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Ferme agro-écologie 3.0 : bilan des premiers résultats

La Chambre d’agriculture de la Somme a présenté un premier bilan des résultats obtenus sur la Ferme 3.0 d’Aizecourt-le-Haut.

Trois ans déjà que la Ferme 3.0 a pris ses quartiers dans l’exploitation agricole de Jean-Marie Deleau, à Aizecourt-le-Haut. Trois ans déjà que l’agriculteur, les ingénieurs de la Chambre d’agriculture de la Somme et d’Agro-Transfert expérimentent procédés, techniques culturales, outils d’aide à la décision, robots, drones, consoles… pour trouver les clés permettant à l’agriculture d’être rentable demain, économe en intrants, respectueuse de l’environnement, mais aussi comment améliorer la fertilité des sols.
Dans cette ferme, l’ambition est double. D’une part, elle doit être une vitrine permanente des innovations technologiques, robotiques, agronomiques, etc., qui y sont développées et mesurées in situ. D’autre part, elle doit servir de lieu d’expérimentation de systèmes de culture «en rupture» sur 20 hectares mis à disposition.
«L’ADN de la ferme repose sur quatre piliers : des programmes numériques, un conseil global et technique, des expérimentations au champ, la traçabilité et la saisie des données», explique Philippe Touchais, responsable du service Pôle végétal à la Chambre d’agriculture de la Somme. Avec des objectifs, pour l’exploitant, touchant à la fois à la compétitivité de l’exploitation, à l’expérimentation des innovations technologiques existantes, à l’optimisation des intrants et à la réduction des charges. Voilà pour le cadre.

Bilan sur l’utilisation des intrants
2017 a été encore une année atypique pour le blé tendre, avec un rendement correct à hauteur de 84 q/ha, obtenu avec des variétés tolérantes, semées à partir du 14 octobre. Le choix initial était de ne pas utiliser d’insecticides sur le tour de la parcelle. 20 % ont été finalement traités à la suite d’alertes pucerons. Côté fongicides, le premier choix était de suivre les modèles pluri-maladies. Au final, l’indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT) est de 3,14 contre 5,24 en 2014. Un bon résultat, au final, mais qui s’explique aussi par le fait que 2017 a été une année à faible pression maladie.
Pour la culture de betteraves sucrières, le démarrage de la campagne 2017 a été difficile par les conditions d’implantation, qui ont été assez tardives (fin mars) et en conditions séchantes. A cela se sont ajoutées des levées hétérogènes s’échelonnant sur un mois, entraînant notamment un désherbage délicat. «Un rattrapage binage a dû être réalisé. Le robot s’est révélé inadapté. Quant au désherbage localisé des vivaces, la géolocalisation a été effective, mais il a fallu quand même pratiquer un désherbage manuel», précise Philippe Touchais. Si, au final, les rendements se sont révélés bons, soit une moyenne de 87 t/ha contre 77 t/ha en 2014, l’IFT total, lui, a grimpé à 5,94 contre 3,89 en 2016 et 2,99 en 2014. Le contexte de la campagne expliquent les résultats obtenus.
Pour les pommes de terre, l’année a été «plutôt bonne», avec un rendement légèrement inférieur aux années précédentes, soit 45 t/ha contre 46 t/ha en 2016 et 2015, et 47 t/ha en 2014. Côté IFT, une petite baisse des phytosanitaires a été enregistrée, soit 18,9 contre 20,39 en 2016, qui s’explique avant tout par la faible pression mildiou. «En revanche, nous avons rencontré des difficultés sur la partie défanage. Deux passages de défanants ont été nécessaires pour arrêter le cycle», explique le responsable du Pôle végétal. A noter, pour cette campagne, l’usage de la sonde capacitive Corhize pour le pilotage de l’irrigation. «Nous avons constaté un bon suivi, mais il sera nécessaire de recalibrer la sonde pour déterminer l’humidité à la capacité au champ sur limon argileux et argilo-calcaire pour la campagne prochaine», indique-t-il.
Enfin, pour la culture des flageolets, l’année s’est révélée excellente avec de très bons rendements, soit autour de 83 t/ha contre 66 t/ha en 2016. En revanche, l’IFT, lui, est en hausse, atteignant 8,44 contre 6,37 en 2016. Deux points sont à améliorer, le désherbage mécanique et un suivi technique plus poussé pour les observations sur les ravageurs.

