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Economie
2012 : des exploitations soumises aux équilibres offre/demande

Les résultats prévisionnels de la récolte 2012 ont été présentés par CER France Somme.

Cette récolte montre clairement l’exposition de la Ferme Somme aux cours mondiaux, a souligné Christian Boddaert.
Cette récolte montre clairement l’exposition de la Ferme Somme aux cours mondiaux, a souligné Christian Boddaert.
© AAP

Le 24 septembre, CER France Somme a présenté ses projections de résultats économiques pour les systèmes d’exploitation les plus répandus de la Ferme Somme. Ces résultats, préparés et présentés par Christian Boddaert, expert conseil à CER France Somme, sont issus des données techniques et économiques livrées par les organismes économiques, ainsi que des données réelles d’un échantillon de plus de mille exploitations agricoles du département.

Des corrections sur 2011
Avant d’attaquer 2012, Christian Boddaert a apporté les éclairages correctifs sur les chiffres 2011. Pour la récolte précédente, le produit de la filière betterave a significativement augmenté, dopé par des cours du sucre élevés, ce qui profite aux producteurs avec l’application de l’article 31 négocié historiquement par la CGB dans les accords interprofessionnels et qui génère des suppléments de prix allant de 5 à 12 €/T selon les groupes.
Au final, avec un rendement élevé, la marge brute à l’hectare de betterave s’établit en 2011 à 2 324 €, son niveau le plus élevé depuis la réforme du secteur.

La revanche des petites terres
La récolte 2012 s’inscrit dans un contexte climatique marqué par des phases d’excès. Un automne quasi estival, avec des stades avancés avant l’hiver déclenchant souvent le désherbage ; un hiver tardif, rigoureux avec un dégel sans pluie, le tout occasionnant des dégâts ; une période sèche au printemps pour la reprise de végétation ; puis une phase froide et humide, et enfin une fin de cycle marquée par les pluies excessives de juin et juillet. Quelle que soit la culture, ces saccades ont été préjudiciables, sauf en terres légères, qui, pour le coup, ont bien réagi aux pluies de fin de cycle, gommant ainsi les écarts connus les années antérieures. Le rendement départemental connait pour certaines productions un repli (colza, betteraves, pommes de terre), pour d’autres un resserrement des écarts à moyenne constante (céréales).

Les charges toujours à la hausse
Dans les charges de structures, CER France Somme ne note plus le moindre poste en retrait. Le poste engrais a augmenté de 20%, le poste semences de 2%, le poste phytosanitaire de 10% et les aliments de 20%. Ce dernier chiffre demeure néanmoins évolutif, la récolte 2012 concernant des clôtures comptables allant du 30/09/2012 au 30/06/2013, et pour les premières, seul un trimestre est marqué par la flambée du soja.
Pour les charges proportionnelles, on trouve aussi beaucoup d’indicateurs à la hausse : main d’œuvre (+ 10% dont + 7 % pour les cotisations sociales des chefs d’exploitations et + 3% pour la main d’œuvre salariée), mécanisation (+ 3% au global, avec + 5% sur le carburant et + 3% sur l’amortissement), les frais généraux (+ 3%) et les fermages (+ 2,67%, arrondis à + 3%). Seuls les frais financiers sont en baisse (- 3%), ceci étant lié à un moindre portage bancaire de la trésorerie. Sur ce point, la LME fait sentir ses effets : la réduction des délais de paiement génère des comportements plus contraignants, mais l’effet sur la trésorerie des exploitations est positif une fois que le rythme de paiement raccourci est pris.
Christian Boddaert estime que le cours actuel des céréales peut difficilement monter car il intègre déjà les prévisions de récolte dégradée aux Etats Unis. La question porte sur les récoltes Sud-Américaines : si elles sont correctes, les cours peuvent se détendre et revenir à des chiffres plus raisonnables. Si toutefois la récolte de ces bassins est mauvaise, les cours élevés pourront s’étaler sur une année entière, et par un phénomène de glissement, le poste alimentation pourrait flamber de 40% pour les clôtures du printemps 2013.

