Des éleveurs néerlandais fraudent pour produire plus de lait
Un nombre conséquent d’éleveurs néerlandais ont effectué de fausses déclarations de naissance de leurs veaux afin de produire plus de lait. La filière laitière des Pays-Bas risque de devoir réduire son cheptel et de payer une «lourde amende».
ont été déclarées comme génisses.
Le ministère de l’Agriculture des Pays-Bas a décidé de bloquer 2 100 exploitations laitières sur les 23 300 du pays, selon un article de Ouest-France du 8 février, en interdisant tout mouvement d’animaux. En effet, ces exploitations sont à l’origine d’une fraude permettant de produire plus de lait tout en respectant le quota phosphate. Pour ce faire, les éleveurs ont déclaré des naissances gémellaires et les mères de ces veaux supplémentaires ont été déclarées comme génisses.
Avec cette manœuvre, l’éleveur avait donc une génisse qui produisait du lait, ce qui par définition est impossible puisqu’une génisse n’a normalement pas de veau. L’éleveur a pu ainsi augmenter sa collecte et son revenu tout en n’ayant aucun impact sur son quota phosphate (sanction si dépassement). En effet, selon la réglementation, une génisse ne compte que pour moitié dans le quota maximum de vaches autorisé par exploitation. Carola Schouten, ministre de l’Agriculture des Pays-Bas a qualifié cette fraude d’«inacceptable».
Les génisses produisaient... du lait
«Cela représente un risque pour la santé des animaux mais aussi pour la santé publique. Il s’agit là d’actes répréhensibles et des sanctions suivront», a-t-elle déclaré dans une lettre adressée au Parlement européen, rapporte Ouest-France. Des taxes supplémentaires, une baisse des subventions européennes et probablement des poursuites judiciaires pourraient frapper les exploitations qui n’ont pas respecté la règle.
De plus, «la perte de la dérogation à la directive Nitrates obligerait les Pays-Bas à diminuer d’un tiers ses vaches laitières», rapporte le député européen Eric Andrieu (socialiste). Cette fraude, connue dans la filière française, fait réagir aujourd’hui car Bruxelles a alerté, fin janvier, sur une surproduction possible dans la filière laitière européenne si la collecte continuait de croître comme ces derniers mois. Elle passe d’autant plus mal que 380 000 tonnes de poudre de lait sont toujours en stock à l’intervention et que beaucoup d’éleveurs européens ne supporteraient pas une nouvelle crise.
Amende et diminution du cheptel national
Comme l’écrit l’Institut de l’élevage dans une publication de février 2017, «le respect du plafond phosphore est l’une des conditions nécessaires à l’obtention en 2018 d’une nouvelle dérogation à la Directive nitrates (dépassement du plafond de 170 kg d’azote par hectare) dont bénéficie l’agriculture néerlandaise».
Cette dérogation a permis une économie de l’ordre de 10 000 e/an pour une exploitation laitière moyenne. Selon l’Idele, Bruxelles avait précisé que cette dérogation pour l’année 2017 «devait obligatoirement être accompagnée de résultats concrets quant à la réduction de la production de phosphore». Si tel n’était pas le cas, Bruxelles se réservait le droit de retirer cette dérogation et pourrait contraindre le pays à payer une «lourde amende».
Des «vaches fantômes»
Les eurodéputés socialistes Eric Andrieu (France), Marc Tarabella (Belgique) et Maria Noichl (Allemagne) ont décidé d’interpeller la Commission européenne sur les «vaches fantômes» des Pays-Bas. Ils ont adressé, le 14 février, une question prioritaire avec demande de réponse écrite à Bruxelles pour connaître ses intentions face à «cette fraude d’envergure qui risque de pénaliser l’ensemble de la filière laitière européenne». Et d’interroger la Commission : «Compte-t-elle mettre fin aux dérogations sur les émissions polluantes dont bénéficient les Pays-Bas ?»