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Mauvais temps pour la moisson 2016

Aucun doute, la moisson 2016 rentrera dans les annales. Selon les secteurs, les volumes récoltés ont diminué entre 30 et 40 % par rapport à 2015.

Une moisson aux résultats catastrophiques.
Une moisson aux résultats catastrophiques.
© AAP


Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Ce proverbe, bien connu de tous, prend, cette année, tout son sens. Souvenez-vous, fin d’été 2015, nous décrivions la moisson comme exceptionnelle, de rêve, la moisson record qui repoussait les limites agronomiques. Les rendements moyens en blé avoisinaient le seuil symbolique des 100 qx/ha et la qualité était au rendez-vous. Fin d’été 2016, les commentaires sont tout autres. La moisson est catastrophique, pauvre, les récoltes sont «mauvaises», rapporte la coopérative agricole Cap Seine, «pire que ce que nous prédisions», dit Calipso, ou encore du «rarement vu» pour Noriap.
Bien sûr, la forte pression maladie survenue à l’automne et les fortes pluies tombées entre l’épiaison et la floraison des céréales laissaient présager des baisses de rendements et une qualité moindre. Mais c’est lors des premières récoltes que le scénario catastrophique s’est tout bonnement dessiné et a quelque peu surpris producteurs et organismes stockeurs. «On s’attendait à des résultats de moisson déplorables, on le prédisait. Mais c’est lors des récoltes qu’on en a pris réellement conscience», explique Frédéric Toullet, responsable des régions Sud et Est de Noriap.
Débutée la première semaine de juillet, dans la Somme, avec la récolte des escourgeons, la moisson a pris fin le week-end du 15 août. Plusieurs coopératives agricoles ont rapporté avoir eu quelques difficultés de battage liées au ray grass présent dans les parcelles. D’ailleurs, «certaines parcelles n’auraient même pas été récoltées», souligne Noriap. Sur le département, l’ensemble des organismes stockeurs annonce une baisse de volume allant de 30 à 40 % par rapport à l’année précédente. Cette baisse varie en fonction des secteurs. Ainsi, les terres légères, soit les zones sableuses (mais attention on ne parle pas des Bas champs) semblent s’en sortir un peu mieux que les zones de limon profond, et accusent donc une perte moins importante.

Blé : des volumes en chute libre
«Le beau temps, arrivé à la mi-août, a permis de récolter les blés secs», lance Xavier Becquet, responsable des régions Nord et Ouest de Noriap. Le taux d’humidité moyen talonne le 14,5 % pour la coopérative Noriap, par exemple. Du point de vue de la quantité, soit les rendements, ceux-ci sont en chute libre cette année. «Les silos sont vides lorsque l’on compare à l’année précédente», disent les organismes stockeurs. Et pour la qualité, même si cette année la teneur en protéines est bien présente, le poids spécifique, quant à lui, est aussi en baisse comparé à 2015. La moyenne départementale devrait dépasser les 60 qx/ha.
On observe des disparités entre les secteurs. Ainsi, à l’Est du département, soit dans le Santerre, «on a du 45 à 52 qx/ha en moyenne, indique Antoine Dennetière de Cap Seine. Et 80 % des blés sont à 67 de PS». Sur l’axe Corbie - Marcelcave, «on relève une moyenne légèrement plus élevée, soit 55 à 57 qx/ha, 80 % des blés fauchés sont à 70 de PS, et ont une teneur en protéines comprise entre 12,5 et 13,5», ajoute-il. Pour Sana Terra, basée dans le Santerre, mais aussi sur le Plateau Picard, «les rendements moyens se situent entre 55 et 65 qx/ha, avec de grosses hétérogénéités pouvant aller de 30 à 75 qx/ha, et le poids spécifique moyen relevé est de 70», explique Jean-François Florin, directeur de cette coopérative.
Au Nord et à l’Ouest du département, pour Noriap on a un rendement moyen de 55 qx/ha dans les moins bonnes terres, et pouvant aller jusqu’à 72 qx/ha dans les bons limons en bordure maritime. Le PS moyen relevé pour Noriap oscille entre 70 et 73, mais «la fourchette chez les agricultures est bien plus marquante», souligne Xavier Becquet. Enfin, pour Calipso, basée à l’Ouest du département, le rendement moyen avoisine les 67 qx/ha, avec un PS moyen de 72,4 et une teneur en protéines de 12,3.

