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La reproduction, un acte essentiel à la production de lait

Pour sa journée de l’élevage et du bâtiment, le 24 janvier, à Agenvillers, la chambre d’agriculture avait invité le docteur vétérinaire Loïc Commun, de la société IDEXX pour évoquer le thème de la reproduction des vaches.

Loïc Commun : «Plus on prend soin des vaches taries, plus on aura des vaches laitières en forme.»
Loïc Commun : «Plus on prend soin des vaches taries, plus on aura des vaches laitières en forme.»
© Florence Guilhem



Quels sont les repères techniques à avoir à l’esprit en vaches laitières pour la mise à la reproduction des génisses ?

Pour que les génisses vêlent à deux ans, il faut qu’elles atteignent un poids de 400 kg à quinze mois. L’objectif est aussi d’avoir moins de 1,2 IA (insémination artificielle) par génisse. Concernant les vaches, les objectifs optimum sont un intervalle vêlage-vêlage (IVV) inférieur à quatre cents jours, un taux de réforme modéré (< 33 %), moins de 1,6 IA par vache, et une première IA entre cinquante et quatre-vingt-dix jours de lactation.

Quelles sont les étapes critiques en reproduction ?
Le vêlage et l’involution de l’utérus sont, entre autres, des étapes critiques. Parmi les troubles de la reproduction au vêlage, on relève la non-délivrance, la fièvre du lait, le renversement de matrice, la métrite, l’anœstrus, la présence de kystes, des chaleurs discrètes, des pertes embryonnaires ou encore des avortements…

Quels sont les facteurs déclencheurs de ces troubles ?
La plupart de ces troubles sont favorisés par des problèmes nutritionnels : l’acétonémie (manque d’énergie), comme l’hypocalcémie (incapacité de la vache à mobiliser du calcium osseux au moment du vêlage) favorisent les troubles de la reproduction. Mais beaucoup d’agents infectieux peuvent aussi entraîner des troubles de la reproduction : fièvre Q, chlamydiose, BVD, leptospirose, mycoses, brucellose… Attention, certains germes sont transmissibles à l’homme.

Quelles sont les raisons pour lesquelles des vaches ne reviennent pas en chaleur ?
C’est un problème souvent lié à des causes nutritionnelles : des vaches trop grasses au vêlage ou trop maigres, ou qui présentent des carences en oligoéléments et vitamines. Une autre cause peut être une luminosité insuffisante du bâtiment. Parfois, des vaches ont des chaleurs discrètes, mais on ne les voit pas. Des problèmes de boiterie ou des sols glissants influent aussi sur l’expression des chaleurs.
Par ailleurs, la plupart du temps, quand une vache est inséminée, il y a fécondation. Mais il arrive que la vache ne retienne pas, les causes possibles sont un déficit énergétique trop important, ou un excès d’azote dégradable, ou encore une acidose, une carence alimentaire, une cause infectieuse ou bien une IA au mauvais moment.

Quelles sont les clés de la réussite en reproduction ?
Tout d’abord, les vaches doivent être bien préparées au vêlage. Pour ce faire, il faut maximiser l’ingestion pour conserver un volume de rumen important. Il faut également préserver la flore du rumen. Pour y parvenir, conservez une même base fourragère au tarissement (gardez un fond de maïs par exemple), car l’équilibre, dans le rumen, met trois semaines à se faire en cas de changement de fourrage.
En début de tarissement, on peut donner un peu de maïs, de la paille, 800 g de correcteur, et un minéral tarie de qualité. Avant vêlage, pour éviter la fièvre de lait, limitez les aliments riches en potassium, comme l’herbe. Attention, il ne faut pas donner de bicarbonate de sodium à une vache tarie, car cela l’empêchera de mobiliser son calcium. De plus, apportez des concentrés de façon croissante, en démarrant deux à trois semaines avant le vêlage. Cela est nécessaire pour limiter le déficit énergétique et stimuler le développement des papilles ruminales. Une vache haute productrice aura besoin d’atteindre 3 kg de concentrés durant la semaine qui précède le vêlage. De plus, en procédant ainsi, elle pourra ingérer 5 kg de concentré sans difficulté dès les premiers jours de lactation, et on limitera ainsi son déficit énergétique.

