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Agrovirtuose : ils osent le passage au virtuel dans l’agro-alimentaire

Mardi 27 mars, Agro-Sphères et Opcalim présentaient le projet «Agrovirtuose», soit la première formation en réalité virtuelle pour la filière agro-alimentaire, qu’ils lancent avec neuf entreprises des Hauts-de-France.

Agro-Sphères, Opcalim et neuf enteprises de l’agro-alimentaire des Hauts-de-France lancent «Agrovirtuose»
Agro-Sphères, Opcalim et neuf enteprises de l’agro-alimentaire des Hauts-de-France lancent «Agrovirtuose»
© F. G.


Les amateurs de jeux vidéos en réalité virtuelle ne seront pas dépaysés avec «Agrovirtuose», un outil de réalité virtuelle, conçu par la société Evaveo, à la demande d’Agro-Sphères (association au service de la filière agro-alimentaire) et d’Opcalim (organisme paritaire collecteur agréé des industries alimentaires, de la coopération agricole et de l’alimentation en détail). Casque de réalité virtuelle sur la tête, les salariés seront plongés dans une usine virtuelle. Leurs missions ? Savoir quels sont les bons gestes à avoir avant de prendre son poste. Comment réagir en cas d’incendie ou d’accident ? Quels sont les équipements de sécurité ?….
Deux modes à leur disposition : en apprentissage et en évaluation des acquis sur la sécurité, l’hygiène et la qualité. Théoriquement, chaque scénario (cf. encadré) dure entre vingt et vingt-cinq minutes. En mode évaluation, cela peut aller plus vite. Enfin, la session peut être arrêtée à tout instant, et reprise ultérieurement au même endroit. Adieu donc le temps des journées de formation à s’ennuyer ferme, enfermé dans une salle. L’intérêt de cet outil ? «Outre le fait qu’en vivant les situations, on retient plus facilement, on peut se former sur site, et plus besoin d’une journée pour organiser une formation. On le fait quand on veut. C’est un outil, par ailleurs, facile à utiliser. Enfin, il peut être évolutif et personnalisable», précise Emmanuel Prouvost, conseiller formation chez Opcalim.
Si cet outil de réalité virtuelle a été choisi, ce n’est pas vraiment le fruit du hasard. Les industries agro-alimentaires peinent à recruter, tant dans le domaine de la maintenance, que désormais dans celui des process. Aussi proposer des outils numériques correspondant à l’univers des jeunes peut redonner une image attractive de la filière. Autre facteur déclencheur : des difficultés récurrentes sur le plan de la sécurité, mais aussi de l’hygiène et de la qualité dans les entreprises agro-alimentaires.
A cela s’est ajouté le coup de pouce du destin avec la Charte filière alimentaire signée dans le cadre du contrat de filière, le 5 mai 2017. Celle-ci met notamment l’accent sur le développement d’une offre de formation innovante clés en main pour les TPE et les PME. Et pour couronner le tout, neuf entreprises agro-alimentaires des Hauts-de-France décident de se fédérer autour du projet (cf. ci-dessous).

Le futur est le virtuel
Reste que le choix de la réalité virtuelle pour la formation a été un long processus de maturation. Tout commence par un atelier club Ressources humaines d’Agro-Sphères, animé par Opcalim, en avril 2017, qui planche notamment sur un outil de formation style e-learning pour les consignes d’hygiène dans les entreprises. Juin 2017, les comités de suivi et de pilotage Charte filière alimentaire valident un projet de construction d’un outil de formation numérique. Soit la possibilité de financements à la clé.
Un mois plus tard, un groupe de travail est créé sur la réalité virtuelle. Son objectif ? Créer un outil commun de formation pour les salariés en agro-alimentaire en matière d’hygiène et de sécurité. «Trouver l’outil de réalité virtuelle pour toutes les entreprises agro-alimentaires n’a pas été simple. Nous nous sommes donc concentrés sur leurs points communs en matière de sécurité. Or, toutes ont la même volonté, soit assurer le bien-être des salariés sur leur lieu de travail», commente le conseiller formation chez Opcalim.
Des visites d’entreprises suivent par PME Université et Evaveo pour présenter la technologie sur les sites. Décembre 2017 : validation définitive du projet et constitution d’un cahier des charges. 27 mars 2018, les porteurs de projet lancent «Agrovirtuose», sur le site de Saint Louis Sucre conditionnement, à Roye. Coût de l’investissement : 130 000 € financés par Opcalim, les entreprises partenaires et la Charte filière alimentaire (un tiers chacun). Septembre prochain sera le mois de tests grandeur nature, puis de la livraison d’«Agrovirtuose», nom de baptême signifiant «osez le virtuel dans l’agro-alimentaire», explique Emmanuel Prouvost. Ils ont osé.

Pourquoi les entreprises partenaires ont adhéré au projet «Agrovirtuose» ?

Si entre Saint Louis Sucre, Bonduelle, Florensuc, Lactinov, Bigard, Ets Lucien, ABCD nutrition, les Salaisons du Terroir et Agro-Mousquetaires, les stratégies et les objectifs ne sont pas forcément les mêmes, pas plus que la taille de leurs entreprises, toutes sont animées par le besoin de renforcer les formations en sécurité, qualité et hygiène. Autre préoccupation commune : attirer les jeunes talents dans un univers peu sexy pour eux.

Frédéric Savary, directeur de l’usine Bigard, à Flixecourt (80), ne dit pas autre chose. «C’est un outil attractif pour nos jeunes collaborateurs. Ensuite, la sécurité, c’est important pour nous et il nous faut répondre impérativement à toutes les crises que l’on a connues ces dernières années avec la viande», explique-t-il.
Pour Didier Hue, directeur des Salaisons du Terroir, à Villers-Bretonneux (80), «Agrovirtuose permet de donner un côté un peu plus moderne à notre métier et peut répondre aux attentes des jeunes. Or, il nous faut arriver à trouver des jeunes pour accompagner le développement de l’entreprise». Idem chez ABCD Nutrition, jeune entreprise spécialisée dans les produits diététiques bio et la nutrition, à Novillers (60), chez Saint Louis Sucre, à Roye (80), ou dans le groupe Agro Mousquetaires, qui teste «Agrovirtuose» sur son site des Moulins de Saint-Aubert, à Beuvry (62).
Chez tous, une même préoccupation : répondre aux exigences de formation des salariés sur l’hygiène, la qualité et la sécurité. Sans oublier, «l’intérêt de participer à un projet innovant et transversal», dixit Laurent Stoops, directeur général finances chez Lactinov, à Abbeville (80). Un outil capable de «répondre à notre recherche permanente de nouvelles solutions pédagogiques pour ancrer les bonnes pratiques. Avec la réalité virtuelle, on ne peut pas faire mieux», commente Jean-Paul Loviny, responsable formation France, chez Bonduelle, région de Lille (59).
Si le logiciel est gratuit pour les entreprises partenaires, le coût du matériel pour s’équiper oscille entre 2 000 € et de 4 000 €. Là encore, deux options seront proposées : l’achat ou la location. Mais les modalités ne sont pas encore fixées. Le réel rattrape toujours le virtuel.

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