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Le pré-résultat, un outil d’aide à la décision

Attendre les résultats définitifs issus de la comptabilité après sa date de clôture est une erreur de gestion. Il faut mesurer et chiffrer avec un pré-résultat. Mode d’emploi.

© jc gutner


La récolte 2016 a débuté sur des résultats techniques décevants en quantité et en qualité : c’est le cas des orges d’hiver, des escourgeons, des pois de conserve et des pois protéagineux d’hiver. Même si les autres cultures céréalières et oléo-protéagineuses, et tout particulièrement le blé, donneront de meilleurs résultats, ils seront forcément décevants par rapport à l’an dernier et même à la moyenne quinquennale.
A cela s’ajoute un contexte de prix de vente bas pour le moment, en raison d’une très bonne récolte attendue au niveau mondial pour le blé et le maïs notamment. Ainsi, le chiffre d’affaires des cultures céréalières et oléo-protéagineuses sera en forte baisse, ce qui ne sera pas sans conséquence sur les trésoreries des exploitations dans les mois à venir. Or ces dernières sont souvent déjà tendues suite aux trois dernières récoltes pour lesquelles les ressources dégagées n’ont souvent pas suffi à couvrir les besoins, à savoir les annuités, les prélèvements privés et les frais financiers de trésorerie.

Que faire face à cette situation ?
Tout d’abord il faut mesurer et chiffrer avec un pré-résultat. En effet, attendre les résultats définitifs issus de la comptabilité après sa date de clôture est une erreur de gestion. Cela n’apporte que des inconvénients : absence de connaissance de la situation présente, absence de prise de décisions parfois nécessaires, absence d’anticipation dans la prise de décision, risque de mauvaises décisions.
Même si vous considérez que le pré-résultat n’est pas utile, car la situation est catastrophique, celui-ci permet de faire un diagnostic de la situation. Par ailleurs, il vous sera demandé par n’importe quel organisme que vous solliciterez pour vous accompagner, et tout particulièrement les organismes bancaires.
Réaliser son pré-résultat consiste à estimer l’ensemble des produits et des charges de la récolte en cours, en collectant un ensemble de données connues et en réalisant des hypothèses pour le reste. Côté produit, il s’agit des rendements et des prix de vente de chaque production végétale et animale, quelle que soit leur date d’encaissement. Côté charges, il s’agit de tenir compte des charges proportionnelles engagées depuis l’été dernier pour la récolte 2016 (engrais, semences, produits phytosanitaires, aliments principalement) et des charges de structure qui sont raisonnées sur la base de votre exercice comptable.

A quoi sert le pré-résultat ?
Le pré-résultat permettra de déterminer plusieurs indicateurs de gestion. En premier lieu, il est utile pour établir l’excédent brut prévisionnel de la récolte, soit le potentiel de ressource dégagé sur la récolte. Cet EBE servira à payer les annuités, les prélèvements privés et les frais financiers de trésorerie. De même, il permet de définir le revenu agricole, puisque c’est celui-ci qui déterminera le résultat fiscal après les retraitements nécessaires liés aux stocks de produits finis éventuels et toute autre disposition fiscale spécifique à chaque agriculteur. Enfin, il permet d’établir le reliquat financier de la récolte à travers le tableau de financement, à savoir le solde entre l’EBE et les annuités, prélèvements privés, frais financiers de trésorerie et l’autofinancement des investissements. Le reliquat financier est déterminant pour la trésorerie et son évolution jusqu’à la prochaine moisson.
Au vu des premières tendances de la récolte, le reliquat financier sera probablement négatif dans de nombreuses exploitations. Il s’agira alors d’apprécier les solutions de financement possibles de ce man­que de trésorerie à l’échelle de la récolte en fonction de la situation initiale. En cas de bonne situation financière initiale, il est possible de ponctionner le fonds de roulement existant ou d’injecter de l’épargne de précaution (placements …). En cas de situation financière moins favorable, il s’agira d’étudier avec votre banque la mise en place de crédits à court terme, voire de moduler les échéances de prêts à venir si cela est possible.
Dans le cas d’un reliquat financier négatif à l’échelle de la récolte, il sera souvent utile de compléter le pré-résultat d’un budget prévisionnel de trésorerie. Celui-ci permettra de faire un point précis de l’état des créances et des dettes à la date de réalisation et de positionner au mois le mois les recettes et les dépenses à venir. Avant de rencontrer votre partenaire financier afin d’étudier les différentes options qui s’offrent à vous, il est impératif d’avoir mis en place votre budget de trésorerie. C’est un acte de gestion incontournable.
Une fois le constat posé, il est nécessaire de réfléchir dès maintenant aux leviers d’action qu’il est possible de mettre en œuvre afin de passer au mieux ce cap difficile. Pour cela, faisons un tour d’horizon de ces leviers parmi les différentes fonctions de l’exploitation en matière de gestion d’entreprise.

