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«L’avenir de la production passe par une qualité sanitaire irréprochable»

Rencontre avec Jean-François Roussel, le nouveau président du Comité Nord.

Agriculteur à Campigneulles-les-Petites dans le Pas-de-Calais, 
Jean-François Roussel est le nouveau président du Comité Nord plants.
Agriculteur à Campigneulles-les-Petites dans le Pas-de-Calais,
Jean-François Roussel est le nouveau président du Comité Nord plants.
© D R


Le Comité Nord plants de pommes de terre a tenu son assemblée générale le 30 janvier à Amiens avec à sa tête un nouveau président. Après 20 ans à la tête de la structure, Jean-Charles Quillet, agriculteur dans l’Eure, a décidé de passer le relais. C’est Jean-François Roussel, agriculteur à Campigneulles-les-Petites dans le Pas-de-Calais, qui depuis octobre 2013 préside le Comité Nord. Il a répondu à nos questions.

Quel est votre parcours d’agriculteur ?
Je suis installé depuis 1987. Nous avons d’abord travaillé en Gaec et aujourd’hui nous avons constitué une Earl avec mon frère. Nous emblavons entre 52 et 53 ha de plants de pommes de terre chaque année. Mais l’exploitation reste diversifiée : nous cultivons aussi du blé, des betteraves, du lin et des légumes d’industrie. Nous avons également 1 ha de fraises hors sol et un troupeau de vaches allaitantes.

Depuis quand êtes-vous engagé au sein du Comité Nord ?
Le Comité Nord est organisé en 17 syndicats répartis sur l’ensemble du territoire au Nord de Paris. Depuis le début des années 1990, je me suis investi comme administrateur au sein du syndicat de la Côte d’Opale. J’en suis le président depuis sept ans. Avec 2 000 ha, c’est un des plus importants en termes de surfaces car la région a fait de la culture du plant de pomme de terre une de ses spécialités. Les syndicats sont un maillon essentiel du Comité Nord. Les producteurs peuvent y échanger sur la façon de travailler.

Pourquoi avez-vous choisi de vous investir dans une structure liée à la production de plants ?
C’est une production avec un vrai intérêt technique, dans laquelle il faut sans cesse se renouveler, suivre le progrès technique et se remettre en cause en permanence. C’est aussi une production avec une forte valeur ajoutée. Concernant mon engagement au sein du Comité Nord, j’ai eu envie de participer à la vie collective de la filière. C’est un cheminement au fil des années. L’aspect organisation de producteurs m’a motivé. C’est important d’être présent dans ce type de structures pour faire progresser la production.

Comment s’est déroulée l’année 2013 pour le Comité Nord ?
L’année est marquée par une augmentation des surfaces avec désormais plus de 11 800 ha de plants. On dénombre aussi quelques nouveaux adhérents. Globalement, les rendements sont légèrement inférieurs à ceux de 2012, notamment en raison du retard pris au printemps. Par contre, on observe une bonne qualité sanitaire des plants, moins de petits et gros calibres que l’an dernier et plus de moyens calibres, qui sont les plus demandés par les producteurs, notamment ceux qui pratiquent le buttage définitif.

Comment s’explique l’augmentation des surfaces ?
L’augmentation est progressive depuis les années 1990 et elle est surtout due à la spécialisation des exploitations avec des surfaces moyennes consacrées aux plants de pommes de terre plus importantes. Il y a 20 ans nous avions 7 000 ha et aujourd’hui en 2014 nous allons passer les 12 000 ha. Cela s’explique par le fait que la production de plants nécessite de lourds investissements en bâtiments de stockage, matériel de tri et de conditionnement... De plus, de la plantation à la commercialisation des plants, c’est une activité qui occupe toute l’année.

Le cœur de métier du Comité est le contrôle et la certification officielle des plants de pommes de terre. En quoi est-ce une mission essentielle ?
Pour cette mission, nous mettons notre personnel et nos laboratoires du site d’Achicourt dans le Pas-de-Calais à disposition du Service officiel de contrôle (SOC). Tous les ans, 310 000 tonnes de semences sont certifiées par le Comité Nord. La question du sanitaire est un aspect essentiel. Par ailleurs, dans le respect de la directive européenne, chaque parcelle qui accueille de la production de plants fait l’objet d’une analyse nématodes à kystes. C’est obligatoire pour obtenir la certification. Nous effectuons 37 000 analyses de sol chaque année. En France, cette problématique des nématodes a été prise à bras le corps par la filière car on ne peut pas faire de concession sur cet aspect. L’avenir de la production passe par une qualité sanitaire irréprochable : c’est la qualité sanitaire qui demain nous permettra encore de produire et qui permettra aux distributeurs de vendre nos plants. Aujourd’hui, le territoire français a une image de qualité avec un système de certification efficace. D’ailleurs, de nombreux obtenteurs étrangers, notamment allemands et hollandais, développent leurs plants en France. Il y a aussi des enjeux par rapport à l’export : avec 150 000 t de plants exportés chaque année, la France est le 2e pays exportateur derrière les Pays-Bas.

Le Comité Nord dispose aussi d’une station de création variétale à Bretteville-du-Grand-Caux en Seine-Maritime et d’un pôle de recherche et développement (R & D) à Achicourt. Quels sont les axes de travail ?
Nous avons besoin de variétés qui répondent aux exigences de nos différents marchés que sont le frais, la transformation industrielle et la fécule. D’une manière générale, nous devons trouver des variétés plus productives, avec une belle présentation, qui permettent de diminuer l’utilisation d’intrants. Il faut donc améliorer la résistance des pommes de terre aux phytopathogènes (bactéries, virus, organismes de quarantaine), notamment au mildiou. Il faut aussi trouver des variétés plus résistantes au stress hydrique. Aujourd’hui, nos recherches se portent plus sur des critères de qualité que de productivité. Tous ces paramètres sont pris en compte au sein du Comité Nord, mais c’est un travail de longue haleine. Il faut près de 10 ans pour créer une nouvelle variété. La filière plants est une filière qui se prend en main et engage des sommes importantes pour la recherche, financée à près de 90 % par les producteurs.

Où en sont les discussions autour de l’accord professionnel concernant l’autoproduction de plants et la rémunération des obtenteurs ? Quelle est la position du Comité Nord sur ce sujet ?
Les discussions entre obtenteurs et producteurs n’ont pas encore abouti, mais la loi qui s’applique actuellement est claire : l’utilisation de plants de ferme de variétés protégées est autorisée à condition de rémunérer l’obtenteur à hauteur de 50 % à 100 %. S’il n’y a pas d’accord, celui qui fait de l’autoproduction sans payer de droits d’obtenteur est un contrefacteur. Il faut rappeler que les investissements pour trouver de nouvelles variétés sont très lourds. Sur le volet sanitaire, les analyses nématodes sont aussi valables pour les producteurs qui font de l’autoproduction. Nous avons un intérêt collectif à maintenir un territoire sain, ce patrimoine est notre outil de travail. Les pays capables de faire des semences de pommes de terre ne sont pas si nombreux, ce qui laisse de beaux espoirs de développement.

EN CHIFFRES

Le Comité Nord en 2013 n 420 producteurs

  • 310 000 tonnes de semences certifiées par an, dont 70 000 tonnes exportées.
  • 240 variétés cultivées à 80 % étrangères.
  • 11 850 hectares.
  • 3 à 6 nouvelles variétés inscrites chaque année par le Comité.
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