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Guillaume Roussel : «La conversion en bio, c’est un projet global»

Guillaume et son père ont converti leur exploitation en bio, l’an dernier, à Hiermont.

Pour l’alimentation de ses vaches, Guillaume Roussel a choisi l’affouragement en vert. Les vaches sont en meilleure santé et le goût du lait meilleur.
Pour l’alimentation de ses vaches, Guillaume Roussel a choisi l’affouragement en vert. Les vaches sont en meilleure santé et le goût du lait meilleur.
© AAP


La production laitière les passionne. D’ailleurs, depuis quatre ans, ils travaillent sur le croisement trois voies. Traduction : ils croisent de la Prim’Holstein, de la Normande ou de la Flamande, puis de la Jersiaise. «Chacune présente de grands inconvénients, mais en les croisant, on cumule les avantages de toutes», s’enthousiasme Guillaume Roussel. Lui et ses frères aimeraient s’installer sur la ferme, mais avec 70 ha et 45 vaches laitières, «il manque un petit peu», dit-il. Sauf si l’on réfléchit bien à la valeur ajoutée que l’on peut trouver. La réponse viendra du côté de l’agriculture bio.
Le père est un passionné de l’herbe, Guillaume, lui, veut produire plus sainement. Une réflexion qu’il a déjà entamée dans sa thèse sur la façon d’optimiser les processus biologiques pour produire. Une première rencontre avec l’ABP en 2007 (où il œuvre en tant qu’ingénieur agronome, ndlr) révèle que la con­version en bio ne laissera aucune marge de manœuvre sur le plan financier. Le marché bio est alors encore incertain. L’idée est mise de côté, mais sur l’exploitation, père et fils testent déjà des cultures bio et des prairies. Trois ans plus tard, avec l’appel de pied de Lact’Union à ses adhérents pour produire du lait bio, le projet revient sur le tapis. Mais les annuités qui restent encore à payer pour le bâtiment et sa mise aux normes plombent l’initiative. Ce n’est qu’en 2015, une fois les annuités réglées, et le marché bio bien «mûr», qu’ils décident de se lancer.

Une conversion non simultanée
C’est en lisant dans le détail le cahier des charges européen que Guillaume découvre la conversion non simultanée. A savoir, d’abord les cultures, puis l’année suivante, les vaches. «L’intérêt est que cela permet une conversion en douceur et progressive, parce que techniquement, on évacue les stocks. Puis, sur le plan économique, le coût de la conversion est dilué sur huit à dix ans au lieu de deux à trois ans», précise-t-il. Seule contrainte dans ce type de conversion : au mois de mai, les animaux doivent consommer de l’herbe en C2 ou bio, soit donc du pâturage ou de l’affouragement en vert. C’est la seconde option qui sera choisie. Autre règle à laquelle il ne faut pas déroger : l’anticipation au semestre.
Mais, quel que soit le système de conversion choisi, les changements sont conséquents. De 30 ha consacrés à l’alimentation des bêtes, père et fils passent à 65 ha, toutes alimentations confondues. La conversion entraîne aussi l’arrêt de cultures industrielles telles que la betterave sucrière, les pois de conserve et, temporairement, le lin textile. Ils ont aussi dû s’équiper pour stocker les céréales, mais aussi de matériel pour le désherbage mécanique avec la Cuma et pour l’affouragement en vert à leur compte. «En ayant décidé de laisser l’ensilage pour l’affouragement au vert, on peut donner de l’herbe fraîche aux vaches du
15 mars au 15 octobre, voire jusqu’au 15 novembre», dit Guillaume.
Autant de choix qui impliquent une technicité particulière à acquérir tant sur la production de lait que l’affouragement ou le choix des espèces et des variétés. «Nous avons mis en place neuf parcelles de prairie et de fauche pour faire des tests. Si nous faisons cela, c’est parce que la diversité crée la sécurité», détaille-t-il. «Parfois, on se fait peur, mais ça vaut le coup», ajoute le père.
Outre le plaisir de faire autrement, de ne plus être exposé aux phytos, du retour du carbone dans les sols et de la biodiversité avec les cultures, la conversion offre sur le plan économique la garantie d’une stabilité. «On ne dépend plus des autres, juste de notre savoir-faire. A nous de maintenir les rendements d’une année à l’autre. En plus, avec le bio, on favorise les circuits courts, ce qui dynamise le territoire sur lequel on est», commente-t-il. Des projets de diversification, père et fils n’en manquent pas. Mais chaque chose en son temps. «Sur ces parcours de conversion, il n’y a pas de recettes, rappelle Guillaume. A chacun de la trouver. Mais quelle qu’elle soit, ce qu’il faut trouver, c’est la cohérence du système.»

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