Lait : un nouvel acteur dans la filière régionale
Trois organisations de producteurs (OP) de la région viennent de constituer une association d’OP à l’échelle du bassin Nord - Picardie - Ardennes.
Recréer de la valeur ajoutée en valorisant le lait bas carbone des Hauts-de-France. Telle est l’ambition de la nouvelle association d’organisations de producteurs (AOP) Nord - Picardie - Ardennes qui a vu le jour dans la région, le mois dernier. L’assemblée constitutive de la structure s’est tenue le 18 décembre à Arras.
Elle regroupe à ce jour l’organisation de producteurs (OP) livrant Danone Bailleul (59), l’OP livrant l’usine de Lactalis de Cuincy (62) et l’OP Fauquet (Fromagers de Thiérache, appellation Maroilles). «Cette initiative, appuyée par le syndicalisme, est née début 2017 dans un contexte de mutation depuis la fin des quotas», avance Alain Gille, président de la Fédération régionale des producteurs de lait (FRPL).
Trouver une identité régionale
Les initiateurs du projet s’appuient sur l’adoption, en 2012 au niveau européen, du «mini-paquet lait», qui laisse la possibilité aux producteurs de se regrouper en AOP, sans tomber sous le coup de l’autorité de la concurrence (possibilité de négocier collectivement avec l’industriel, notamment les prix et les volumes).
L’AOP, nouvellement créée, s’est dotée d’un nom : l’AOPEN Dairy, faisant référence au projet européen Eurodairy, qui consiste à diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) en élevage. Mais le projet des éleveurs régionaux ne s’arrête pas là. Ils souhaitent, par leur démarche, répondre aux réflexions sociales et environnementales concernant, non seulement le carbone, mais aussi le bien-être animal et la biodiversité.
«Ces aspects pourraient constituer l’identité laitière régionale», assure Gilles Durlin, président de l’OP Danone Bailleul. Pour lui, c’est une condition sine qua non au maintien d’un environnement laitier dynamique dans le bassin Nord - Picardie - Ardennes. «L’objectif est aussi de redonner de la perspective aux éleveurs», assure-il.
Peser le plus possible dans la négociation
Les producteurs espèrent bien, grâce à cette démarche, répondre aux attentes des transformateurs en fournissant un lait qui correspond aux attentes des consommateurs. L’enjeu est, bien sûr, de rééquilibrer les relations commerciales, clairement en défaveur des producteurs depuis la fin des quotas.
Marie-Sophie Lesne, venue féliciter les producteurs pour leur démarche «proactive», a assuré la filière régionale de son soutien en annonçant aux producteurs une aide financière d’un montant de 200 000 euros pour mener à bien leur projet. L’élue régionale, bien que consciente de la nécessité de dialogue entre les producteurs et les industriels, a rappelé aux producteurs l’importance de défendre la valeur ajoutée qu’ils créent sur leurs exploitations et de peser dans les négociations commerciales.