Leviers d’action
Dans le domaine des achats, la problématique se pose tout particulièrement pour les intrants. Pour les engrais, même si la règle usuelle de bonne gestion est de se couvrir le plus tôt possible pour la prochaine récolte, sans toujours con­naître d’ailleurs le prix réel d’achat, il est possible de décaler ces achats de quelques mois, voire au printemps prochain sachant que le contexte des prix est plutôt baissier. Dans certaines situations, il sera sans doute nécessaire de faire des impasses partielles ou totales en fumure de fond afin de ne pas alourdir les dettes à court terme à payer avec la récolte 2017.
Pour ce qui est des produits phytosanitaires, dans certains cas, des achats sont réalisés avant le
31 décembre pour ne pas subir de hausse de tarif ou de taxes de redevance pollution. Lorsque la trésorerie est déficiente, ce genre de pratique est à proscrire. Même rai­sonnement pour l’achat du fuel à des fins de stockage afin de se couvrir contre une hausse de prix, sachant que le contexte actuel est plutôt à la stabilité des prix.
Le cas échéant, si vous souhaitez vous couvrir le plus tôt possible sur ces achats, il faudra éventuellement envisager d’injecter des placements de trésorerie afin d’y parvenir sans dégrader la trésorerie de façon démesurée.
En ce qui concerne les charges de structure, toutes les dépenses qui peuvent être reportées doivent l’être. Ceci peut être le cas de certaines dépenses d’entretien des constructions par exemple. Dans le domaine des prélèvements obligatoires (cotisations sociales de l’exploitant et impôt sur le revenu), des actions sont aussi à prévoir si l’on veut les optimiser en année difficile.
Avant de mettre en œuvre les actions possibles, il est important de connaître sa situation au regard des options fiscales et sociales prises antérieurement, à savoir : en ma­tière de cotisations sociales de l’exploitant (moyenne triennale ou option n-1 et si moyenne triennale depuis quand ?) ; en matière d’impôt sur le revenu (moyenne triennale ou année n et si moyenne triennale depuis quand ?).
En effet, en cas de présence d’une option à la moyenne triennale sociale ou fiscale, il s’agira de déterminer l’opportunité de revenir à une option fiscale à l’année «n» ou sociale à l’année «n-1» de telle sorte à éliminer au maximum les revenus antérieurs qui seront la plupart du temps plus élevés que ceux issus de la récolte 2016. Les renonciations à la moyenne triennale sociale se réalisent avant le 30 no­vembre de l’année qui précède l’application de l’option n-1. Les renonciations à la moyenne triennale fiscale se réalisent lors de la dernière clôture fiscale concernée par cette moyenne.
Enfin, indépendamment des options fiscales et sociales retenues, il sera possible de réduire les appels fractionnés ou prélèvements mensuels de cotisations sociales de l’exploitant et de l’impôt sur le revenu durant l’année civile 2017. L’objectif étant de ne pas faire d’avance de trésorerie lorsque cela n’est pas obligatoire.
Concernant les déductions pour aléas réalisés au titre des exercices antérieurs, il sera sans doute opportun de les réintégrer de façon anticipée. Ceci est possible dans différentes situations, et tout par­ticulièrement lorsque la valeur ajoutée baisse de plus de 10 % par rapport à la moyenne des trois exercices précédents. Parallèlement, et c’est tout l’intérêt d’une déduction pour aléas, vous bénéficiez de la trésorerie initialement placée et bloquée jusqu’à présent.
Dans le domaine des investissements de renouvellement, il sera sans doute utile de modifier les prévisions éventuelles d’équipement en fonction de la situation financière existante et, surtout, de la teneur des échéances de prêts pour les années à venir. Dans un certain nombre de cas, aucun investissement ne doit être réalisé. Pour ceux qui avaient prévu des investissements de renouvellement de matériel, il existe à ce jour des opportunités d’achat de matériels d’occasion à des prix très compétitifs. Sur un plan plus général, une réflexion sera sans doute à mener dans le domaine de la mécanisation, car les coûts engagés sont devenus parfois trop importants en raison de la faible utilisation de certains matériels, et tout particulièrement la traction.
Ainsi, à travers les différents do­maines de la gestion de l’exploitation, il existe des leviers d’action permettant de passer au mieux la récolte 2016. Pour cela, faites le point sur votre situation à l’aide d’un pré-résultat, et mettez en place les plans d’action pour gérer au mieux cette année très délicate.

Réunions de préparation

Si l’exercice vous semble difficile à faire seul, les collaborateurs de Cerfrance Somme sont disponibles pour vous aider à réaliser ce pré-résultat dès que possible et vous accompagner dans la mise en œuvre des actions.


Dates des réunions organisées dans les agences de Cerfrance Somme sur les résultats provisoires de la récolte 2016, les enseignements et la préparation de la campagne 2017 : mardi 13 septembre à 10h à Péronne, jeudi 15 septembre à 10h à Montdidier ; à 10h à Abbeville et à Poix-de-Picardie ; lundi 19 septembre à 14h à Doullens ; vendredi 23 septembre à 10h à Boves, et à la même heure à Chépy.

 

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