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Elevage : plus de cohérence pour plus de marge !

Nathalie Poiret et Stéphane Leclercq ont ouvert les portes de leur exploitation à Airaines (80). Un exemple concret d’optimisation d’un système.

Nathalie Poiret et Stéphane Leclercq.
Nathalie Poiret et Stéphane Leclercq.
© ACE


Nathalie Poiret a repris l’exploitation familiale en 1999 avec Stéphane Leclercq. Très rapidement, et sans aucun «gigantisme», quelques travaux d’aménagement sont entrepris pour améliorer les conditions de logements des animaux et celles du travail. En près de vingt ans, la production laitière a augmenté de 100 000 litres et, en 2017, 350 000 litres ont été livrés. Ces quelques éléments, posent déjà l’orientation prise par les éleveurs : valoriser l’existant pour vivre de leur travail.
«A court terme, sur les deux prochaines années, nous allons essayer de réduire au minimum les investissements, voire ne pas en faire. Cela permettra d’assainir la trésorerie qui est, comme dans beaucoup d’élevages, tendue, malgré tous les efforts ! Depuis deux ans, je ne mets pas d’engrais de fond, cela peut être un risque, même s’il y a du fumier épandu», explique l’éleveur. Sur ce point, Nicolas Maréchal, conseiller à Avenir conseil élevage (ACE), précise qu’il aurait pu être intéressant de procéder à des analyses foliaires sur prairies ou de sol sur les cultures pour vérifier la pertinence de ces impasses. A plus long terme, Nathalie Poiret et Stéphane Leclercq ont conscience que l’atelier lait passera nécessairement par des investissements dans les installations.
Si l’impasse sur la fumure de fond est un premier levier d’action, radical certes, ce n’est pas la seule évolution de cet élevage. Depuis 2016, le couple travaille avec le conseiller ACE à la réduction de la quantité de concentrés distribués. Cet objectif est apparu de manière inévitable suite au premier calcul de la marge brute en 2016. Les résultats ont mis en évidence un coût alimentaire de 150 euros/1 000 l tandis que la moyenne des 380 marges calculées se situait à 126 euros. La marge de progrès était évidente, mais la solution pour la gagner a nécessité de prendre le temps de la réflexion. «Nous avons analysé tous les chiffres en notre possession, et avons décidé d’axer principalement notre stratégie sur la quantité de concentrés distribués, sans que les résultats techniques en pâtissent pour autant.»

130 g de concentrés en moins !
Sur la campagne 2016, un litre de lait livré nécessitait l’apport de 290 g de concentrés. Pour réduire cette quantité, les éleveurs ont élaboré, avec le conseiller d’ACE, un outil très simple sous forme d’un tableau pour adapter la quantité distribuée à la quantité de lait livré. Autrement dit, la problématique est posée ainsi : «Combien de concentrés dois-je distribuer pour atteindre un objectif de 190 g/l ?».
Cette manière de voir peut interpeller, mais c’est un excellent moyen de ne pas se détourner de l’objectif initial. «Au début, cela fait un peu peur. Je craignais de pénaliser la production, mais je ne regrette pas mon choix. Je complète tout de même à l’auge pour les fraîches vêlées avec, en moyenne, 2 kg d’un VL 3 litres pendant deux mois. Le tableau simplifie la conduite alimentaire. Il oblige l’adaptation de la voilure et nous interroge sur les achats. Par exemple, actuellement, il n’y a plus de pulpes sèches, puisque le prix n’était pas suffisamment intéressant. En fait, c’est un bon outil pour initier la gestion de la complémentation.»
Le résultat de la deuxième marge (campagne 2017) démontre l’im­pact positif de la démarche. La quantité de concentrés distribués atteint 160 g/l, soit 130 g en moins. Le coût alimentaire des VL est passé de 125 à 88 euros/1 000 l. Au global, les modifications de conduite alimentaire ont permis de diminuer le coût alimentaire troupeau lait (VL et génisses) de 35 euros/1 000 l, soit plus 12 000 euros d’économie !

Pour les prairies
Pour mieux valoriser les surfaces fourragères, deuxième axe de travail identifié grâce au calcul de la marge brute, Nathalie et Stéphane ont fait le choix de rénover une partie des prairies. «Nous avons des terres blanches. Dans un premier temps, je souhaitais mettre un mélange plutôt classique à base de ray-grass et trèfle. Mais, finalement, nous avons choisi d’implanter, en août 2017, de la luzerne sur trois hectares. L’objectif est de faire trois à quatre coupes, une en foin, et le reste en enrubannage.»
En complément, deux hectares de mélange Suisse (prairie multi-espèces composée de graminées et légumineuses) ont été semés à la même époque. En contrepartie d’une semence beaucoup plus chère, ces prairies offrent a priori l’avantage d’une pousse plus régulière avec une appétence constante, tout en réduisant les besoins d’engrais. Même s’il est encore trop tôt pour savoir si ces vertus se vérifient, des démarches d’amélioration sont clairement entreprises.

L’exploitation en bref

Exploitation individuelle de Nathalie Poiret

Stéphane Leclercq est salarié de l’exploitation
350 000 l de lait à produire
116 ha SAU, dont 15 ha de maïs et 15 ha de prairies permanentes
40 vaches présentes à 8 750 l (moyenne technique)
TB : 40,2 TP : 32,2

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