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Etienne Moreau : l'irréductible éleveur de son secteur

«Mieux vaut chercher à valoriser sa production, plutôt que de vouloir la quantité».
«Mieux vaut chercher à valoriser sa production, plutôt que de vouloir la quantité».
© A. P.






Alors que l'élevage a presque disparu du paysage, près de Montdidier (80), Etienne Moreau perdure celui de ses vaches allaitantes, qu'il élève «par passion», et qui lui procurent un revenu.

Les cultures de céréales, de betteraves, ou de pommes de terre façonnent le paysage, près de Montdidier, à l'Ouest de la Somme. Plus une vache ne pâture, semble-t-il. Il reste en réalité quatre-vingt mères Blondes d'Aquitaine, accompagnées de leurs veaux, sur les terres accidentées de Rubescourt, à la SCEA du Pas. «La topographie fait que certaines de nos terres ne peuvent pas être cultivées. Et puis, j'ai toujours eu l'envie de rester éleveur», confie Etienne Moreau.
Un pari qui porte ses fruits, puisque l'élevage représente désormais 40 % du chiffre d'affaires de l'exploitation. Lorsqu'il a repris l'exploitation de ses parents, en 2001, vingt-cinq mères composaient le cheptel. «Je l'ai développé et j'ai pris le parti de garder tous les veaux : les génisses sont pour le renouvellement, et les mâles sont engraissés en taurillons. Aujourd'hui, je pense avoir atteint le bon nombre. Mieux vaut chercher à valoriser sa production, plutôt que de vouloir la quantité.»
Etienne Moreau mise sur l'autonomie alimentaire. 50 hectares d'herbage, dont la moitié de pâtures, permettent de nourrir en grande majorité le troupeau. Deux à trois fauches de foin sont réalisées chaque année. L'éleveur y ajoute des betteraves fourragères qu'il cultive. Seules les pulpes surpressées sont achetées à la sucrerie Saint Louis Sucre de Roye. L'alimentation reste néanmoins le plus gros poste de dépenses. Mais pas question de rogner dessus : «Une bonne alimentation fait tout. Cela permet d'avoir de belles bêtes, qui seront bien valorisées, et quand elles sont en pleine forme, les frais vétérinaires sont moindres.»
La génétique a aussi toujours été importante. Tout, ou presque, se fait en insémination artificielle. Un taureau est gardé pour quelques génisses, pour éviter la consanguinité. «Je cherche à avoir des bêtes qui vêlent bien, qui ont du lait et qui soient calmes.» Mais pour ce qui est du caractère, pas de secret, «il faut être dans ses vaches».

Circuit court
La commercialisation, elle, se fait via la coopérative Cobevial, pour les taurillons, et en circuit court pour les vaches. Voilà cinq ans que le boucher du magasin E. Leclerc de Montdidier lui achète régulièrement des bêtes. La Blonde est particulièrement appréciée pour son potentiel : «un rendement intéressant, car il n'y a pas beaucoup d'os, et puis la viande est bonne !»
Pour Etienne Moreau, ce système est le moyen de se réapproprier la marge. «On discute du prix, mais je fais la facture.» La vente en local lui apporte également une valorisation de son travail. «Les clients veulent savoir d'où vient la viande qu'ils vont manger. Ils apprécient qu'elle vienne d'une ferme voisine.» Seule ombre au tableau : la récente fermeture de l'abattoir de Montdidier (une liquidation judiciaire a été prononcée le 30 janvier par le tribunal de commerce, ndlr), où ses vaches étaient abattues. «Un camion va désormais devoir être affrété pour les conduire à Feignies (59), à 150 km. Cela va forcément coûter plus cher.»
L'éleveur veut cependant se projeter. Pour son élevage, il ambitionne de raccourcir les périodes de vêlage, aujourd'hui d'août à décembre, puis d'avril à juin. «Il ne faudrait pas dépasser deux mois, car plus c'est groupé, plus on est attentif.» Plus largement, il voit l'avenir d'un bon oeil : «de nouveaux marchés s'ouvrent, de nouvelles pratiques voient le jour. C'est motivant !»

Alix Penichou

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Eleveur de Limousines en vente directe


Francis Bizet élève des Limousines à la périphérie de Beauvais. Il commercialise 70 % de sa production en vente directe à la ferme, ce qui lui permet d'envisager l'avenir avec sérénité.


