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Culture du lin : quelle gestion des aléas climatiques ?

Vincent Boche, président de la section lin de la FDSEA de la Somme, et Alexandre Dugrosprez, président de la section lin de la FDSEA de l’Oise, ont réuni les producteurs de lin de la Somme et de l’Oise, le 30 janvier, à Flixecourt.

La réunion hivernale a réuni une trentaine de producteurs de lin.
La réunion hivernale a réuni une trentaine de producteurs de lin.
© C. L.


Certains disent que nous ne connaîtrons plus une année dite «normale», sans aléas climatiques. Qu’on y croit ou pas, le constat est tout de même le suivant : 2016 fut une année extrêmement pluvieuse, à l’inverse, 2017 fut très sec, notamment au printemps, et 2018 débute dans l’humidité et le vent. Face à ce constat, la gestion des aléas climatiques en agriculture est devenu plus que dans l’air du temps, plus particulièrement pour les cultures dites à risque, comme le lin ou encore la pomme de terre. C’est sur cette thématique que l’AGPL a réuni, le 30 janvier, à Flixecourt, les producteurs de lins de l’Oise et de la Somme.
«Cultiver du lin n’est pas sans risque. Il y a les risques maladies, adventices, verses, etc., dit Benoît Normand, technicien régional chez Arvalis. Certains risques peuvent s’appréhender via l’utilisation d’outils d’aide à la décision, d’autres se gèrent via la technique, et d’autres sont tout simplement ingérables et imprévisibles.» Ainsi, par exemple, «dans mon exploitation, le risque adventice s’anticipe, explique Bertrand Gomart, président de l’AGPL. L’exploitation a opté pour une rotation tous les six ans et une bonne préparation des sols avant implantation, deux astuces parmi tant d’autres, qui permettent aujourd’hui de réduire la pression adventice». Pour le risque verse, mais aussi maladie, Bertrand Gomart dit faire attention à la variété implantée et à la dose d’azote apportée. Mais cela ne suffit pas. Que faire contre un orage ? Les bourrasques de vents ? Ou encore le manque d’ensoleillement lors du rouissage du lin ? Ces aléas qui impactent sur le rendement, mais aussi la qualité des lins ?

Assurance aléas climatiques
«Une solution peut être de transférer les risques à un tiers, soit aux assurances», explique Frédéric Callens, responsable d’équipe conseil, à CerFrance. Et la plus connue d’entre elles est l’assurance récolte. Entre 30 et 35 % des agriculteurs de la Somme souscrivent aujourd’hui à ce type d’assurance contre 26 % en moyenne au national. «Celle-ci se décline en trois niveaux et couvre, en moyenne, une quinzaine d’aléas climatiques», explique le responsable d’équipe. Le premier niveau, appelé plus communément le contrat socle, est subventionné à hauteur de 65 % par les pouvoirs publics. Le rendement assuré correspond alors aux rendements historiques de l’exploitation. Le prix assuré pour chaque culture est défini au travers d’un barème national. La franchise et le seuil de déclenchement sont de 30 %.
Le deuxième niveau est, quant à lui, subventionné à hauteur de 45 %, et offre la possibilité supplémentaire d’augmenter ou de réduire le prix assuré dans la limite d’une valeur plafond. Enfin, le troisième niveau est non subventionné, mais offre des garanties complémentaires comme le rachat de franchise, le complément de prix et de rendement, soit la souscription d’un rendement au-delà des rendements historiques de l’exploitation, etc.
Dans le département de la Somme, à ce jour, CerFrance estime que 40 à 45 % des producteurs de lin sont assurés pour les aléas climatiques. Une part revue à la hausse ces dernières années. Et pour cause. Après plusieurs années de discussions, et de négociations entre les pouvoirs publics et le syndicat, le barème fixant le prix à 605 euros la tonne de fibre de lin a évolué et est, aujourd’hui, fixé à 1 327 euros la tonne de fibre de lin. «Ce prix est beaucoup plus représentatif et en adéquation avec notre production, car il représente maintenant environ 80 % des charges réelles», commente Bertrand Gomart. Le syndicat rappelle également avoir œuvré sur l’obligation de souscrire 70 % de la surface agricole utile de l’exploitation afin de bénéficier de cette assurance contre 70 % de la Scop auparavant.
Mais cette assurance pourrait évoluer prochainement positivement. En effet, suite à l’entrée en vigueur du règlement «Omnibus», début janvier, le seuil de déclenchement du contrat socle devrait diminuer, les subventions augmenter à hauteur de 70 % et la franchise appliquée également diminuer.

Assurance indicielle
Moins connue, l’assurance indicielle peut être également un outil pour faire face aux aléas climatiques. L’assurance indicielle est une assurance liée à un indice tel que la pluie, la température, l’humidité ou les rendements des cultures, plutôt que la perte réelle. Ainsi, le contrat d’assurance établi entre l’assureur et l’assuré se base sur des données de référence, publiques, reconnues et consultables par toutes les parties. Par exemple, un agriculteur souscrit à une assurance indicielle «des totaux pluviométriques» pour se protéger contre les pertes de récoltes liées à la sécheresse. Les indemnisations ont lieu lorsque les totaux pluviométriques sur la période définie sont inférieurs au seuil convenu. Et contrairement à l’assurance traditionnelle, pas d’expertise terrain, seul les indicateurs météorologiques homologués recueillis au plus près de de l’exploitation suffisent.
Quant à son coût, «difficile de vous indiquer un prix, explique Damien Chevrollier, ingénieur commercial chez Météo Protect. Il varie au grand maximum entre 3 et 30 % du capital assuré. Mais, plus généralement, pour les exploitations agricoles, en fonction des paramètres définis, entre 3 et 13 % du capital assuré». «Ce produit est donc innovateur, complémentaire. Il peut être une solution dans certaines exploitations, mais son coût reste néanmoins incertain», commente le président de l’AGPL. Car, qu’on se le dise, «il ne faut pas croire qu’une assurance, c’est rentable. Cela reste un coût et une charge pour les exploitations agricoles», conclut Frédéric Callens.

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