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Défaner ses pommes de terre à l'électricité ?

Plus de quatre-vingts agriculteurs étaient présents, mercredi dernier, à la journée spéciale pomme de terre organisée par la Chambre d’agriculture de la Somme.

Le broyage et le défanage électrique, deux alternatives mécaniques au défanage chimique.
Le broyage et le défanage électrique, deux alternatives mécaniques au défanage chimique.
© C. L.



Jusqu’à la fin du siècle dernier, les agricultrices et agriculteurs se sont attachés à maximiser leur production et à produire pour nourrir les populations, à la demande de la société. Aujourd’hui, les demandes et attentes de la société ont évolué : les modes de production en agriculture doivent donc, elles aussi, évoluer.
Parmi les évolutions attendues par la société, l’une d’entre elle est la réduction des apports d’intrants en agriculture, soit la réduction des produits apportés aux sols et aux cultures qui ne proviennent pas de l’exploitation agricole. C’est donc dans ce contexte que s’est inscrite l’après-midi spéciale pomme de terre organisée, au champ, le 28 août, près d’Aizecourt-le-Haut, par la Chambre d’agriculture de la Somme. Au programme : démonstrations de matériels, visite des essais variétaux et échanges avec les ingénieurs-conseils de la chambre, du Gitep ou encore d’Arvalis sur les nouvelles approches agronomiques : pré-buttage à l’automne, semis de plantes compagnes, quelles alternatives au CIPC, etc.

Des démonstrations au champ
Premier atelier : la démonstration de matériels. Son objectif ? Répondre à la question suivante : quelles alternatives au diquat, substance active contenue dans des herbicides comme le Reglone 2, alors utilisé comme un défanant pour les pommes de terre ? Encore autorisé pour cette campagne, l’usage de tous produits à base de diquat sera, en effet, interdit après le 4 novembre 2019.
Première réponse avec la démonstration du broyage des fanes avec un broyeur AVR. «Un simple passage du broyeur supprime en moyenne 75 % de la végétation», explique le commercial de chez Douay et Fils. «Suffisant pour les variétés précoces, un second passage est néanmoins nécessaire à l’aide d’un défanant pour les variétés dites plus tardives à plus fort développement végétatif», complète le technicien de la Chambre d’agriculture de la Somme. En effet, le broyage permet de détruire rapidement le feuillage et d’enclencher la sénescence. Et le second passage, soit l’intervention chimique, avec l’application du Spotlight à la dose d’1 l/ha, cinq à sept jours plus tard permet, quant à lui, de détruire les tiges.
Autre technique et démonstration : le défanage électrique, défini comme la nouvelle voie de défanage pour défaner les pommes de terre. Développé par l’entreprise Suisse, Zasso, le système XPower est un nouvel outil de défanage. Attelée à l’arrière du tracteur et actionnée par la prise de force, la génératrice transforme alors l’énergie mécanique en énergie électrique. À l’avant, une paire d’applicateurs permet la mise en contact avec la plante afin que l’électricité la traverse. Ainsi, en traversant la plante, l’électricité détruit les cellules végétales et provoque un déclin progressif de la végétation. «L’idéal est de passer avec cet outil, le matin, à la rosée, lorsque la plante est humide et que le sol est sec», explique le technicien. Aujourd’hui encore très peu utilisé en France (car manque de recul), le système XPower commence à se développer en Belgique et en Allemagne. La chambre d’agriculture teste d’ailleurs, cette année, son efficacité sur un simple passage, un passage combiné avec un passage de broyeur cinq jours plus tôt ou encore un simple passage avec l’application du Spotlight en même temps. Rendez-vous, cet hiver, pour les premiers résultats.

Des variétés résistantes aux maladies
Second atelier : la vitrine variétale. Là aussi, on cherche à réduire les intrants : les variétés testées sont toutes notées entre 7 et 9, sur une échelle de 1 à 10, par leur obtenteur pour leur résistance au mildiou et à l’alternaria. «Les essais confirment d’ailleurs les notes attribuées pour leur résistance aux maladies, mais attention, les conditions climatiques ont également été favorables à l’absence de développement de ses maladies», développe la chambre d’agriculture. Ainsi, étaient testées les variétés féculières Rakam et Macaille, Jelly comme pomme de terre dite de la ménagère, cousine de la Marabel, Tentation, Allouette, etc. Un seul hic : leur commercialisation. Très peu de ses variétés, résistantes au mildiou à l’alternaria, intéressent aujourd’hui les acheteurs.

CIPC, arrivée de nouvelles alternatives ?
Dernier point abordé, lors de cette après-midi : la suppression à venir du CIPC, quelles alternatives ? Le chlorprophame, également désigné CIPC, agit comme un inhibiteur de la germination des pommes de terre et va, en effet, lui aussi être retiré, au plus tard le 8 janvier 2020. Une seule inconnue, sa limite maximale de résidus (LMR), soit son seuil réglementaire de concentration de résidus de produits pesticides, biocides ou de médicaments vétérinaires, au-delà duquel la commercialisation d’un produit alimentaire n’est plus autorisée, sera-t-elle fixée à zéro ou plus ? «Très volatile, et présent partout, dans les bâtiments, les palox, etc., il vaudrait mieux, et nous travaillons dans ce sens, que celle-ci ne soit pas nulle», développe Cyril Hannon, ingénieur chez Arvalis. «Des essais de décontamination sont d’ailleurs en cours. Ils visent à détruire la matière active. Les premiers résultats devraient paraître avant la fin de l’année», ajoute-t-il.
«Les alternatives au CIPC sont, quant à elles, multiples, mais retenez qu’elles sont toutes plus coûteuses», raconte l’ingénieur. L’une d’elles est le froid, avec le stockage des pommes de terre à une température inférieure à 3°C. Quid, tout de même, pour les pommes de terre d’industries qui, pour des raisons de process industriels, ne peuvent être conservées en deçà de 7 à 8°C.
L’utilisation de l’hydrazide maléique (Fazor® Star, Itcan…) offre également une alternative. Appliqué en végétation avant que les tubercules ne soient trop développés (calibre inférieur ou égal à 30/35 mm) et au minimum quinze jours à trois semaines avant la date de défanage, l’hydrazide maléique  bloque la germination pendant deux à trois mois des tubercules en fonction de la variété et de la température de conservation.
Pour un traitement lors du stockage, Arvalis indique que peuvent être utilisés l’huile de menthe ou l’ethylène. Tous deux doivent être appliqués par thermonébulisation dans un bâtiment équipé d’une ventilation optimale pour assurer une bonne répartition du produit. L’huile de menthe agit en détruisant le germe en formation, à condition de bien respecter la dose d’emploi préconisée et de laisser le bâtiment au repos, fermé pendant au moins 48h. Plusieurs applications peuvent être réalisées, mais la première application doit être réalisée assez tôt, au plus tard au stade point blanc, de façon à détruire au mieux le méristème à l’origine du germe. Les doses retenues par l’homologation française sont de 90 ml/t pour la première application, puis 30 ml/t pour les applications de renouvellement.
Enfin, autre produit, Dormir, sorti en 2017, il est à appliquer par thermonébulisation dans le bâtiment à la dose de 20 ml/t. Il agit comme un retardateur de démarrage de la germination. «Son mode d’emploi et précautions d’emplois sont toutefois à revoir», explique Cyril Hamon avant d’ajouter que «d’autres produits sont dans les cartons. Les essais sont en cours et une première communication sur ces produits devrait avoir lieu dans les mois prochains.»

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