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Locavrac : pour consommer local et de manière responsable

Julie et Guillaume, à la tête du magasin de vente en vrac de produits locaux, à Abbeville, ont reçu, le 14 mars, le premier prix du concours «J’aime mon territoire», lancé par le Crédit agricole Brie Picardie.

Julie et Guillaume ont ouvert Locavrac, leur magasin de vente en vrac, le 16 janvier 2018. Un an plus tard, 10 000 clients ont pris leur carte de fidélité.
Julie et Guillaume ont ouvert Locavrac, leur magasin de vente en vrac, le 16 janvier 2018. Un an plus tard, 10 000 clients ont pris leur carte de fidélité.
© F. G.



Un prix de plus pour Julie et Guillaume. Et le premier prix, s’il vous plaît, du concours «J’aime mon territoire», organisé par le Crédit agricole Brie Picardie pour accompagner et faire connaître des projets durables et innovants tout près de chez nous. Sur les 10 000 sociétaires qui ont voté, entre novembre et décembre derniers sur la plateforme «J’aime mon territoire», pour les neuf entreprises en lice dans la Somme, l’Oise et la Seine-et-Marne, 2 038 l’ont fait pour Locavrac. Soit un franc succès.
Il faut dire que leur projet de magasin de vente en vrac, qui privilégie les produits locaux, et donc les circuits courts, est plus que dans l’air du temps. «Du local, du vrac et de la bonne humeur», résume Julie pour donner l’ADN de Locavrac. Avec pour objectif affiché de faire en sorte que tout un chacun puisse consommer de manière responsable, en circuit court et dans une démarche zéro déchet. Une démarche dans laquelle Julie et Guillaume se sont inscrits depuis quelques années à peine.

Une prise de conscience progressive
Loin des milieux bobos, Julie et Guillaume sont issus de familles agricoles de la Somme. Sensibilisés depuis toujours à la valeur travail du monde agricole et à la qualité des produits issus de la terre, leurs parcours de vie les en a cependant éloignés. Pendant que Julie officiait dans le tourisme, Guillaume, lui, travaillait dans le milieu des transports jusqu’à ce que tous deux tombent malade. Ce coup d’arrêt, brutal dans sa survenue, va se révéler une chance. Une chance, oui, parce que cet arrêt va laisser du temps à la réflexion sur soi, comme sur leurs choix de vie et leur rôle dans la société. Du temps aussi pour lire, se documenter et envisager sérieusement de se reconvertir professionnellement.
Changer sa façon de faire et de vivre commence par changer son alimentation. Si Julie et Guillaume ont toujours été adeptes de la vente directe à la ferme, force est de constater que les heures d’ouverture des magasins à la ferme sont toujours contraignantes pour ceux qui doivent partager leur temps entre une vie de famille et une vie professionnelle. De cette réflexion viendra le déclic : ouvrir tous les jours un magasin permettant de retrouver l’ensemble des produits locaux du territoire. «Réunir tous les producteurs dans un seul et même endroit était l’idée. Ainsi, le magasin serait comme une sorte de marché ouvert toute la semaine. On a foncé», raconte Julie.

Le parcours du combattant
Avant de se lancer dans la recherche d’un local et d’aller frapper à la porte des banques, le couple part à la pêche des producteurs tout au long de l’année 2017. La plupart de ceux qu’ils connaissent accueillent le projet favorablement. Julie et Guillaume font aussi le tour des marchés pour rencontrer de nouveaux producteurs. Puis, certains en parlent à d’autres. «Nous avons visité toutes les exploitations pour connaître les conditions de vie des animaux, ainsi que la manière dont les agriculteurs menaient leurs cultures afin de répondre aux attentes des clients, soucieux du bien-être animal et de produits alimentaires sans pesticide», explique Julie. Celle-ci officie également sur les réseaux sociaux, en créant une page Facebook, mais aussi sur Instagram. Au final, une trentaine de producteurs sont prêts à répondre à l’appel.
Côté local, Julie et Guillaume trouvent leur bonheur dans un bâtiment tout neuf, construit en face de la clinique Sainte-Isabelle, à Abbeville. Mais ils se font souffler le local, trois jours avant leur rendez-vous à la banque. Le réseau Investir en Picardie Maritime, qui les suit, démêle le problème, en leur trouvant un local, boulevard de la République. Si celui-ci les intéresse du fait de la présence d’un parking, d’une boulangerie très fréquentée juste à côté, ainsi que sa localisation géographique, le prix est le double du précédent local. Mais leur bonne étoile veille sur eux, puisque le propriétaire leur cède finalement le local à moitié prix, emballé par le projet du jeune couple. Une fois réaménagé, le magasin, qui propose 300 m2 de surface de vente, ouvre ses portes le 16 janvier 2018.

