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Le résultat de la Ferme France poursuit son redressement

Marquée par la sécheresse estivale et les inquiétudes sur les conditions météorologiques, l’année 2018 verrait le résultat net agricole poursuivre son redressement, selon les comptes nationaux prévisionnels de l’agriculture.

Toutes les productions végétales ont diminué en volume : les céréales, avec 62,5 Mt en 2018, étaient en  baisse de 8,8 % par rapport à 2017.
Toutes les productions végétales ont diminué en volume : les céréales, avec 62,5 Mt en 2018, étaient en baisse de 8,8 % par rapport à 2017.
© Alix Penichou



Les résultats des agriculteurs français poursuivent leur redressement en 2018. D’après les statistiques prévisionnelles de l’Insee publiées par la Commission des comptes de l’agriculture de la Nation (CCAN) le 18 décembre, le résultat net par actif agricole non salarié (exploitant et coexploitant) progresserait de 18,3 % après une hausse de 25,4 % en 2017 et surtout une exceptionnelle baisse de 21,5 % en 2016, lié à une récolte de grains catastrophique.
A l’échelle de la ferme France, «ce résultat disponible pour les chefs d’exploitation, pour se rémunérer et investir, est de 16,8 milliards d’euros» (+15,7%), calcule Didier Caraes, économiste pour les chambres d’agriculture. Cette hausse reste «raisonnable et s’inscrit dans un contexte de forte instabilité du revenu agricole».

La valeur ajoutée en hausse
L’équivalent agricole du PIB, la valeur ajoutée au coût des facteurs en termes réels (incluant les aides et subventions et en tenant compte de l’inflation) progresserait moins vite, selon les prévisions de l’Insee. Il est en hausse de 6,7 % par actif en 2018 et s’établirait à 32,1 milliards d’euros contre 29,5 milliards d’euros en 2017.
L’évolution de ces deux indicateurs, la valeur ajoutée et le résultat net, s’explique par le fait que la hausse de la valeur de la production a été plus importante que celle des consommations intermédiaires (alimentation animale, phytos, engrais...) cette année.
D’un côté, la valeur de la production, hors subvention, de la branche agricole progresserait de 4,7 % à 75,2 milliards d’euros, tirée principalement par le vin et les céréales. De l’autre, après quatre années de baisse, les consommations intermédiaires progresseraient de 1,7 % en valeur à 44,2 milliards d’euros. «Une légère augmentation des volumes (de consommations intermédiaires, ndlr) se conjuguant à celle des prix», déchiffre le CCAN.

Energie coûteuse, charges en hausse
Côté consommations intermédiaires, l’accroissement des volumes est principalement le fait de l’augmentation des achats d’engrais (+ 4,9 % en volumes avec une stabilité des prix). «Il s’agit d’un retour à la normale, après une sous-utilisation ces dernières années», interprète Didier Caraes. La hausse des prix est, elle, tirée par le prix de l’énergie : + 13,7 % en un an. «Le prix du gazole non routier s’envole de 21,4 %, celui du GPL de 20,5 % et celui du gazole routier de 16,5 %», illustre le CCAN. Ce qui pèse lourdement sur les charges.
Les impôts sur la production sont en hausse de 1,6 % du fait de la progression des impôts fonciers, tandis que les subventions sont annoncées en retrait de 2,4 % sur un an, à 7,8 milliards d’euros. «Cette baisse résulte essentiellement de la diminution des aides du premier pilier de la Pac», éclaircit la CCAN.
Malgré la progression des charges et la baisse des subventions, l’augmentation de la valeur de la production permettrait une croissance du résultat de l’agriculture française. Mais ce bon résultat global cache des disparités assez nettes entre les productions. D’un côté, des productions végétales qui profitent d’une hausse combinée des volumes et des prix et les productions animales dont les volumes stagnent et les prix reculent.

