Aller au contenu principal

La filière porcine française est face à des enjeux colossaux

Une journée dédiée à la compétitivité du secteur porcin s’est déroulée le mardi 5 décembre.

Paul Auffray, président de la FNP.
Paul Auffray, président de la FNP.
© AAP


«Aujourd’hui, la filière porcine française est en saturation. On est à un point de rupture qui se traduit par un plafonnement de la production. [...] Le modèle d’élevage à la française a atteint ses limites», analyse Paul Auffray, président de la Fédération nationale porcine à l’occasion de la troisième journée d’échanges sur le thème de la compétitivité, organisée par l’Institut du porc (Ifip), le mardi 5 dé­cembre.
Si la filière française présente des avantages certains à ne surtout pas omettre, elle pâtit d’un déficit de compétitivité établi et reconnu de tous vis-à-vis de ses principaux pays concurrents, en premier lieu desquels figurent l’Allemagne et l’Espagne. «Les performances zootechniques sont bonnes et la production hexagonale bénéficie d’une excellente image», tempère néanmoins Christine Roguet, économiste à l’Ifip. Mais la concurrence étrangère présente elle aussi des atouts qui, aujourd’hui, lui permettent de prendre l’avantage sur la production française. Parmi les nombreuses raisons, la taille des exploitations concourt fortement à cette situation.
En France, la moyenne de porcs par exploitation est d’environ deux cents truies, chez les pays voisins, celle-ci s’évalue à trois fois plus. «Notre taille d’élevage devient un point faible», prévient ainsi Philippe Levannier, responsable Installation et restructuration chez Triskalia. Un décalage dans la production qui se retrouve à toutes les étapes de la chaîne. Les abattoirs français exécutent près d’1,9 million de têtes par an contre plus de 3 millions (voire bien au-delà) aux Pays-Bas, en Allemagne ou au Danemark. L’Espagne, de son côté, à l’instar des Etats-Unis, s’apprête à encore augmenter ses capacités de l’ordre de + 6 millions de porcs à abattre par an.

Un modèle familial en difficulté
Par ailleurs, la modernisation des élevages français reste un défi lorsque l’on sait que l’âge moyen des porcheries est de vingt ans. L’Institut du porc chiffre entre 2 et 3 milliards d’euros les besoins financiers pour rénover le parc de l’élevage français. «Pour un élevage neuf de 350 TNE (truie-naisseur-engraisseur) de capacité, on tourne autour de 2 à 3 millions d’euros», précise Christine Roguet.
«Le modèle familial a du plomb dans l’aile», déclare, l’air désabusé, Paul Auffray. Selon lui, la concentration des élevages et des capitaux est une réalité qu’il faut prendre en compte, dans un contexte où le renouvellement des générations pose grandement question.

Un éleveur sur deux va partir
Quid du renouvellement des générations ? «La pyramide des âges des éleveurs français devient inquiétante», constate Paul Auffray. La perspective affiche une situation des plus inouïes : un éleveur sur deux va céder son exploitation dans les dix ans à venir. «Aujourd’hui, on n’a pas les gens pour les remplacer», insiste le représentant des producteurs porcins. Dans les lycées agricoles, la plupart des jeunes ne s’orienteraient pas vers les filières de production et encore moins dans le secteur porcin.
Un élevage compris entre 150 et 400 truies s’évalue dans la fourchette 500 000 à 1 million d’euros, sans considérer le foncier. Dans le cas particulier de la région des Côtes d’Armor, «à 300 à 500 euros le coût pour une truie en période de crise, une exploitation de 300 truies, c’est 150 000 à 200 000 euros d’apports minimum», explique Jérôme Guiard, directeur Marchés et Offres au Crédit agricole des Côtes d’Armor.
Le constat est donc là. A titre indicatif, en Bretagne, région qui compose pour les trois quarts de la production, les derniers chiffres publiés par la MSA affichent un nombre de 32 installations en 2015 (28 en 2014 et 38 en 2013). Une véritable politique de formation des jeunes devrait, selon Paul Auffray, être mise en place.
En parallèle, de nouvelles formes de financements, via la BPI (Banque publique d’investissement) ou des fonds de garantie, devraient être proposées. Le risque serait de voir apparaître des modes «d’intégrations par les firmes», avertit le représentant de la FNP, comme aux Pays-Bas ou en Espagne, des organisations où le producteur est réduit à un simple rôle d’exécutant.

Grippe aviaire : le ministère de l’Agriculture étend le risque élevé à tout le territoire

Suite à la découverte en France de foyers de grippe aviaire en dehors de zones humides, le ministère de l’Agriculture a annoncé dans un communiqué, le 6 décembre, le relèvement du niveau de risque à «élevé» sur l’ensemble du territoire national. Le 17 novembre, le ministère avait déjà relevé le niveau de risque à «élevé» dans les zones humides. Cela entraîne la mise en place des mesures suivantes : obligation de confinement des volailles ou pose de filets, interdiction de tout rassemblement de volailles vivantes et interdiction des lâchers de gibiers à plumes.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

mobilisation Arras déplacement Emmanuel Macron
Un déplacement d’Emmanuel Macron perturbé par des tracteurs, le préfet s'en va

Le préfet du Pas-de-Calais, Laurent Touvet, n’est plus en poste. Son départ a été acté ce mercredi 26 novembre 2025 lors du…

Contrôle de chasseurs lors d'une battue aux grands gibiers dans le département de l'Eure-et-Loir par l'OFB.
L’OFB va concentrer ses contrôles sur la chasse pendant 15 jours

L’Office français de la biodiversité (OFB) annonce une opération nationale de contrôles renforcés du 29 novembre au 14…

Les premiers contrats 2026-2027 tombent… et s’effondrent

Les premiers contrats de pommes de terre 2026-2027 tombent... Et ils ne sont pas de bon augure. Agristo a ouvert la marche…

Ynsect insectes Poulainville
Liquidation d’Ÿnsect : la fin d’une promesse industrielle

Le tribunal de commerce d’Évry a prononcé, lundi 1er décembre, la liquidation judiciaire d’Ÿnsect. Une fin abrupte pour une…

mobilisation contre accord UE-Mercosur PAC et taxe engrais
Mobilisation ce mercredi dans la Somme : « Macron nous met sur la paille »

Les agriculteurs de la Somme se mobilisent ce mercredi 12 novembre contre une succession de décisions et déclarations jugées…

Olivier Berthe tapage nocturne relaxe
Relaxe pour l’éleveur du Vimeu accusé de tapage nocturne

Le tribunal de police d’Amiens a relaxé mardi 25 novembre Olivier Berthe, poursuivi pour « tapage nocturne »…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde