Aller au contenu principal

Interview : Génétique : pour l'inra, les NBT sont incontournables dans la recherche

Philippe Mauguin, Christine Cherbut, Carole Caranta, PDG de l’Inra, DG déléguée aux Affaires scientifiques et directrice département Biologie et amélioration des plantes
Philippe Mauguin, Christine Cherbut, Carole Caranta, PDG de l’Inra, DG déléguée aux Affaires scientifiques et directrice département Biologie et amélioration des plantes
© D. R.

 


Pourquoi l’Inra précise-t-il maintenant sa stratégie en matière d’utilisation de l’édition du génome végétal ?

Philippe Mauguin : Il s’agit de répondre à la fois aux questions en interne et à celles de nos partenaires scientifiques, acteurs économiques, ONG et aux pouvoirs publics. Les NBT (nouvelles techniques d’amélioration variétale, ndlr) sont incontournables dans la recherche en biologie végétale. Elles sont indispensables pour comprendre le fonctionnement du vivant et, en particulier, la fonction des gènes. Elles s’insèrent dans une palette d’outils qui peuvent contribuer à répondre à un grand enjeu :
la transition écologique de l’agriculture avec le souci de la performance économique et de la préservation des ressources.

Vous dites que l’édition du génome est incontournable pour la recherche. L’est-elle également pour l’agriculture ?
Philippe Mauguin : Ces techniques sont largement utilisées dans tous les labos en Europe, publics ou privés. Dire que l’édition du génome est incontournable pour l’agriculture européenne risque de crisper le débat. Essayons de dédramatiser. Oui, elles peuvent être utiles dans certaines circonstances, mais ce n’est pas le seul levier à mobiliser. Le biocontrôle, l’agronomie, le numérique sont des domaines majeurs de recherche. Il faut donc être au top dans l’exploration de ces différentes approches, et dans la combinaison des leviers si l’on veut réussir la transformation de l’agriculture européenne.

Quels sont les travaux de l’Inra en la matière ?
Carole Caranta : Tous nos travaux mobilisant l’édition du génome répondent à deux objectifs : l’acquisition de connaissances et la preuve de concept, en amont des programmes d’innovation variétale, pour montrer la plus-value de ces techniques pour certaines espèces et certains caractères d’intérêt agronomique. Cela concerne notamment la résistance aux maladies pour réduire les pesticides et l’adaptation des plantes à leur environnement. Nous conduisons, par exemple, un programme d’amélioration de la résistance aux virus, pour lesquels il n’existe aucun moyen de lutte chimique, alors que nous voyons une recrudescence de ces maladies liée à la prolifération des insectes vecteurs suite au changement climatique. Des chercheurs de l’Inra ont découvert, il y a une quinzaine d’années, des mutations ponctuelles dans un gène chez le piment qui confèrent une résistance à des virus. Ces mutations existent chez d’autres espèces comme le pois, mais sont absentes chez d’autres. Nos équipes ont réussi à reproduire ces mutations chez l’espèce modèle Arabidopsis thaliana et à la rendre résistante aux virus. L’édition des génomes nous permettrait, par exemple, de rendre des arbres fruitiers résistants à certains virus, comme la sharka, sous réserve d’en maîtriser la technique. Le gain de temps serait considérable : il faudrait une centaine de milliers de générations pour retrouver une ou deux mutations naturelles.
Autre exemple concernant le mildiou, une maladie qui nécessite quinze à vingt traitements par an sur la vigne. Des travaux sur Arabidopsis thaliana montrent que l’inactivation d’un gène permet d’obtenir une résistance à différents agents pathogènes dont le mildiou. Ce gène est conservé au sein du règne végétal. Sur la base de ces résultats, nous avons initié des travaux mobilisant l’édition des génomes pour inactiver ce gène chez la pomme de terre et la vigne, et déterminer si une résistance au mildiou pouvait être obtenue.

Une expérimentation au champ est-elle nécessaire ?
Carole Caranta : Dans la plupart des programmes, l’évaluation des plantes éditée est réalisée en chambre climatisée ou serre confinée. Il y a un besoin évident de réaliser des évaluations en conditions réelles de culture, en particulier pour tester la réponse des plantes aux fluctuations de l’environnement, difficile, voire impossible à reproduire en conditions contrôlées.

Y a-t-il un retard de la recherche en France sur ces techniques ?
Carole Caranta : En termes de production scientifique, la France est au niveau des autres pays européens, mais l’Europe est loin derrière les USA et la Chine.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Chaque année, environ 10 % des fermes du département de la Somme font  l’objet d’un contrôle administratif, ce qui apparait relativement faible selon  l’administration départementale.
«Trop» de contrôles chez les agriculteurs ? La DDTM répond

Lors de la session de la Chambre départementale d’agriculture de la Somme du 19 mars dernier, l’administration départementale…

Présentation des Prim'holstein.
Les vaches Prim’holstein, les stars de la Foire agricole de Montdidier

Le lundi 1er avril avait lieu la traditionnelle Foire agricole de Montdidier, avec de nombreux exposants. Parmi les…

dégâts sanglier approche affût 1er avril
Le tir du sanglier ré-autorisé à partir du 1er avril

La préfecture de la Somme a décidé de prolonger la période de chasse du sanglier dans la Somme sous conditions en modifiant l’…

Le retard pris dans les semis inquiète la CGB comme l’Institut technique de la betterave (ITB) avec un risque «jaunisse»  fort cette année.
Des premiers semis de betteraves sous un ciel nuageux

C’est toujours dans l’attente d’un contingentement des volumes de sucre importé d’Ukraine et de l’autorisation de certaines…

Vincent Verschuere conflit de voisinage loi
La loi sur les troubles de voisinage adoptée

L’Assemblée nationale a adopté le 8 avril en dernière lecture la proposition de loi portée par la députée Nicole Le Peih, (…

Le concours départemental de la race holstein reste l’un des temps forts de la Foire agricole de Montdidier.
Concours, démos et omelette géante pour la 31e foire agricole de Montdidier

Ce lundi 1er avril est organisée la foire de Montdidier. Attirant jusqu’à 30 000 visiteurs, les agriculteurs…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde