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Marchés
Réforme des cotations viandes : un système plus fiable

Éleveur de bovins et membre de la Commission régionale de cotations, Christophe Hochedé revient sur la réforme des cotations viandes.

Grâce à la réforme, «c’est plus clair. Même si on ne peut pas faire sans le marché en vif, la cotation entrée abattoir est la plus fiable, plus transparente», reconnaît Christophe Hochedé.
Grâce à la réforme, «c’est plus clair. Même si on ne peut pas faire sans le marché en vif, la cotation entrée abattoir est la plus fiable, plus transparente», reconnaît Christophe Hochedé.
© aap
Entrée en application en janvier 2012, la réforme du dispositif d’établissement des cotations gros bovins «entrée abattoir» a maintenant un an. La classification des animaux s’est affinée, et les cotations sont maintenant établies par des Commissions régionales implantées dans 4 zones géographiques au lieu de 10 : Grand Ouest (dont le centre de cotations est basé à Rennes), Nord-Est (Lille), Centre-Est (Dijon) et Grand Sud (Toulouse). De taille plus importante et regroupant un nombre d’animaux supérieur, ces bassins permettent d’élaborer des cotations représentatives. Explications avec Christophe Hochedé, membre de la Commission de cotations du bassin Nord-Est et éleveur bovin à Nédonchel, dans le Pas-de-Calais.

Pouvez-vous nous rappeler les raisons de cette réforme ?
Il y a eu, notamment de la part de la Fédération nationale bovine (FNB), une forte demande pour plus de clarté dans la formation des prix. La valeur des animaux était sans cesse dégradée. Il fallait rehausser cette valeur et c’était une manière pertinente de le faire. La réforme des cotations faisait aussi partie des revendications pendant le blocage des abattoirs en novembre 2010, en lien avec la nécessité d’avoir un classement irréprochable des animaux. Il a ainsi été décidé que tous les abattoirs de plus de 3 000 t devaient être dotés d’une machine à classer à partir du 31 décembre 2012. Tout devrait donc être installé ou en cours d’installation.

Qu’est-ce qui a changé dans la cotation ?
Au-dessus d’un certain tonnage, les abatteurs avaient l’obligation de communiquer leurs chiffres : c’est toujours le cas, mais les niveaux ont été revus à la baisse afin que plus d’abatteurs puissent le faire. Les abatteurs qui traitent 3 000 t/an peuvent transférer leurs données (le réseau de correspondants est ainsi élargi aux abatteurs traitant plus de 5 000 gros bovins par an contre 10 000 dans l’ancien système, ndlr).
De plus, toutes les régions ne fonctionnaient pas de la même manière ; parfois on était 10 centimes en dessous d’autres régions. C’est pourquoi il y a eu cette réforme : cela a permis de remettre une cotation faite de la même manière partout. Les prix peuvent être différents, mais la méthode doit être la même. Ça, nous y sommes parvenus. Les écarts de prix entre bassins de cotation sont de 3 à 4 centimes seulement.
La classification a également évolué. Elle permet de ne pas mélanger la totalité des animaux dans le cœur de cible dont le marché a besoin ; d’écarter par exemple les bêtes de concours (les critères de qualité européens E, U, R, O et P ont été affinés ; il est maintenant possible de coter des confirmations R-, R ou R+, ndlr). Le type d’animaux est également pris en compte : race à viande, laitière ou mixte. Ainsi que la race pour certaines catégories d’animaux : Charolaise, Blonde d’Aquitaine ou Limousine (l’âge et le poids sont également pris en compte, ndlr).

Des dysfonctionnements ont-ils été observés suite à la réforme ? Que reste-t-il à améliorer ?
C’est FranceAgriMer (FAM) qui se charge du contrôle des données, et des sanctions sont appliquées si les règles ne sont pas respectées. Or, depuis un an, il n’y a pas beaucoup de contrôles à cause d’un manque de moyen. Avant, les abatteurs communiquaient leurs prix à FAM au niveau régional et les corrections avaient lieu facilement. Mais aujourd’hui, tout est centralisé, les données transitent par le siège de FAM à Montreuil (93). Il y a donc un manque de temps pour vérifier les chiffres avant de faire la cotation. Pourtant, on s’aperçoit de certaines incohérences ; les prix remontés par les abatteurs sont parfois beaucoup trop hauts ou beaucoup trop bas. C’est problématique. De plus, il faudrait qu’on arrive à avoir encore plus d’animaux à coter. La Blanc Bleu Belge par exemple n’est pas cotée.

Globalement, que pensez-vous de cette nouvelle méthode de cotation ?
Je trouve que c’est plus clair. Même si on ne peut pas faire sans le marché en vif, la cotation entrée abattoir est la plus fiable. C’est beaucoup plus transparent. En plus des 4 bassins de cotation, il y a une cotation nationale qui mixe les 4 données des 4 régions : si une bête n’apparaît pas dans les cotations régionales, on peut donc se fier à la grille nationale. Mais il faut que les éleveurs fassent la démarche d’aller consulter ces grilles sur Internet : c’est comme ça qu’ils pourront juger ce qu’ils ont dans leur étable et valoriser leurs bêtes le mieux possible.

Comment fonctionnent les Commissions de cotations ?
Chaque commission est composée de 10 personnes : 5 personnes du collège vendeur/éleveur et 5 abatteurs (un représentant des coopératifs, un du groupement de production, un négociant, un représentant du Sniv et un boucher), ainsi qu’un personnel de FAM qui anime la commission, le tout par téléphone. FAM nous transmet la grille de cotation avec les prix remontés par les abatteurs et la commission regarde si c’est cohérent ou pas, trouve un consensus.
La cotation se base sur les prix de la semaine passée. Elle sert à donner une tendance de marché, avec les tendances mini et maxi. Elle permet de donner à l’agriculteur une image du marché pour évaluer ses bêtes : c’est un véritable argument pour éviter d’être déconnecté du marché.
Analyse du marché de la viande bovine
«Le marché est relativement calme, estime Christophe Hochedé. Il n’y a pas d’achat en masse, mais pas non plus d’effritement de la demande. Pour maintenir un prix correct pour le consommateur, les distributeurs pourraient baisser en gamme, ce qui serait nocif pour la qualité et la valorisation du produit. Si les prix ne sont pas en rapport avec la qualité, cela pose problème». L’éleveur remarque une forte demande de l’étranger : «La Turquie a un besoin énorme en viande. Il y a aussi d’autres débouchés intéressants au Maghreb. En Italie et en Grèce, il y a un faible niveau de consommation mais les prix restent élevés. De façon générale, la demande en viande au niveau mondial croît à une vitesse vertigineuse».

Les cotations des ovins ont aussi leur réforme
La réforme des cotations des ovins «entrée abattoir» mise en place avec le concours des professionnels de la filière est désormais opérationnelle. Cette réforme vise à mieux informer les opérateurs, les pouvoirs publics et la Commission européenne sur la réalité du marché d’une part, et à simplifier et fiabiliser la collecte et le traitement des données.
Les nouvelles cotations sont publiées depuis le 22 janvier 2013 sur le site Internet de FranceAgriMer (www.franceagrimer.fr). Elles sont disponibles dès le mardi pour les abattages de la semaine précédente. La mise en place de ces cotations «entrée abattoir» s’accompagne d’une refonte des bassins de cotations et de la rénovation des grilles de cotation. Les bassins de cotation passent de quatre à deux avec la fusion des deux bassins actuels sud et des deux bassins du nord. Les nouveaux centres de cotations sont Poitiers pour le Nord et Toulouse le Sud. En ce qui concerne les grilles de cotation des agneaux de boucherie (ovins de moins de douze mois) quatre catégories de poids sont désormais cotées contre cinq précédemment : moins de 16 kg, 16 à 19 kg, 19 à 22 kg et plus de 22 kg. En outre, seules les conformations U, R et O et les états d’engraissement 2,3 et 4 sont retenus. Pour les brebis (autres ovins), deux catégories de poids contre trois précédemment sont désormais concernées : moins et plus de 30 kg. En outre, seules les conformations R et O et les états d’engraissement 2, 3 et 4 sont cotés.
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