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Confinement ou pas, les sangliers s'en donnent à coeur joie

Du littoral à la vallée de la Somme, une nouvelle vague de dégâts de gibiers sur les cultures et les prairies sont constatés depuis quelques jours dans le département de la Somme. La suspension de la chasse en raison du confinement fait craindre le pire.

Chez Bernard Cagny, ce ne sont pas "de petits dégâts" qui sont constatés dans ses pâtures, sur la commune de Quend.
Chez Bernard Cagny, ce ne sont pas "de petits dégâts" qui sont constatés dans ses pâtures, sur la commune de Quend.
© V.F.

« Maudits sangliers... » En pointant du doigt les quelques boutis frais le long d'une pâture où sont installées ses vaches charolaises rue des Courtieux à Quend, Bernard Cagny estime que « ce n'est pas grand-chose ». En revanche, l'histoire n'est plus la même lorsqu'on fait quelques pas au-delà de la clôture qui entoure sa parcelle : « i (les sangliers) déheut'te tout. Toutes les nuits, c'est pareil. Depuis que les maïs sont terminés, on les voit revenir dans les pâtures », assurait-il, hier après-midi.

Sur les 2 hectares d'herbage, l'éleveur estime aujourd'hui qu'un peu plus de la moitié a été fouillée par les suidés. D'habitude, les animaux qu'il fait pâturer dans cette parcelle y sont installés jusqu'au 20 novembre. Compte tenu de son état, il avait prévu de les rentrer aujourd'hui. Aux alentours, la présence de sangliers est elle aussi visible. Sur la commune de Fort-Mahon, où l'agriculteur cultive du maïs, un hectare seulement sur trois et demi a été récolté, « près du lagunage ». « Sur le rond-point, à la sortie du Crotoy, en direction de Rue, on voit du déheutage aussi », rapporte Bernard Cagny. Et ce dernier de craindre des accidents de la circulation.

Pour l'éleveur de Quend, « il faudrait pouvoir avoir le droit d'en tirer quelques-uns. Pas d'en faire un mont, mais un ou deux pour les dissuader de revenir ». Mais pour l'heure et encore pour quelques jours, ces sangliers qui auraient élu domicile dans le massif dunaire de Fort-Mahon et de Quend ainsi que d'autres territoires aux alentours non chassés ont la vie tranquille.

Le littoral picard n'est toutefois pas le seul territoire du département à subir des dégâts. Agriculteur à Belloy-sur-Somme, dans la vallée de la Somme, Matthieu Thibaut expliquait lui aussi ce samedi matin constater à nouveau des dégâts sur ses terres, depuis plusieurs semaines : « En ce moment, ils s'attaquent aux pâtures. C'est là que sont les plus gros soucis. Le problème, c'est qu'à la repousse, ce n'est plus de l'herbe, mais des orties, des chardons... »

Sans chasse, « une catastrophe »

Un peu plus tôt dans l'année, l'agriculteur a déjà subi des dégâts sur des parcelles de maïs, de céréales et de pommes de terre. Son exploitation étant située au milieu d'un massif forestier de 700 hectares, il craint une recrudescence de dégâts et une explosion des populations de sangliers si la chasse venait à être fermée trop longtemps : « Si le territoire n'est pas chassé, on court à la catastrophe. On pensait que la situation était réglée depuis quelques temps, mais là... »

La saison dernière, l'agriculteur se souvient que la période de chasse au grand gibier avait été prolongée dans le département pour augmenter les prélèvements. Seulement, rappelle-t-il, « il y a eu le confinement en mars... » Cette année, « si on perd des jours de chasse dès le début de la saison, est-ce que les jours restants seront suffisants ? » En temps normaux, Matthieu Thibaut peut compter sur l'installation de clôtures autour de ses parcelles à risques. « On y passe du temps... » Mais en ce moment, qu'en sera-t-il ?

Des questions en suspens

Lorsqu'on lui demande s'il craint des conséquences à la suspension de la chasse, Bernard Cagny bondit également : « Si on ne fait rien, ça va être une catastrophe. Dès maintenant, mais aussi au printemps ! Quand on va semer des pois et du maïs, ce sera encore plus compliqué ». Favorable à une reprise de la chasse « en petits groupes », M. Cagny verrait également d'un bon oeil l'ouverture anticipée de la chasse d'été du sanglier, de manière individuelle.

Car en parallèle aux dégâts sur les cultures, l'éleveur craint aussi pour la santé de son troupeau : « Un de ces jours, est-ce que ces bétails là (les sangliers, ndlr) ne vont pas faire attraper une maladie à nos vaches, s'ils sont trop nombreux ? »

Autant de questions qui seront remontées lors d'un (très) prochain conseil départemental de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS) qui doit statuer sur les conditions de réouverture de la chasse.

La profession agricole demande la réautorisation de « tirs de régulation »

Quelles seront les possibilités de chasser - et par la même de limiter les dégâts sur les cultures liés à la présence de certaines espèces - dans la Somme au cours des prochains jours ? Toutes activités cynégétiques étant suspendues jusqu'à nouvel ordre, il appartient désormais à la préfète de la Somme de prendre une décision.

La mise en place d'un reconfinement entraînant la suspension de certaines activités, dont la chasse, n'a pas manqué de faire réagir la FDSEA 80 et les JA sur le risque de voir les dégâts aux cultures s'intensifier. Hier, vendredi 30 octobre, les deux organisations syndicales ont en effet sensibilisé les autorités locales « aux enjeux relatifs à la gestion de la faune sauvage dans les semaines à venir ».

Pour ces représentants de la profession agricole, le risque est bel et bien réel, après l'expérience du printemps dernier : « de?s lors qu'il n'y avait plus de pre?sence humaine dans les espaces naturels, nous avons tous observe? au printemps la rapidite? et l'ampleur des de?ga?ts aux cultures que la faune sauvage a occasionne? (...) Il serait tre?s pre?judiciable de subir de?s l'automne des de?ga?ts comparables, et de conserver des surpopulations qui seront non ge?rables au printemps prochain », rappellent le président de la FDSEA, Denis Bully, et des Jeunes Agriculteurs, Guillaume Clop.

« Il nous parai?t opportun de préserver les situations de chasse dédiées à la régulation des espèces (gibiers ou nuisibles) susceptibles d'occasionner des de?ga?ts aux cultures », poursuivent les deux représentants des agriculteurs.

Le préfet de Moselle ouvre la voie

Dans l'est de la France, le préfet de la Moselle pourrait être parmi les premiers sur le territoire national à avoir pris un arrêté autorisant une pratique partielle de la chasse, malgré le confinement. C'est ce que le président de la fédération des chasseurs de Moselle (FDC57), Pierre Lang, a annoncé vendredi 30 octobre, en fin de journée.

« Après des négociations avec les autorités préfectorales, un arrêté vient d'être signé par M. le préfet fixant les modalités de destruction du sanglier durant la période de confinement sanitaire dans le cadre de la Covid-19 », indique un communiqué de la FDC57. Précision de taille, seul l'affût est autorisé, depuis un poste fixe, surélevé.

Se réjouissant de l'écoute des autorités préfectorales, Pierre Lang n'était pas peu fier d'annoncer aux chasseurs mosellans qu'ils retrouvaient la possibilité « à partir de demain (samedi 31 octobre) de procéder a? des opérations de destruction du sanglier ».

L'arrêté? préfectoral du 30 octobre permet ainsi aux chasseurs individuels de justifier d'une intervention au titre d'une « participation a? des missions d'intérêt général sur demande de l'autorité? administrative », en cas de contrôle lors des déplacements. La fédération des chasseurs rappelle en dernier lieu que tout chasseur voulant participer à la régulation du sanglier dans ce cadre, pendant la période de confinement, devra être muni d'une attestation de déplacement et d'une copie de l'arrêté préfectoral l'autorisant.

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