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Le lait, une valeur sûre à préserver

L'assemblée générale de l'Union des producteurs de lait de Picardie (UPLP) a une nouvelle fois montré que les défis qui attendent la production laitière pour sa pérennité restent nombreux.

Représentants des collectivités locales, de la profession agricole, de l'administration des industriels laitiers et des éleveurs ont échangé longuement sur les conditions de la pérennité de la filière laitière dans la Somme et plus largement en France, lors de l'assemblée générale de l'UPLP.
Représentants des collectivités locales, de la profession agricole, de l'administration des industriels laitiers et des éleveurs ont échangé longuement sur les conditions de la pérennité de la filière laitière dans la Somme et plus largement en France, lors de l'assemblée générale de l'UPLP.
© V. F.



Personne n'imagine la fin de la production laitière dans un département comme celui de la Somme, et pourtant, il y a bien un risque de la voir disparaître sans une prise de conscience et des moyens appropriés. L'assemblée générale de l'Union des producteurs de lait de Picardie (UPLP) qui se tenait le lundi 31 août s'est ainsi intéressée aux leviers qui permettraient de soutenir la production laitière et ceux qui la font dans le département. Mais avant d'entrer dans le détail des solutions qui pourrait être mises en oeuvre ou à l'étude, la première partie des débats s'est concentrée sur le potentiel laitier de la France et, en particulier, de la Somme.

Des conditions de travail sensibles
Parce qu'il s'agit d'abord d'une production non délocalisable, chacun s'accorde à dire que la production laitière compte. Mais comment expliquer alors le mal-être d'un grand nombre d'éleveurs ? Pour Dominique Dengreville, «le problème, c'est qu'aujourd'hui encore, le prix du lait reste inférieur à son coût de production». Les EGA ont eu beau passer par là, le compte n'y est toujours pas et la rentabilité de l'élevage laitier n'incite pas vraiment à poursuivre, voire à se lancer. Prêts à assumer leur part d'autocritique, certains adhérents de l'UPLP reconnaissent que leur coût de revient diffère d'une ferme à l'autre, et que «cela reste un sujet à travailler». Mais le prix du lait - la moyenne de base se situe à 330 EUR/1 000 litres en 2019 dans le bassin Nord-Picardie - n'explique pas non plus tout.
Comme il l'avait déjà souligné quelques jours plus tôt lors d'un échange avec le président de la commission «agriculture» du Conseil régional des Hauts-de-France (lire en page 3), le président de la FDSEA 80 Denis Bully est revenu, quant à lui, sur le volet social de la production laitière : «Pour assurer la durabilité de la production laitière, on ne peut pas faire l'impasse sur les conditions de travail et l'emploi. Peut-on imaginer un jour que les éleveurs laitiers soient accompagnés financièrement pour embaucher dans leurs élevages ?», demande Denis Bully. D'autre part, poursuit le président de la FDSEA, lui-même éleveur, «il ne suffit pas de bien rémunérer la main-d'oeuvre. Il faut aussi qu'elle soit bien formée et disponible, ce qui n'est pas garanti quand on voit que certains établissements d'enseignement agricole ne propose plus de formations en élevage».

