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Les premières vignes de la Somme sont vendangées

Les 3,5 ha de vignes de Maximilien de Wazières ont été vendangées pour la première fois ces 1er, 2 et 3 octobre. Il faudra attendre un an et demi avant de déguster les sept mille bouteilles de Chardonnay et de Pinot noir.

L’enjeu était énorme à la Cour de Bérénice, en fin de semaine dernière : récolter le fruit de plusieurs années de travail, de la plantation à la première vendange.
L’enjeu était énorme à la Cour de Bérénice, en fin de semaine dernière : récolter le fruit de plusieurs années de travail, de la plantation à la première vendange.
© D. R.



Chaque grappe de raisin est coupée à la main, à l’aide d’une épinette, puis déposée délicatement dans un seau. Celui-ci est vidé tous les 10 m dans des caisses spéciales vendanges, direction la ferme et, plus précisément, le pressoir ou la cuve de macération. Les grains doivent arriver le plus intacts possible. Ces 1er, 2 et 3 octobre, la pluie n’a pas arrêté la vingtaine de personnes venues prêter main forte à Maximilien de Wazières, premier vigneron de la Somme à la Cour de Bérénice, à Terramesnil, pour les vendanges de ses 3,5 ha de vigne.
Ces trois journées étaient décisives pour l’exploitation, mais le sourire domine : «Nous avons la chance du débutant», s’amuse l’agriculteur. Il faut dire que la météo a été particulièrement bénéfique pour la vigne ces deux dernières saisons : un temps sec, chaud, avec un ensoleillement élevé. «La pression oïdium et mildiou était cependant forte. Nous avons traité avec du cuivre et du souffre», précise Maximilien. Une fois le raisin coupé, place à la vinification.
«Pour le rouge, du Pinot noir, nous devons érafler, soit séparer les baies de raisin de la grappe, et fouler. Le foulage éclate les baies pour en libérer le jus.» Ce jus est désormais placé en cuve de macération pour trois semaines, où il est régulièrement remonté : le moût est pompé depuis le bas de la cuve pour être réintroduit en haut, pour donner une belle couleur rouge. «Pour mettre fin à la macération, on récupère le jus par le bas de la cuve afin de séparer le jus des parties solides.» Ensuite, le marc qui retient encore du jus est pressé pour extraire le jus restant, appelé vin de presse. Le tout rejoindra le pressoir, avant d’être mis en fût et placé à température constante, entre 12 et 14°C et entre 70 et 80 % d’hygrométrie. «Nous avons choisi des fûts bourguignons de 228 l, car nous nous approchons des vins de Bourgogne.» Pour le vin blanc, les grappes entières sont directement mises au pressoir, puis le jus subit une nuit de décantation, avant de suivre le procédé du vin rouge.
Il faudra attendre un an et demi avant de goûter le premier millésime : sept mille bouteilles de vins à 12°C, légers en bouche et agréables, à déguster entre amis. Pour le vocabulaire plus précis, il faudra se former. «Il y a trois grandes facettes dans le métier : le travail de la vigne, la fabrication du vin, et la commercialisation. J’ai beaucoup progressé pour les deux premières, même si je débute, mais j’ai vraiment beaucoup à apprendre pour présenter mon vin.» Maximilien aimerait séduire les cavistes et les restaurateurs locaux. Il imagine aussi des balades gourmandes ou des journées pédagogiques à destination du grand public, pour faire connaître son produit et sa philosophie. Comptez «un petit 15 €» par bouteille. Un prix à la hauteur du travail fourni pour ce résultat.

Du vin bio
Les dix mille pieds de vignes, plantés en décembre 2017 pour une partie et en mars 2018 pour l’autre, devraient livrer leurs meilleurs fruits à six ou sept ans. Maximilien ne veut pas tirer sur le rendement : «Je veux limiter à 30 ou 35 hectolitres pour quinze mille bouteilles en rythme de croisière, d’ici trois ans.» La vigne devrait entamer une conversion bio l’année prochaine, donc produire un vin bio d’ici trois ans. «Je n’utilise déjà ni insecticide, ni fongicide. Mais je dois investir dans une bineuse hydraulique pour le désherbage. La gestion des adventices est cruciale, car elles concurrencent la vigne.» Le vigneron fait aussi le choix de vins de cépage, uniquement des millésimes, ce qui signifie que le vin sera différent d’une année à l’autre. «Son goût sera la surprise à chaque fois. Mais j’espère que la qualité, elle, sera toujours là !»

De l’huile de noix aussi

Avant la vigne, 6,20 ha de noyers avaient été plantés en 2013, dans les terres les plus vallonnées, impossibles à cultiver. «Ce sont des terres calcaires. La pousse est donc plus lente, mais le goût des noix devrait être excellent.» Un investissement à long terme, puisqu’il faut dix à douze ans à un noyer avant de produire. Le temps à passer est en revanche moindre : une taille une fois par an suffit. Les arbres, de variété Franquette, sont vigoureux, productifs, fertiles et rustiques. Leur floraison tardive leur permet la culture en zone de gel tardif. Ils donnent une noix de gros calibre à coquille fine. Les premières noix de table, pour les plus belles, et bouteilles d’huile de noix, devraient donc être commercialisées d’ici trois ans.




Des techniques à maîtriser

Devenir vigneron ? C’était un rêve pour Maximilien de Wazières. Le rêve est devenu réalité et celui-ci requiert un sacré investissement. «Il faut vraiment être passionné, car on y passe beaucoup de temps. Mieux vaut avoir une famille intéressée elle aussi, car le vin occupe de nombreuses conversations», sourit-il. Le choix des variétés a d’abord été crucial : «il s’agit de vignes hautes et larges, qui correspondent à notre terroir. Elles résistent plutôt bien aux gelées tardives et profitent au maximum du soleil.» Les vendanges sont le coup de bourre de l’année, mais d’autres étapes sont déterminantes.
Après avoir livré ses fruits, la vigne se repose désormais. Elle sera taillée vers le mois de mars, «le plus tard possible, pour que les bourgeons sortent plus tard, lorsque le risque de gelées est moins élevé». Il faudra ensuite procéder au relevage, pour que tout soit palissé sur un même plan, puis au rognage, soit la vendange en vert, pour éliminer les petites grappes peu productives. La surveillance est toujours de mise pour déclencher un éventuel traitement. Maximilien bénéficie des précieux conseils d’un technicien spécialisé et d’un vignoble de la Côte de Nuits, en Côte d’Or.

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