Relations privilégiées avec les producteurs
Aujourd’hui, ce ne sont pas une trentaine, mais quatre-vingt producteurs locaux avec lesquels travaillent Julie et Guillaume. Aucun contrat, ni cahier des charges ne sont établis avec les producteurs. Point d’heures précises non plus pour les livraisons, les producteurs les assurant à leur convenance. Côté magasin, Julie et Guillaume passent des commandes en fonction de leurs besoins. «Même si ce n’est pas toujours évident sur le plan de la logistique, l’avantage est que nous sommes en circuits courts. La majorité de nos producteurs sont dans un rayon maximum de 30 km d’Abbeville, hormis quelques exceptions. Dans tous les cas, comme les producteurs sont tout près, on peut avoir des livraisons en 24h et être en direct tout le temps avec eux», détaille Guillaume.
Concrètement, les fruits et légumes sont livrés soit au jour le jour, le plus souvent trois fois par semaine. Les produits laitiers, apportés par trois producteurs du coin, arrivent, eux, au magasin une fois par semaine. Il en est à peu près de même pour la viande, soit une fois par semaine ou tous les dix jours, suivant les besoins. «Nous achetons les bêtes entières. Il faut donc arriver à vendre tous les morceaux. Pour ce faire, nous en transformons une partie, notamment auprès de la conserverie Au coin goûteux, qui s’est montée à Saint-Valéry-sur-Somme», complète Guillaume. Même les légumes secs et pâtes proviennent du territoire picard. Et le couple de s’enorgueillir de la possibilité offerte à leurs clients de pouvoir, grâce à tous les produits vendus au magasin, concocter des recettes de A jusqu’à Z.
Côté prix, les producteurs proposent, et Julie et Guillaume s’adaptent ou pas. «On compare avec les prix qui se pratiquent ailleurs sur des produits au même niveau de qualité. Ensuite, la question que l’on se pose toujours avant d’acheter est la suivante : est-ce que l’on achèterait à ce prix ? Dans tous les cas, on essaie de donner le prix le plus juste aux producteurs, car on sait quelle est la valeur de leur travail et les heures qu’ils y passent. L’important est que tout le monde s’y retrouve», conclut-il.
Et parce que ce magasin de vente en vrac de produits locaux est attaché aux agriculteurs comme à ses clients, ils proposent également des rencontres entre eux autour de dégustations, mais aussi des animations et des ateliers avec des intervenants extérieurs pour consommer responsable, en circuit court et avec zéro déchet. «On voulait que notre magasin soit vivant et que nos clients se sentent bien et qu’ils aient la sensation de ne pas faire leurs courses quand ils sont chez nous. C’est aussi pour cela que nous avons créé un espace jeu pour les enfants. Ce magasin doit être à la fois un lieu de vie et de vente», insiste Julie. Avec l’envie de partager une autre façon de faire ensemble, sans pour autant donner de leçon.

Locavrac, c’est…

- 120 fournisseurs, dont 80 producteurs locaux dans un rayon de 30 km autour d’Abbeville, siège du magasin de vente en vrac
- 10 000 clients en une année d’activité qui possèdent une carte de fidélité
- 2 500 followers sur Facebook
- 2 temps plein
- 300 m2 de surface de vente

10 boulevard de la République, à Abbeville
Ouvert de 9h à 19h non stop, du lundi au samedi

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