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La Somme subit des intempéries

Vendredi 5 juin, dans l'après-midi, de gros orages ont éclaté dans l'après-midi, avec un vent violent et de la grêle. Les intempéries ont provoqué des dégâts importants sur certaines cultures.

A Villers-Carbonnel, Xavier Flinois montre un champ d’endives, dont la terre, après avoir été inondée, est aujourd’hui totalement craquelée.
A Villers-Carbonnel, Xavier Flinois montre un champ d’endives, dont la terre, après avoir été inondée, est aujourd’hui totalement craquelée.
© AAP

L'alerte météo avait été donnée dès la veille, et le département placé en vigilance orange. Il n'empêche. Il est plus de 16 h quand le ciel s'obscurcit soudain, qu'un vent violent se lève et que la température chute. Quelques minutes plus tard, c'est le déluge. L'orage, venant de l'Oise, éclate sur une bande de 30 km de large, et remonte vers le nord-est du département, dans le secteur de Péronne. Ham, Nesle, une partie de Chaulnes, l'est de Péronne et Roisel sont particulièrement touchés. Suivant les lieux, les intempéries durent une ou plusieurs heures. Au centre de cette bande où éclate l'orage, sur une largeur de 10 km, les précipitations oscillent entre 80 et plus de 120 mm.
«Les orages que nous avons eus le 5 juin ne sont pas inhabituels dans notre région. Cependant, la violence des orages, du vent et les fortes précipitations ont provoqué des dégâts importants à l'est de Péronne, puis sur le Vermandois. Dans ce dernier secteur, où il y a du relief, les orages ont provoqué de fortes coulées de boue, explique Xavier Flinois, vice-président de la Fdsea, en charge de l'arrondissement de Péronne. Et, chose rare, des parcelles de blés sont versées depuis le passage des orages. Voir des blés versés dans les champs, début juin, ce n'est pas normal».

Bilan et actions à mener
Mais ce sont surtout les cultures de printemps, plantés il y a quelques semaines pour certaines, et quelques mois pour d'autres, qui ont particulièrement souffert. Si les cultures de betteraves devraient, dans l'ensemble, résister, celles de pommes de terre pourraient être confrontées aux problèmes du mildiou et du verdissement, selon Xavier Flinois.
Enfin, des bâtiments agricoles n'ont pas non plus supporté les assauts des intempéries. Ainsi, certains sur le secteur de Nesle ont été endommagés, la grêle ayant transpercé des tôles de fibrociment. Autrement dit, «ce phénomène très violent va compliquer la vie des producteurs touchés», conclut-il.
Pour les accompagner du mieux possible, le vice-président de la Fdsea de la Somme, avec ses présidents cantonaux a appelé tous les agriculteurs du secteur de Péronne pour faire un premier bilan de la situation et savoir s'il y avait nécessité d'intervenir auprès de certains. «Ce sont surtout avec les éleveurs qu'il faut agir en urgence. Mais dans notre secteur, nous n'avons pas eu d'appels de leur part. Quant aux agriculteurs, si leurs assurances fonctionnent, nous pouvons néanmoins les aider en relayant auprès de la préfecture la nécessité de déclarer la zone en catastrophe naturelle. Enfin, nous pouvons aussi les accompagner dans leurs démarches administratives. Ainsi, par exemple, quand des destructions de récolte nécessitent une assistance de la Direction départementale des territoires et de la mer».

Corinne Gru : «On a perdu plus de 50 % de la récolte»

«Ça s'est mort, ça s'est mort aussi. Vous voyez ?, répète Corinne Gru, en passant d'une rangée de fraisiers à l'autre. «Regardez les feuilles. Elles sont toutes piquées. Tous les fruits mûrs sont foutus. Je ne sais pas ce que cela va faire, au final. Je pense qu'on a perdu plus de 50 % de la récolte. Certes, il y a plus grave dans la vie, mais quand on a qu'une seule cueillette dans l'année, c'est rageant de subir des intempéries juste à ce moment-là», dit-elle.
Installée depuis 22 ans à Estrées-Mons, Corinne et son cousin cultivent des fraises, des framboises, des pommes, des poires et des prunes. A côté de leurs champs, son mari cultive, lui, du lin, des haricots verts et des pommes de terre. Depuis qu'ils sont ici, ils n'ont essuyé qu'une seule fois un orage violent et de la grêle. «Ici, les orages passent plutôt sur l'autoroute, et de l'autre côté de chez nous, au-dessus du canal de Saint-Martin», explique-t-elle. Cette fois-ci, ils ont été en plein cœur de l'intempérie, qui s'est abattue sur la Somme.