Moins de récoltes
Toutes les productions végétales diminueraient en volume en 2018, à l’exception du vin. C’est l’effet le plus visible des conditions météorologiques, notamment de la sécheresse. Les oléoprotéagineux verraient ainsi leur production chuter de 11,9 %, notamment en tournesol (- 22,1 %) ou en colza (- 9,3 %) alors que les volumes de betteraves s’inclineraient également fortement (- 15 %).
En céréales, avec 62,5 Mt en 2018, en baisse de 8,8 % par rapport à l’année dernière, «les récoltes n’ont jamais été aussi basses depuis 2007», à l’exception de 2016, constate la CCAN. Principale victime le maïs avec un déclin conséquent (- 14,3 %), mais aussi le blé tendre (- 6,6 %). Moins spectaculaire, le reflux de la production resterait important en légumes (- 4 %) ou en pommes de terre (- 6 %) mais surtout en fruits (- 6,5 %), avec de fortes baisses en pêches ou abricots. En fruits, la progression des prix ne compenserait pas la dégradation des volumes. La valeur de la production fruitière diminuerait ainsi de 1,8 % en 2018 par rapport à 2017. Dans d’autres secteurs, la baisse des volumes se conjugue à une baisse des prix, comme les oléagineux ou les betteraves qui verraient la valeur de leur production chuter de
13 et 22 %. A contrario, grâce à de fortes hausses des cours, les céréales (+ 7,1 %), mais surtout les pommes de terre (+ 36 %) verraient leur valeur grimper.
Un peu à part cette année, le vin. Après deux mauvaises années, les volumes seraient en très forte augmentation (+ 28,5 %), particulièrement en vins de Champagne (+ 38,7 %), les conditions climatiques ayant «conduit à une récolte exceptionnelle, supérieure de 6 % à la moyenne des cinq dernières années», constate la CCAN. Cette hausse explique à elle seule l’augmentation des volumes pour l’ensemble des productions végétales. Conséquence : malgré des prix quasi stables, les vins verraient leur production en valeur s’envoler
(+ 29,3 %).

Elevage : les porcs plombent les chiffres
Considérées comme un tout, les productions animales verraient la valeur de leur production diminuer de 1,2 % en 2018. Motif : les prix déclinent et les quantités stagnent. Dans le détail, c’est surtout le secteur porcin qui fait face à d’importantes difficultés. Suite à la contraction de la demande chinoise, les prix chuteraient de 12,7 % sur l’ensemble de l’année 2018. Avec des volumes stables, la valeur de la production porcine fléchirait alors de 13 % en valeur. Les autres secteurs qui verraient leur production diminuer en valeur sont celui des veaux (- 3,2 %) et des poules pondeuses (- 7,7 %). Une diminution en trompe l’œil pour les œufs qui, suite à la crise du Fipronil, avaient vu leur prix s’envoler de 26,8 % en 2017.
Le CCAN prévoit peu d’évolution pour les secteurs laitiers et petits ruminants. La production d’ovins et de caprins est stable : la baisse des volumes est compensée par le redressement des prix. Même constat pour le lait. Les livraisons sont quasiment stables et le prix ne progresse que très légèrement (+ 0,6 %).
A l’inverse, certains secteurs tirent profit d’une conjoncture plus favorable. La production de gros bovins augmente de 1 % grâce à une légère amélioration des prix (+ 1,1 %), sous l’effet d’une hausse de la consommation. «Une évolution peu fréquente dans un secteur où la tendance est à l’érosion de la demande intérieure depuis des années», s’étonnent les chambres d’agriculture. La production de volailles de chair repart également à la hausse (+ 5,7 %) après l’épisode d’influenza aviaire de l’année dernière qui avait entraîné une baisse de 4 % de la production.
Aussi, considérée comme une branche d’activité, l’agriculture française semble poursuivre une tendance haussière, mais c’est surtout le secteur vinicole qui tire les résultats, alors que certains secteurs font face à des situations plus tendues. AJ, RO



2018, année «la plus chaude depuis 1900»

L’année n’est pas encore terminée, mais déjà dans son bilan conjoncturel la CCAN constate que «l’année 2018 pourrait être l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis 1900». A l’exception des mois de février et mars, les températures ont été supérieures à la moyenne tous les autres mois, particulièrement durant la canicule de cet été, d’ores et déjà considéré comme «le plus chaud depuis 1900». L’année aura en revanche été celle du grand écart dans le domaine des précipitations avec un hiver 2017-2018 «au 3e rang des hivers les plus pluvieux» suivi, à partir du mois de juillet par une période déficitaire «sur l’ensemble du territoire». Cette dernière, additionnée avec les fortes températures de l’été, «contribue à la sécheresse des sols» entraînant notamment un fort déficit de production des prairies.

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