante sont en moyenne trois jours en avance par rapport à un référentiel pluriannuel.

Ne pas se fier à l’apparence des plantes
Il est néanmoins important de ne pas se laisser tromper par certains signes extérieurs de ralentissement phénologique. La sécheresse, tout comme des conditions fortement ensoleillées, peuvent induire de faibles élongations foliaires et allongements des entrenœuds. Ceci laisse penser que la culture ne progresse pas, alors que le développement de l’épi et la sortie des feuilles se déroulent discrètement. Il est donc important de juger du stade de la culture, non pas par l’allongement des tiges, mais par les sorties de feuilles, et notamment la sortie de la dernière feuille (F1 définitive).
Les conditions actuelles (forts rayonnements, fortes amplitudes thermiques jour/nuit, et stress hydriques et/ou azotés) vont probablement conduire à des plantes courtes. Quel impact des faibles cumuls de pluies sur la croissance des plantes ? Les cumuls de pluie ont été faibles depuis la mi-mars, et cette séquence sèche intervient alors que l’hiver avait été modérément sec. Certains secteurs souffrent, par conséquent, déjà du manque d’eau.
Au Nord, les cultures sont moins avancées, mais l’absence de pluie a pu coïncider avec les périodes d’apport d’engrais, conduisant à des carences azotées induites. Seules les parcelles les plus superficielles vont véritablement souffrir déjà de stress hydrique, mais les défauts d’absorption d’azote peuvent concerner un nombre plus large de parcelles.
La contrepartie de ce manque de pluie est un niveau élevé de rayonnement sur la période 15 mars - 15 avril, niveau atteint en général qu’une année sur cinq. Ces forts rayonnements pourraient être favorables à une photosynthèse élevée, s’ils n’étaient pas associés à des stress hydriques ou azotés, et surtout à des périodes froides qui peuvent limiter le métabolisme en matinée. Dans ce contexte de forts rayonnements associés à des températures basses, ainsi que de manques d’eau et d’azote, l’apparition de taches physiologiques (causées par des stress oxydatifs) est possible sur feuilles. Entre le 10 et le 15 avril, les températures nocturnes ont fortement chuté en lien avec des éclaircies nocturnes. Des températures aussi basses que - 5°C, voire - 7 ou - 9°C ont été relevées dans un triangle englobant la Normandie, l’Auvergne et la Lorraine.

Un risque de gel plutôt localisé
Les gelées sont intervenues plusieurs jours de suite, mais le pic de froid n’a duré en général que quelques heures en fin de nuit. Pour des cultures en cours de montaison, il est possible que des dégâts apparaissent localement, notamment en fonction du microrelief (coulées d’air froid s’accumulant dans les thalwegs et près des bois et haies).
En comparaison de 2017, les gelées sont de même intensité, mais interviennent environ une semaine plus tôt, sur des cultures un peu moins avancées, dans des conditions légèrement plus sèches et après une période globalement plus froide. Il est donc probable que les dégâts soient moindres qu’il y a deux ans, mais on ne peut pas exclure des dégâts ponctuels. S’il est nécessaire d’établir des diagnostics, il est préférable de se focaliser sur les zones où les coulées d’air froid peuvent stagner, d’attendre la fin de semaine et le redoux pour permettre aux plantes de redémarrer significativement et, éventuellement, d’extérioriser des symptômes, d’observer l’épi et la F1 du maître-brin. Si des nécroses apparaissent, les tissus ont été endommagés par le gel.
Dans l’hypothèse où des dégâts de gel seraient présents, il est nécessaire de les remettre en face des capacités de compensation des céréales à paille : la destruction du maître-brin peut être compensée par le maintien ou la reprise de talles. Cependant, les conditions de stress hydrique et/ou azoté, qui touchent certaines parcelles, pourraient limiter ces opportunités de compensation.

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