A cinquante ans, enserré au milieu des lotissements, Francis Bizet a fait de cet inconvénient un atout lorsqu'il est revenu s'installer sur l'exploitation familiale. C'était en 2001 et, après un BTS en productions végétales au lycée agricole de Magnanville (Yvelines), il avait occupé pendant dix ans un poste de chef de station de semences à Moyencourt pour le semencier Benoist.
«Après l'abandon du lait dans les années 1960, mon père avait monté un cheptel allaitant en Charolaises remplacées par absorption génétique par des Limousines, plus rustiques, vêlant plus facilement, avec une bonne viande persillée. J'ai donc abandonné le végétal pour l'animal en m'installant, reprenant la ferme du voisin et agrandissant le troupeau. A l'époque, j'avais un oncle boucher en région parisienne et il me prenait les vaches de réforme. Quand il a pris sa retraite en 2007, j'ai décidé de monter un laboratoire de découpe et de faire de la vente directe», explique Francis Bizet.
Dotée de pâtures inondables, coincée en périphérie de ville, quasiment toute en fermage, l'exploitation était difficile à agrandir. «Pour maintenir le revenu dans une telle situation, il n'y avait pas beaucoup de solutions : il fallait garder de la valeur ajoutée. Comme je trouve que la Limousine n'est pas valorisée par la filière à sa juste valeur, je me suis lancé dans l'aventure de la vente directe», détaille l'exploitant.

Une clientèle fidèle
Résultat : trente vaches et douze veaux sous la mère sont vendus par ce circuit court, soit 70 % de la production assurée par les quatre-vingt vaches allaitantes limousines. Les 30 % restants sont vendus à un marchand de bestiaux. «Avant la fermeture de l'abattoir de Montdidier, j'y emmenai des bêtes le mardi et les carcasses me revenaient le jeudi par camion frigorifique. Après une semaine de maturation, le boucher que j'emploie à mi-temps et moi assurons la découpe. 60 % de la viande est vendue sous forme de colis, de 5 ou 10 kg, à un prix moyen de 12,80 Ä/kg pour le colis de 5 kg. Le reste est vendu au détail, selon le souhait de la clientèle, comme dans une boucherie.»
Tous les morceaux sont valorisés, les bas en pot-au-feu l'hiver ou en merguez de boeuf l'été. Francis Bizet vient même d'investir dans un four à vapeur pour proposer du rôti cuit et possède un piano pour faire cuire les tripes qu'il récupère de l'abattoir. Il a également commencé à faire des paupiettes de veau, très appréciées de la clientèle. Celle-ci fait le déplacement pour venir à la ferme, parfois jusqu'à 60 km. «J'ai des clients de région parisienne, ils viennent grâce au bouche-à-oreille», précise Francis Bizet.
Et puis, avoir un retour direct du client, c'est valorisant et surtout très intéressant pour connaître ses attentes. «Comme le pouvoir d'achat a baissé, je vends plus de colis de 5 kg et mes carcasses de 430 kg ne produisent pas des morceaux trop gros pour ma clientèle. Cela prend du temps de vendre directement. Il faut parler de l'élevage aux visiteurs, leur montrer les bêtes, leur expliquer comment on les nourrit. C'est vraiment un autre métier, que j'apprécie.»

Des perspectives d'évolution
Le voisinage immédiat des bâtiments avec les maisons d'habitation et le manque de place ont incité Francis Bizet à investir dans un magnifique bâtiment bois en plein champ, sur la seule parcelle dont il est propriétaire, afin d'y loger les élèves et ne garder dans le corps de ferme que les animaux qui demandent plus de soins et de surveillance. Avec trois enfants dont deux garçons qui poursuivent des études agricoles, l'éleveur de Limousines voit l'avenir sereinement. L'un des garçons est plus intéressé par l'élevage, l'autre se passionne davantage pour le travail de découpe et la commercialisation, «une bonne complémentarité» selon leur père. Ce dernier souhaite améliorer les conditions de travail afin que ses fils puissent un jour reprendre l'activité tout en la développant.
«Etre en vente directe oblige à se remettre en cause constamment. Il s'agit également de bien suivre ses coûts de production, ses marges, pour avoir des prix de vente consommateur raisonnables et assurer une production constante tout au long de l'année, excepté pendant la moisson où nous fermons le magasin. Et puis, il faut améliorer ses réseaux de commercialisation et c'est pour cela que je viens de rejoindre le réseau Bienvenue à la ferme qui me donnera plus de visibilité».
Dominique Lapeyre-Cavé
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