Des productions végétales toujours solides
Les marchés mondiaux avaient déjà placé l’année 2011 sous de bons auspices en productions végétales. Malgré des rendements parfois en repli, la fermeté des cours en blé, colza, orge, pois dope les marges brutes à l’hectare qui connaissent un record sur dix ans. En betteraves, l’année 2012 sera moins bonne que 2011 du fait de la baisse de rendement (- 11 T/ha) et du repli des cours européens. Repli à relativiser puisque l’article 31 devrait encore s’appliquer sur la récolte actuelle. En pommes de terre, la baisse des emblavements dans les principaux pays producteurs de l’Union européenne a assaini le marché européen et la production française pourrait tirer son épingle du jeu, malgré un rendement en repli. En fécule, l’achèvement du découplage a obéré de 480 € la marge brute à l’hectare, ce qui n’impacte pas l’économie de l’exploitation en 2012 du fait de la hausse du montant total des DPU.

En élevage, les viandes s’améliorent
Pour les filières d’élevage, l’inquiétude vient du poste alimentation qui connaît des hausses régulières depuis plusieurs années comme le soja (+ 40% en 2007, + 60% en 2012) ou les aliments composés à base de céréales en porc ou volailles.
Cependant, la viande bovine tire son épingle du jeu grâce à une pénurie en Europe, tout comme la viande porcine qui connait un déséquilibre de marché équivalent, portant son prix à un plus haut depuis dix ans.
Cependant, pour chacune de ces filières, les besoins en fonds de roulement ont de fait significativement augmenté, et il est important de garder un niveau de prix élevé.

Le lait : un cap à passer
La vérité des viandes ne s’applique pas au lait : tous les bassins mondiaux de production ont connu une année sans accroc et la production a dépassé la consommation, entraînant un repli des prix. Le tassement se fait sentir à hauteur de 14 €/1000 l de lait, compensé à hauteur de 4 € par le coproduit viande sur les réformes. La marge brute se situe ainsi à 177 €/1000 l, à mi-chemin entre 2009 et 2010-2011. Ce mauvais passage semble néanmoins de plus courte durée qu’en 2009 : la hausse régulière de la consommation de lait dans le monde laisse présager un déficit dès le printemps, été 2013, avec une possible détente du cours du soja.
Christian Boddaert souligne l’importance d’actualiser au mois le mois son coût de production, et ce afin d’adapter sa conduite : «il n’est pas forcément nécessaire d’aller chercher les derniers litres ; chacun sait qu’ils coûtent chers». De plus, il faudra une capacité de rebond quand les cours et les volumes seront là. Dès lors, on se souvient qu’en 2010, le «rebond» avait pris un an dans le bassin qui avait dû miser sur les effectifs, alors qu’il avait suffi de trois mois dans le grand Ouest qui pilote davantage sur l’alimentation.

Renforcer les entreprises et accroître leur réactivité
Au final, l’EBE de la ferme Somme s’élève à 136 k€ (contre 131 k€ en 2011), générant une amélioration des fonds de roulement de l’ordre de 9 k€. Les emprunts couvrent 100% des investissements (à 57 k€ en moyenne) et l’endettement demeure stable à 56% de l’actif, la normale basse depuis 2006.
Cette récolte montre clairement l’exposition de la Ferme Somme aux cours mondiaux et donc aux équilibres offre/demande. Ils sont favorables aux productions végétales, viande bovine et porcine ; défavorable pour le poste aliment du bétail et lait. Christian Boddaert en conclut à la nécessité de connaître et actualiser régulièrement ses équilibres financiers sur l’exploitation, et ce pour prendre des décisions rapides et sereines d’achat, de vente, d’intensification ou de ralentissement. Ceci passe par un travail d’analyse, au besoin par la formation, et surtout par une information régulière sur les filières les plus prégnantes dans l’exploitation.

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