Vendredi noir
Il est un peu plus de 16h, le 5 juin, quand l'orage éclate et que la grêle tombe au-dessus de leurs têtes. C'est un véritable déluge qui va durer presque deux heures. Après une légère accalmie, tout reprend de plus belle, puis cesse. Comme au théâtre, avant la levée de rideau, un troisième coup retentit. Tout s'arrête enfin à l'approche des 20h. Le constat est terrible : les champs sont inondés et des coulées de boue se voient en divers endroits. «Plus que la violence de l'orage, c'est la violence de l'eau qui a été fatale aux fruits rouges», dit Corinne Gru. Plus de 90 mm d'eau sont tombés, en quelques heures.
Une semaine avant, le 1er juin, l'agricultrice informe ses clients de l'ouverture de la cueillette des fraises, le samedi 6 juin. Plus de 4 000 courriers sont envoyés. Quatre jours plus tard, l'orage et la grêle ruinent ses espérances. Impossible d'accéder au champ, comme d'ouvrir à la vente, le samedi suivant.

Des questions en cascade
Outre la perte de la moitié de la récolte, Corinne Gru s'interroge sur ce que pourront donner les fraisiers repiqués en avril dernier. «On devait pailler ces champs cette semaine. Maintenant, on ne sait pas quoi faire». Même interrogation pour les champs de pommes de terre. «On ne peut plus butter, car la terre est descendue avec toute cette eau», fait-elle remarquer. Les champs de lin et de haricots verts n'ont pas été plus épargnés. Resemer ? La question du coût se pose. Refaire le désherbage ? «Tu fais quoi ? Quelle dose tu mets ?» Autant de questions sans réponse, pour l'heure.
Côté assurance, celle-ci fonctionnera pour les cultures qui sont assurées, soit le lin, le blé et la pomme de terre. Mais avec 10 % de franchise, venant de la poche du couple. En revanche, les cultures de pommes et de fruits ne sont pas assurées. «Personne ne veut assurer les vergers ou les fruits rouges», commente-t-elle. Seule certitude : «On va faire une petite saison».
F. G.

Infos pratiques

Les dégâts sont-ils indemnisables ?
Les dégâts sur culture sont indemnisés si vous avez souscrit une assurance récolte multirisque climatique. La procédure calamité n’existe plus car, depuis la mise en place de l’assurance récolte, toutes les cultures sont assurables et le fonds calamité n’existe plus.
La procédure catastrophe naturelle concerne, quant à elle, les bâtiments et leur contenu, à savoir les bâtiments à usage professionnel ou d’habitation, le mobilier, le matériel, les stocks et les récoltes engrangées. C’est le maire de la commune qui recense les dommages subis et qui établit un rapport à adresser à la préfecture.
Les services de la préfecture, après avoir collecté l’ensemble des rapports, l’adresseront au ministère de l’Intérieur.
L’état de catastrophe naturelle sera alors constaté par un arrêté interministériel, qui détermine les zones et les périodes où s’est située la catastrophe naturelle, ainsi que la nature des dommages occasionnés par celle-ci. La victime dispose de dix jours après la parution de l’arrêté au Journal officiel pour faire une déclaration à son assureur.

Au sujet de la Pac ?
Pour l’instant, si vous ne savez pas comment va évoluer la récolte, il ne faut pas modifier le dossier.
Par la suite, si la culture ne reprend pas et qu’il est nécessaire de resemer un autre couvert, il faudra alors adresser à la Ddtm l’imprimé «modification de la déclaration».

Qui contacter ?
- Le maire, pour lui signaler les dommages subis, susceptibles de servir la demande de reconnaissance de catastrophe naturelle
- L'assureur, pour les dégâts sur les récoltes assurées
- Le conseiller technique, pour la production sous contrat
- Le président du canton Fdsea, pour lui indiquer vos éventuelles difficultés
- Le service de la Fdsea, Odile Dalle, pour tout renseignement complémentaire

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