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Le confinement bouscule le marché de la viande de bœuf

Les restaurants, fermés, ne commandent plus de viande, alors que certains bouchers travaillent deux fois plus. Difficile d’avoir une vision à moyen terme dans le commerce de viande bovine.

Pour Henri Ducrocq, comme pour tous les négociants en bestiaux, difficile de se projeter, car les commandes sont passées au jour le jour.
Pour Henri Ducrocq, comme pour tous les négociants en bestiaux, difficile de se projeter, car les commandes sont passées au jour le jour.
© A. P.

Des commandes au jour le jour, et donc aucune vision à moyen terme. Voilà ce à quoi sont soumis les négociants en bestiaux de la Somme, comme partout en France. Le marché, en effet, est très perturbé par le confinement imposé depuis le 17 mars midi.

«Nous avons beaucoup travaillé la semaine dernière, car les abattoirs étaient demandeurs, et les prix se tenaient, annonce Henri Ducrocq, négociant installé à à Noyelles-en-Chaussée. Les gens ont fait des stocks et ont acheté de la viande en quantité.» Mais qu’en sera-t-il dans les prochains jours ? «Cela dépendra beaucoup de la manière de consommer des familles. Vont-elles profiter du confinement pour cuisinier de la viande ?»

Du côté des commandes, c’est «tout ou rien». Les restaurants sont fermés, ainsi que certaines boucheries. D’autres, qui ont fait le choix de rester ouverts, et travaillent beaucoup plus. Le cabinet Nielsen (société d’analyse des données qui fournit une vision complète des consommateurs et marchés à travers le monde) indique que «les ventes en magasins de proximité en zone rurale ont bondi de 74,3 % en une semaine, + 62,4 % pour les magasins de proximité en zone urbaine et + 39,4 % pour les supermarchés de moins de 2 000 m2».

Plus aucun contrat McDo

À la coopérative Cobevial, on vit des moments difficiles. «Nous nous sommes faits annuler environ 120 bovins cette semaine sur 430 initialement prévus, a annoncé le directeur, Éric Bettens, à ses adhérents. Trois catégories sont principalement touchées : les jeunes bovins laitiers en contrat McDonald's, pour lesquels l'abattage est totalement arrêté (la chaîne de fast-foods a totalement fermé ses restaurants, ndlr) ;  les vaches allaitantes et génisses race а viande qui souffrent de la fermeture des rayons traditionnels des GMS, les bouchers ne souhaitant plus avoir de contact avec les clients ; et les jeunes bovins race à viande, dont une bonne moitié sont destinés а l’export.»

Quid des abattoirs ?

L’inquiétude réside surtout en la capacité des abattoirs à continuer de travailler. Le groupe Bigard a annoncé qu’à partir de la semaine prochaine, l'abattoir de Formerie (60) n'abattrait plus que sur quatre jours, et que l'abattoir de Feignies (59) baisserait de volume. La fermeture des marchés aux bestiaux impact aussi la filière. «Le marché des broutards est perturbé, assure Henri Ducrocq. Nous ne pourrons vendre les animaux d’élevage qu’à nos clients.» Un débouché réduit. Affaire à suivre, donc.

Le secteur porcin fait le yoyo

 

Au niveau du secteur porcin, la semaine dernière a été très active pour Cobevial. Mais «cette semaine, nous avions 1 200 reports, avec des annulations de commande chaque jour (700 au total), alors que nos principaux clients travail avec les boucheries, ou les GMS, explique Éric Bettens, le directeur. Finalement, les commandes sont en progression, nous sommes sur une semaine presque normale, et finissons la semaine avec 300 reports

La partie exportation, elle, est très active (Belgique Allemagne). «La DDPP du Nord, département d'où partent 90 % de nos porcs vers l'export a mis en place pendant cette période de confinement la délivrance de certificats d'exportation par mail, ce qui nous facilite bien la tâche.» La reprise des abattages pour la Chine a d’ailleurs fait beaucoup de bien. En revanche, les porcs bio, dont une partie importante est destinée а la restauration hors foyer, souffrent. «Nous sommes en recherche de solutions pour 250 porc bio, à 3,75 € le kilo en bio pour 1,70 € en standard.»

Une grosse inquiétude plane cependant quant à l’abattage : «L’abattoir Herta d’Illkirch (67) nous a annoncé qu’elle souffrait d’un manque de personnel actuellement, et que son activité serait à présent divisée par deux… Cela nous montre bien que la situation est tendue et peut basculer d'un moment а l’autre.»

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