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Innovation en matière de litières pour les vaches

Les frères Leleu, installés à Saint-Fuscien, ont mis en place une nouvelle méthode pour les litières de leurs bêtes.

© AAP


Installés depuis 2015 sur la ferme familiale, Thomas et Grégoire Leleu ne manquent pas d’activité entre la plaine et leurs 85 vaches laitières. Sans compter leur projet de transformation du lait pour faire des yaourts, crèmes, fromages…, qui a conduit notamment à la construction d’un nouveau bâtiment d’élevage couplé à un atelier de transformation et un magasin pour la vente directe.
Toujours à la recherche de solutions pour diminuer le temps de travail là où il est possible de le faire, ainsi que les coûts de production, la lecture d’un article sur un agriculteur des Pays-Bas ayant diminué sa consommation de paille grâce à l’utilisation de la dolomie (roche sédimentaire carbonatée, composée au moins de 50 % de dolomie, soit un carbonate double de calcium et magnésium, ndlr) retient leur attention.
«Sur l’exploitation, nous utilisons autour de 130 tonnes de paille par an pour la litière de nos bêtes, explique Grégoire Leleu. Réduire cette consommation ne peut être qu’intéressant pour nous. Par ailleurs, le paillage diminuant avec l’utilisation de la dolomie, selon ce que racontait l’article, cela pouvait aussi nous permettre de diminuer le temps de travail que l’on y consacre. Du coup, je me suis dit que l’on devait tester cette méthode dans notre exploitation. C’est comme cela que l’on s’est lancés.»

La méthode choisie
Première étape : trouver en France des carrières de dolomie. Sur les deux existantes, la première, dans le Nord, n’en produit plus, la seconde, en Poitou-Charentes, en fait toujours. Les deux frères estiment leurs besoins à environ 60 tonnes de dolomie par an, soit un coût avoisinant les 2 500 €.
Deuxième étape : comment l’utiliser ? Pure ou combinée ? La réponse est vite trouvée. Ce sera un usage combiné pour réduire le coût d’achat. «J’ai décidé de diluer la dolomie avec de la paille broyée et des anas de lin, car ces derniers ont un pouvoir absorbant aussi intéressant que la dolomie.» Pour 60 tonnes de dolomie par an, il faut 40 tonnes de paille broyée et 15 tonnes d’anas de lin, selon leurs calculs.
Une fois la «mixture» prête, une couche de 20 cm est épandue sur le sol, puis remuer avec un épandeur à fumier toutes les six semaines. «Ce mélange se transforme en compost, que l’on renouvelle seulement toutes les six semaines. Pour favoriser la pérennité de la qualité de ce compost, il faut donc jouer sur l’alimentation des animaux en privilégiant des aliments secs, sans trop d’azote et avec un taux de fibres important», précise Grégoire Leleu.

Les résultats
Le test est lancé cette année, de mars à août. Les résultats sont probants. Le gain de temps de travail est avéré puisqu’au lieu de faire le paillage tous les deux jours durant une bonne demi-heure, la nouvelle méthode permet de passer à deux heures toutes les six semaines. «Nous gagnons aussi du temps sur le curage», ajoute-t-il. Autres atouts : une consommation annuelle de paille revue à la baisse, soit de 130 tonnes dans le système classique à 40 tonnes, ce qui permet aussi de diminuer le stockage de la paille sous abri.
Sans oublier, sur le plan sanitaire, des litières maintenues à des températures qui ne dépassent pas les 20 °C, car ce mélange se composte sans créer de chaleur, ce qui n’est pas le cas du fumier qui, lorsqu’il se composte, engendre de la chaleur et de l’humidité. Or, qui dit absence de température et d’humidité, dit moindre risque en termes de développement de bactéries. Toujours sur le même plan sanitaire, comme le paillage a fortement diminué, moins de poussières sont soulevées, ce qui évite les problèmes respiratoires chez les jeunes bovins, particulièrement sensibles aux poussières.
«Si, au final, ce système mis en place n’est pas moins cher que le système classique, du fait de l’achat de la dolomie et des anas de lin, il présente un intérêt certain en termes de gain de temps de travail. Nous utilisons aussi beaucoup moins le télescopique, soit 150 heures en moins environ, ce qui a permis de réduire notre facture de gasoil», commente Grégoire Leleu.

Mise en garde
Si cette innovation porte ses fruits, le jeune agriculteur rappelle que, pour en tirer le meilleur parti, il faut être vigilant sur les rations alimentaires des animaux, la ventilation du bâtiment pour que ce compost sèche dans les meilleures conditions, et les fuites éventuelles provenant des abreuvoirs. «Nous devons aussi améliorer le temps de présence sur le caillebotis, devant l’alimentation des animaux, pour récupérer au mieux leurs déjections», ajoute-t-il.
Toujours à la recherche d’une meilleure articulation entre le gain de temps de travail, le bien-être animal et la baisse des coûts de production, les jeunes agriculteurs décident, fin août, de se lancer dans un nouvel essai, en remplaçant les anas de lin par le miscanthus. Reste qu’il est trop tôt pour faire le bilan. «La question pour nous est la suivante : doit-on rester sur la première innovation ou bien perfectionner la nouvelle ? Pour l’heure, nous réfléchissons», conclut Grégoire Leleu.

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