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Les coopératives restent un modèle vertueux

Si les coopératives ont été critiquées ces derniers temps et ont semblé être attaquées dans leur chair par la loi Egalim, les coopérateurs restent attachés à ce modèle.

Pour Dominique Chargé, président de Coop de France, l’ordonnance relative aux prix abusivement bas, en attente 
de publication «dénature le modèle coopératif et déresponsabilise l’adhérent et les administrateurs face à leurs missions et face au risque qu’ils doivent parfois prendre pour maintenir l’activité agricole sur leur territoire».
Pour Dominique Chargé, président de Coop de France, l’ordonnance relative aux prix abusivement bas, en attente
de publication «dénature le modèle coopératif et déresponsabilise l’adhérent et les administrateurs face à leurs missions et face au risque qu’ils doivent parfois prendre pour maintenir l’activité agricole sur leur territoire».
© D. R.

«Pourquoi autant d’acharnement sur les coopératives ?» Posée sous des formes diverses, cette question a constitué le fil rouge de l’assemblée générale de Felcoop, le 10 avril. Les participants ont, en effet, profité de la présence du député Jean-Baptiste Moreau (LREM), agriculteur, ancien président de coopérative, et rapporteur de la loi Egalim, pour demander des éclaircissements sur le traitement réservé aux coopératives dans cette loi et, plus particulièrement, dans les ordonnances qui en sont issues.
L’une des craintes principales porte notamment sur l’ordonnance relative aux prix abusivement bas, en attente de publication, qui pour Dominique Chargé, président de Coop de France, «dénature le modèle coopératif et déresponsabilise l’adhérent et les administrateurs face à leurs missions et face au risque qu’ils doivent parfois prendre pour maintenir l’activité agricole sur leur territoire». Car «nous nous inscrivons dans une démarche de long terme !», rappelle-t-il.
Pour Marine Nossereau, juriste chez Coop de France, il ne faut pas oublier les principes propres au droit coopératif, qui repose justement sur le partage de la valeur. Si des dérives ont peut-être eu lieu dans certaines coopératives, ce n’est pas la majorité, rappellent les participants.

Un modèle vertueux
à protéger
Cependant, le modèle coopératif doit évoluer. «Les jeunes ne se sont pas tous reconnus dans le système coopératif tel qu’il est aujourd’hui», témoigne Jérémy Dutour, secrétaire général adjoint de Jeunes agriculteurs, mais «si on a un peu donné des coups de pieds dedans, c’est parce que l’on y porte quand même de l’intérêt», ajoute-t-il.
D’ailleurs, si le modèle coopératif est «un modèle à part et vertueux», tient à réaffirmer Jean-Baptiste Moreau, qui assure que l’esprit de la loi Egalim n’est absolument pas de mettre à mal ces organisations, mais simplement d’éviter les abus qui ont pu donner lieu à un «coop bashing» malvenu, puisque dans cette recherche de valeur, elles demeurent «l’ultime organisation pour les producteurs», explique-t-il.
L’objectif des ordonnances est plutôt de «revenir à l’esprit du modèle coopératif, à sa pureté initiale», ajoute le député. Car, poursuit-il, si la loi pose des jalons pour rééquilibrer les relations commerciales, «la structuration de la production reste indispensable pour peser de façon significative sur le marché».
C’est ce qu’a réussi à faire la banane des Antilles suite à la crise violente de 2003. Une organisation de producteurs s’est mise en place pour maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur, jusqu’à la mise en marché, témoigne, aujourd’hui, Philippe Ruelle, directeur de l’UGPBAN, l’Union des groupements de producteurs de bananes de Guadeloupe et de Martinique. Cette production génère 10 000 emplois au total, dont 6 000 emplois directs, dans les Antilles et dans l’Hexagone, signe de l’importance des coopératives dans la vie économique des territoires.
C’est pour cette raison que la Région Bretagne est récemment entrée au capital du groupe d’Aucy. Dans un territoire où l’agriculture est la première activité économique, «c’était une marque de fierté et de confiance», explique Olivier Allain, vice-président de la Région.

Saisir l’occasion de la loi
Enfin, si la loi paraît mal comprise par les coopératives, pour Henri Biès-Péré, vice-président de la FNSEA, «il faut saisir l’occasion de la loi pour renouveler le dialogue avec les agriculteurs». «Les négociations commerciales, dans les coopératives, sont souvent faites par les commerciaux, pas par les administrateurs ! C’est sur ce point que l’on doit travailler. Et s’ils n’arrivent pas à obtenir mieux, alors la loi est là pour sanctionner», ajoute-t-il.
Ce qui n’empêche pas la loi d’être perfectible, car des dérives ont déjà été observées, notamment avec «le SRP inversé pour maintenir un prix facial identique aux autres années», rappelle Jean Michel Delannoy, président de Felcoop. En effet, pour rester dans le cadre légal, les distributeurs font pression pour obtenir un rabais de 10 % vis-à-vis de leurs fournisseurs et maintenir le même prix consommateur, tout en respectant le relèvement du seuil de revente à perte.
Une commission d’enquête parlementaire sur le déroulé des négociations commerciales a été mise en place récemment et devra livrer en septembre son rapport, en vue d’une proposition de loi pour améliorer la loi Egalim, a rappelé Jean-Baptiste Moreau.

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