Un soutien des élus défaillant ?
Du côté des entreprises laitières, dont la coopérative Lact'Union, on rappelle que la France reste bel et bien une «terre de lait», en raison d'un certain nombre d'atouts : «On a la chance d'avoir un climat favorable et des ressources qui permettent de nourrir les animaux», décrit Olivier Buiche, directeur de Lact'Union. Le second avantage est, toujours selon lui, d'avoir sur le territoire national des entreprises de tailles diverses, dont certaines ont la capacité à exporter : «On l'a vu pendant la crise du Covid-19, a-t-il dit. Les entreprises de petite taille, monoproduits, ont souffert. On s'est tourné vers les entreprises qui pratiquent l'export pour éviter une pénurie en France.» Or, si demain ces entreprises exportatrices venaient à abandonner ce débouché «on peut faire un trait sur 40 % de la production laitière française». Néanmoins, constate-t-il, «même si l'on a tous ces atouts, on ne se donne pas les moyens d'en profiter». Derrière ce «on», il faut y voir une charge contre le pouvoir politique tandis que l'administration française est, une fois n'est pas coutume, relativement épargnée par les critiques. «L'administration ne doit pas être comme le cochon à saigner quand la responsabilité de ce qui nous arrive est de la responsabilité des élus», a ainsi tranché Denis Bully. Du côté des éleveurs, alors que certaines voix s'élèvent pour demander une autre répartition des revenus du lait, entre transformateurs et producteurs, des «perspectives dans un marché en déflation» sont également attendues. Ravi d'être épargné, le directeur de la Direction départementale de la protection des populations, Luc Challemel du Rozier, expliquait ainsi la marche à suivre : «Si vous n'êtes pas content d'une réglementation, c'est à ceux qui la font qu'il faut le dire. C'est se tromper de combat que de s'en prendre à ceux qui l'appliquent. Si une réglementation comme celle sur les ICPE se durcit d'année en année, c'est aussi parce que c'est le reflet de ce que veut notre société.»

Un esprit d'entreprise freiné
Côté profession toujours, pour Olivier Thibaut, l'une des principales difficultés actuelles reste «les bâtons dans les roues qu'on nous met quand on veut faire quelque chose. Que ce soit en lait ou dans une autre production, c'est compliqué. Le consommateur veut tout, mais il veut aussi préserver son environnement, son bien-être, son porte-monnaie et nous, en tant que producteur, on ne s'y retrouve pas». Si l'on ajoute à cela un jeu politique qui consiste à suivre, voire à devancer les attentes sociétales, entreprendre s'apparenterait à un chemin de croix : «La demande du consommateur pour des produits laitiers est bien là, constate Olivier Buiche, mais le problème, ce n'est pas l'administration qui bloque, c'est la politique qui n'encourage pas l'esprit d'entreprise.» Ainsi, «quand bien même un projet reçoit toutes les autorisations administratives nécessaires, il est contrarié par des associations d'opposants ou des décisions politiques locales», renchérit Olivier Thibaut. Pour Laurent Somon, le président du Département de la Somme et seul invité politique du débat, l'une des solutions pourrait consister à renforcer le lien entre les entrepreneurs de toutes spécialités, les collectivités et plus généralement les territoires sur lesquels ils sont installés pour espérer détendre les relations. Et trouver ensemble des «synergies». Un vaste chantier en vue.


75 % de la production laitière samarienne représentée par l'UPLP

Le 15 septembre prochain, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) tiendra son assemblée générale, à la Maison du lait, à Paris. Ce rendez-vous sera l'occasion pour son président Thierry Roquefeuil de lancer la rentrée du syndicat et d'aborder avec les secrétaires généraux le bilan de l'aide à la réduction de production initiée par le Cniel en avril 2020 pour faire face à la crise du Covid-19, les atouts de la filière laitière française pour l'agriculture de 2030 ou, encore, la conjoncture laitière et les négociations commerciales. Lors de l'assemblée générale de l'UPLP dans la Somme, son co-président Valentin Crimet rappelait lui aussi «l'utilité d'un syndicat», s'appuyant sur les dossiers abordés en 2019-2020 : indemnisations suite à l'incendie de l'usine Lubrizol de Rouen, application des EGA, gestion des volumes dans le cadre de la crise du Covid-19... mais aussi l'accompagnement technique proposé via des bulletins d'information aux producteurs adhérents. L'UPLP rassemblerait aujourd'hui 75 % du volume produit dans la Somme. Le défi de ses dirigeants pour 2021 est d'augmenter cette part en allant convaincre de nouveaux producteurs de la rejoindre.

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