Vers une agriculture de haute précision
Le projet est le suivant : tester et améliorer des prototypes (matériels, capteurs, etc.) ; intégrer les technologies de guidage et transfert des données ; et vérifier la comptabilité des solutions proposées. Parmi le matériel testé, s’il ne fallait en citer qu’un, ce serait Dino. Ce robot a fait son entrée sur l’exploitation d’Aizecourt-le-Haut. Conçu par une start-up toulousaine, Naïo-Technologies, pour le désherbage des salades, ce robot, d’un poids de 600 kg, hors outils, avec une autonomie de travail de quatre heures et une vitesse de travail de 4 à 6 km/h, a été adapté pour les grandes cultures sarclées de la ferme d’Aizecourt-le-Haut.
Initialement conçu pour un trajet sur planche de 1,35 m, un travail à 20 cm sur trois rangs et adapté sur salade avec correction guidage par caméra, l’adaptation a été réalisée pour un mode courbe et plein champs à la Ferme 3.0, avec un travail à 35 cm sur six rangs et un guidage GPS RTK uniquement.
«Ce fut un gros boulot pour l’adaptation du système de binage et du système de guidage du robot. Désormais, le robot peut biner en lignes sinueuses. En revanche, quand il prend la courbe, il a tendance à se rapprocher encore trop de la ligne de semis. Il va donc falloir travailler sur l’outil de correction du binage via le guidage actif», explique Philippe Touchais.
Autres objectifs pour la campagne 2018-2019 : élargir les fonctionnalités du robot (test de binage inter-rang et désherbage chimique localisé sur le rang) et intégrer un itinéraire de désherbage comparatif sur betteraves, haricots et colza (binage sur l’inter-rang, voire sur le rang de la culture, amélioration des outils selon les cultures et les stades).

Systèmes de culture en rupture
Trois expérimentations sont menées sur des rotations de plusieurs années. La première, «Réseau de sites», consiste à mesurer l’impact de l’introduction de cultures de biomasse au sein de systèmes de culture à destination alimentaire. Les tests ont été menés sur trois systèmes : Scop, betteraves, et légumes-pomme de terre. Les premiers résultats indiquent que les rendements des cultures traditionnelles sont globalement dans la moyenne de la région. Reste que des difficultés techniques sont à travailler telles que la gestion des repousses dans les Cives et doubles cultures, ou encore la fertilisation des cultures associées aux légumineuses.
La seconde expérimentation, «Phyt’Less», vise à réduire significativement l’utilisation des produits phytosanitaires. Les tests sont menés sur une rotation de six ans avec des céréales, des betteraves, des légumes et des pommes de terre. Sur les trois conduites testées, celle en conduite intégrée 3.0 enregistre un IFT de - 23 % et celle en conduite Phyt’Less un IFT de - 41 % par rapport à la référence dite «assurance locale».
Enfin, la troisième expérimentation, «Sols vivants», qui démarre cette année, a pour objectif de suivre l’état biologique des sols et les pratiques pour améliorer globalement leur fertilité et leurs performances agronomiques. Elle sera menée sur une rotation de cinq ans avec COP et betteraves à la Ferme 3.0. Ensuite, d’autres essais seront réalisés en lien avec deux groupes d’agriculteurs, l’un dans les Hauts-de-Somme, l’autre à Poix-de-Picardie. Affaire à suivre.

La ferme

- Exploitation individuelle : 4 UTH
- Région agricole : le Vermandois
- SAU : autour de 340 ha
- Types de sols : limons, argileux, argilo-calcaires, cranettes, biefs, argiles à silex
- Parcellaire : parcelles regroupées dans un rayon de 5 km autour de la ferme
- Cultures : blé, pomme de terre de consommation et de transformation, orges de printemps et d’hiver, betterave, colza et haricot

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