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Les inquiétudes des éleveurs face au Ceta

À l’occasion du Sommet de l’élevage, la fédération nationale bovine (FNB) s’est inquiétée du faible impact des EGA sur la filière bovine avant de demander au parlement et au gouvernement de la «cohérence» dans leurs décisions. Les explications de son président, Bruno Dufayet.

Bruno Dufayet, président de la FNB.
Bruno Dufayet, président de la FNB.
© Sophie Chatenet

Quelle est la situation actuelle de la filière bovine ?
Aujourd’hui pour la filière de bovins allaitants la situation est alarmante avec des prix toujours très bas. Nous n’avons même pas besoin de faire de syndicalisme, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Depuis quelques années, le nombre de vaches allaitantes diminue de 1 500 têtes par an, en trois ans, il a diminué de 6,6 %, les chiffres de l’institut de l’élevage prévoient une baisse de 8 % fin 2019. Il y a une vraie décapitalisation, nous sommes très inquiets, ces chiffres sont le reflet du manque de perspectives économiques et politiques pour la filière. En plus de ces difficultés, les éleveurs allaitants subissent une crise climatique avec deux années de sécheresse qui ont énormément pesé sur la filière. Il faut que les pouvoirs publics prennent conscience de la nécessité d’enclencher plus rapidement les procédures de calamité. Dans certains départements, les éleveurs n’ont pas touché les compensations sécheresse de l’an passé, c’est inacceptable ! Il faut accélérer les procédures administratives, c’est indispensable pour que les éleveurs puissent acheter des aliments, maintiennent leurs troupeaux et se projettent à la sortie de l’hiver prochain !

Pourquoi manquez-vous de perspectives économiques ?
Concernant la situation économique, les prix très bas marquent l’échec des EGA pour notre filière. En 2017. Lorsque le président de la République a fait le discours de Rungis, la cotation bovine, toutes catégories confondues, était à 3,65 €, la semaine dernière, elle était à 3,57 €. Le prix du broutard, pour l’export en vif, a diminué de 10 à 15 % (selon les espèces) entre 2018 et 2019, il y a donc zéro effet des EGA près d’un an après le vote de la loi ; le mécanisme d’inversion de la construction des prix ne fonctionne pas, les éleveurs ne sont pas mieux rémunérés… L’aval n’a effectué aucun changement de pratique ; lorsque les entreprises de l’aval devraient mettre en place des stratégies collectives pour augmenter les prix, et donc la rémunération des éleveurs, elles se contentent de stratégies individuelles nuisibles aux producteurs.

Qu’entendez-vous par le manque de perspectives politiques pour la filière ?
La loi EGA a été votée, les députés ont donc approuvé l’article 44, qui interdit l’importation de denrées alimentaires qui ne respectent pas les standards européens. Ces mêmes députés ont voté en faveur du Ceta donnant ainsi leur accord à l’importation de produits qui ne respectent pas nos standards. Nous sommes face à une vraie incohérence politique. Nous parlons donc des députés hors-la-loi, car la ratification du Ceta ne respecte pas la loi EGA. La mission des députés est d’être cohérents dans leurs votes ! On parle également beaucoup de la nécessité de faire évoluer l’agriculture, mais je rappelle que le modèle agricole est défini par les orientations politiques, les syndicats ne font pas les modèles agricoles ! Ce manque de cohérence entraîne un manque de visibilité pour la filière. Un éleveur en difficulté économique ne sait plus quel cap il doit suivre, cela se reflète donc par la perte de producteurs. Le Président doit être alerté à ce sujet, car cela menace notre souveraineté alimentaire, un principe sur lequel il avait insisté lors de son discours au dernier salon de l’agriculture. Il y a urgence à réagir et à présenter aux agriculteurs une politique précise qui donne une ligne de perspective claire.

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