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«La Der des Ders» du Conseil régional et du président de Picardie

Vendredi 13 novembre avait lieu la dernière assemblée du Conseil régional de Picardie, avant sa fusion avec le Nord-Pas-de-Calais. L’occasion, pour son président, de faire le point sur le passé et le futur de la collectivité régionale.

Claude Gewerc, président de la Région Picardie : «Dans cette campagne, j’entends tout le temps parler de la grande région, mais un mot a disparu, c’est la Picardie.»
Claude Gewerc, président de la Région Picardie : «Dans cette campagne, j’entends tout le temps parler de la grande région, mais un mot a disparu, c’est la Picardie.»
© AAP

Vendredi 13, date funeste pour certains, jour de chance pour d’autres. Date historique dans tous les cas pour le Conseil régional de Picardie qui, après cinquante-cinq ans d’existence (création de la région administrative par décret du 2 juin 1960, ndlr), tenait sa dernière assemblée générale avant sa fusion avec le Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, en janvier prochain. Mais date historique bien plus encore pour la France, en état de choc ce même jour, après les multiples attentats commis contre différents lieux de la capitale dans la soirée, causant la mort de plus de 130 personnes, et en blessant plus de 350. A côté d’un tel drame, les préoccupations suscitées par la fusion des régions semblaient alors presque futiles, ce qu’elles ne sont pas pour autant.
Pour Claude Gewerc, président du Conseil régional depuis 2010, «c’est une surprise et pas une bonne». Mauvaise surprise, parce que, selon lui, «il ne fallait pas commencer par la fusion tout de suite. Il fallait travailler à un rapprochement des deux collectivités sur un mandat de six ans, ce qui leur aurait laissé le temps de travailler ensemble, car nos deux régions sont distinctes, et nos politiques ne se recoupent pas toujours. Par exemple, les politiques territoriales n’existent quasiment pas dans la région Nord-Pas-de-Calais». Mais, néanmoins, «une fois cela dit, personne ne pourra mettre fin à la région historique de Picardie», ajoutait-il. Si la région historique perdurera à l’évidence, c’est bien la fin d’une histoire qu’incarnait la dernière assemblée plénière du Conseil régional de Picardie.
Et les craintes du président de s’accentuer au vu de la teneur des propos des candidats en lice. «Dans cette campagne, j’entends tout le temps parler de la grande région, mais un mot a disparu, c’est la Picardie. Je voudrais savoir ce que la Picardie va devenir. Les territoires existent pourtant. D’un côté, il y a le Nord-Pas-de-Calais avec ses six millions d’habitants, de l’autre, la Picardie avec ses deux millions d’habitants. Que vont devenir ces territoires ? Plus encore, la question qui se pose, et à laquelle aucun candidat ne répond, c’est quel modèle de région et de développement veut-on pour cette future grande région ?», interroge-t-il.

Créer les conditions de la continuité
Compte tenu du flou artistique qui domine autour de la fusion des régions - localisation géographique des services, répartition entre les deux régions, devenir du personnel et des locaux picards, mise en route des décisions, etc. - le Conseil régional de Picardie a joué la carte de la prudence en inscrivant à son dernier ordre du jour toute une série de décisions et d’affectations de budgets afin que, quelle que soit la majorité qui sortira des urnes, les dossiers en cours ne soient pas bloqués.
Une façon aussi de mettre cette future majorité devant ses responsabilités si elle décide d’abandonner certains dossiers. «Je ne suis pas en train de fixer un cap à la nouvelle majorité qui sera choisie. Je créé juste les conditions nécessaires pour éviter que celle-ci ne puisse dire que c’est impossible de mener à bien tel ou tel projet. Si elle les arrête, ce sera son choix. Elle devra l’assumer», commente Claude Gewerc. Ce qu’il espère, en tout cas, dans le cadre de cette future grande région, ce sont que les pôles d’excellence existants sur les territoires soient reconnus.

La Picardie, dans le peloton de queue ?
C’est la critique récurrente qui revient dans les discours des candidats en lice. «Certes, dit le président de la Région, mais il faut regarder d’où l’on partait, notamment par rapport à l’accession aux diplômes.» Et de souligner que si le retard n’a pas été rattrapé, la Région a bien avancé, notamment grâce au fait que «c’est la seule Région qui consacre autant d’argent pour les étudiants». Une différence notoire avec la Région Nord-Pas-de-Calais, qui fait craindre à Claude Gewerc que cet effort ne soit pas maintenu à la même hauteur.
Autre domaine sur lequel les critiques pleuvent drues : la politique ferroviaire. «Oui, cette politique est un échec, mais c’est celui de la SNCF. On a mis les moyens sur les voies, les gares et le matériel. Mais on est au bout du système, il faut inventer autre chose.» Si la régionalisation des transports n’a pu apporter des solutions suffisantes aux dysfonctionnements du système, «qui aurait investi un milliard d’euros comme nous l’avons fait ?», demande Claude Gewerc. Avant de répondre : «Personne ! Hors de l’Ile-de-France, la Picardie est la région qui a consacré le plus d’argent dans les TER. Il n’empêche, les gens ont raison de gueuler.»
Dans les résultats mitigés se trouve aussi la politique de l’apprentissage, qui tablait sur 15 000 jeunes. Le cap n’a pas été atteint. «C’est la responsabilité de tout le monde, reconnaît le président. Mais la première revient aux chefs d’entreprise. D’une part, parce que l’apprentissage n’est pas du tout dans la culture française. D’autre part, parce que les emplois aidés sont venus en concurrence de l’apprentissage. D’ailleurs, au sujet des emplois aidés que l’on me reproche d’avoir créés, il faut arrêter de nous prendre pour des cons. Tous les gouvernements ont créé des emplois aidés.»

Paroles tenues
Face à toutes ces critiques, Claude Gewerc rappelle que ses engagements de campagne ont été tenus, même si les résultats escomptés n’ont pas toujours été au rendez-vous. Il voulait que la Picardie devienne une région solidaire, au plus près de ses administrés. Pari réussi. Par ailleurs, plutôt que de courir plusieurs lièvres à la fois, le choix a porté sur la création de pôles d’excellence. Autre pari réussi avec la création d’un pôle de compétitivité IAR, la première place de la région dans la chimie verte, la création de pôles de recherche et universitaires, le développement des circuits courts, le soutien de l’agriculture durable, etc.
«Les pôles d’excellence existent bel et bien en Picardie. Nous avons réussi et d’autres projets de même teneur sont en cours. Il m’aurait fallu deux autres mandats pour aboutir, mais, apparemment, ils n’étaient pas d’accord. J’ai compris que ma présence n’était pas souhaitée», glisse-t-il.
Mais l’amertume n’étant pas sa nature - «c’est le terme de mon mandat, il faut l’accepter», dit-il - avant de se retirer de la scène politique, le président préfère insister sur le fait que les engagements pris ont été «largement tenus. Nous avons fait des tas de choses et avons réussi à faire bouger les lignes, mais pas toutes, notamment en raison de l’existence de fortes pesanteurs culturelles dans la région». S’il avait un seul conseil à donner aux candidats en lice, ce serait celui-ci : «N’oubliez pas la Picardie !»

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