Que faut-il également faire pour que les vaches soient en forme pour la mise à la reproduction ?
Tout d’abord, plus on prend soin des vaches taries, plus on aura des vaches laitières en forme. Tout se joue là. Ensuite, il faut maîtriser le déficit énergétique du début de lactation, en montant en concentrés, tout en évitant l’acidose. Les éleveurs doivent aussi rester cohérents concernant le niveau de leur ration à l’auge.
Ainsi, par exemple, si l’objectif du niveau de production est de 30 kg, il n’est pas souhaitable d’avoir une ration à l’auge calée à 17 kg, car il faudrait trop de concentrés pour les fortes productrices. Si, pour cet objectif, la ration à l’auge est calée à 24 kg, c’est mieux, mais il faut alors prendre garde à l’engraissement excessif en fin de lactation pour les faibles productrices, et préférer les tarir précocement.

Comment limiter les maladies infectieuses et savoir les repérer ?
La première des précautions est de faire attention aux introductions de nouveaux animaux : soyez vigilants sur l’origine des animaux et ne pas sous-estimer les contrôles lors de leur introduction (demandez des tests diagnostiques élargis au moment de l’achat). Respectez aussi les règles de biosécurité dans votre élevage (vis-à-vis des visiteurs notamment). La vaccination peut aussi être une option.

A quels moments faire des tests de gestation ?
Réalisez un test de gestation précoce, dès 28 jours : cela permet d’identifier les vaches vides au plus tôt, pour les ré-inséminer rapidement. Puis, une confirmation autour de 60 à 80 jours, permet de détecter les pertes embryonnaires. Si vous ne voulez faire qu’un seul test, privilégiez plutôt celui à 60 jours (mais si la vache est vide, on a perdu beaucoup de temps). Enfin, les éleveurs demandent parfois d’effectuer un test de gestation avant le tarissement afin d’éviter de tarir une vache vide en pensant qu’elle va vêler.

Comment diagnostiquer précocement la gestation ?
Pour diagnostiquer la gestation, il est possible de réaliser une échographie ou un test de gestation dans le lait. Chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients. L’échographie permet, par exemple, de dater l’embryon (à condition de la faire entre 30 et 80 jours). En revanche, parmi ses inconvénients, elle implique de bloquer les vaches : c’est de la manutention, du stress et du temps à passer. De son côté, le test de gestation dans le lait, est fiable dès 28 jours, mais ne permet pas de dater l’embryon. En revanche, c’est pratique, rapide à faire, et cela n’impose aucune manipulation : on prélève un échantillon pendant la traite, et on sait si la vache est gestante ou non… Les éleveurs l’apprécient car cela leur fait gagner du temps.

 

Détection des chaleurs

L’œil de l’éleveur est, incontestablement, un «outil» clé pour détecter les chaleurs des vaches. Reste qu’en période d’activité en plaine, la vigilance en la matière est moindre. Or, si la détection des chaleurs n’est pas suffisante, les conséquences sont nombreuses : augmentation de l’intervalle vêlage-vêlage (IVV), augmentation de l’âge au vêlage tardif, multiplication de l’insémination artificielle (IA), recours aux taureaux, hausse du nombre de réformes. Traduction : au final, une perte d’argent. Le coût estimé pour une augmentation de l’IVV est entre 2 à 4 par jour. Gènes Diffusion propose un système de détection des chaleurs via sa «Heat Box», soit un logiciel, des colliers connectés à poser au moment des vêlages, et une antenne de longue portée. Les taux de conception sont maximisés grâce à l’analyse des moments de chaleur.


Pour inséminer dans de bonnes conditions

Principaux objectifs
:
- Immobiliser efficacement les vaches
- Intervenir dans le calme
- Procurer une bonne position pour l’inséminateur
- Séparer la vache en chaleur, tout en gardant un contact visuel sur le troupeau

Points clés pour l’emplacement de l’espace :
- Garder le contact visuel avec les congénères
- Utiliser les circuits habituels des animaux
- Rendre possible un accès direct pour l’intervenant extérieur
- Faciliter le nettoyage et la désinfection

Points clés pour l’aménagement de l’espace :
- Un box pour 25 à 30 vaches
- Une surface de 16 à 20 m2 avec des côtés de 4 à 5 m
- Un sol en marne compactée non glissant
- Un accès spécifique avec point de lavage
- Un éclairage spécifique et une prise électrique
- Un dispositif de contention à 30 cm du sol : une porte de blocage vers les autres animaux, associée à une barrière de 1,70 m + chaîne de 1,50 m
- Une seconde lisse à 1 m du sol et 1,20 m de la porte pour dégager l’animal du mur
- Un point d’alimentation en eau + fourrage
- Un passage d’hommes à 35 cm
- Une tablette repliable
- Un tuyau de vide
- Une barrière césarienne

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