Orges : de l’hétérogénéité
A l’image de celles des blés, les récoltes des orges d’hiver sont décevantes. A l’inverse, la moisson des orges de printemps semble un peu mieux et s’apparenterait à celle d’une année dite normale. Premiers à être battus, les orges d’hiver affichent un rendement moyen de 66 qx/ha dans le Santerre, de 60 à 61 qx/ha entre Corbie et Marcelcave pour les deux secteurs de Cap Seine, et en moyenne de 67 à 68 qx/ha pour le Nord et l’Ouest du département. De manière générale, les PS sont assez faibles et les taux de protéines plutôt élevés (alors qu’il n’en n’est pas demandé pour cette céréale), soit une moyenne de 11,9, par exemple, pour Calipso.
Concernant les orges de printemps, comme dit dans l’édition précédente, c’est une bonne surprise, c’est-à-dire moins catastrophique que les blés et les escourgeons. Calipso observe un rendement moyen de 65 qx/ha avec un PS compris entre 62 et 63. Cap Seine décrit la récolte comme «pas exceptionnelle, mais les rendements sont pas mal. Ils avoisinent les 65 qx/ha, avec une teneur en protéines comprise entre 11,5 et 12». Pour Noriap, le rendement moyen s’établit à 65 qx/ha et un poids spécifique moyen de 62. Quant à Sana Terra, les rendements observés sont plus faibles, «50 qx/ha de moyenne contre 75 à 80 qx/ha en 2015», rappelle Jean-François Florin.

Colza : une belle surprise
On les voyait mal partis, la levée fut compliquée, puis il y a eu les altises et une floraison très moyenne. Néanmoins, «lorsque nous faisons le bilan, les résultats ne sont pas si déplorables que cela», disent les organismes stockeurs. Il semblerait que ce soit la céréale qui ait eu le moins d’impact en cette année compliquée. «Les premières bennes réceptionnées étaient décevantes, mais celles-ci sont montées crescendo», commente Xavier Becquet. Le rendement moyen est aujourd’hui de 35 qx/ha. La bonne surprise est observée pour les colzas éruciques, avec des rendements corrects (35 qx/ha). Certes moins bons que l’année dernière, «mais nous avons un bon niveau d’huile», ajoute Antoine Dennetière de Cap Seine.

Pois : une nouvelle année difficile
Les déceptions étaient fortes en 2015 pour les pois protéagineux et, malheureusement, celles-ci s’accentuent. L’année est une nouvelle fois difficile pour les producteurs de pois. Pour les pois protéagineux d’hiver, c’est catastrophique. Certaines parcelles n’ont même pas été récoltées. Et pour celles récoltées, les rendements sont peu élevés allant au maximum à 20 qx/ha sur le département, soit plus de deux fois moins par rapport à l’année dernière.
Quant aux pois protéagineux de printemps, c’est un peu mieux. D’après Xavier Becquet, «la qualité a été préservée, les pois sont homogènes et de belle couleur». Les rendements sont de 35 qx/ha en moyenne pour les secteurs Est et Sud de Noriap, et entre 35 et 40 qx/ha dans les secteurs de Cap Seine et Nord et Ouest de Noriap. A l’inverse, pour Sana Terra les résultats sont moindres. «Les rendements sont mauvais», indique Jean-François Florin, avec en moyenne 25 qx/ha.
Bref, la moisson 2016, compliquée et difficile, restera à coup sûr dans les annales. Et, contrairement à 2007, où là aussi les volumes récoltés avaient été maigres, on ne devrait pas voir les prix monter en flèche, car rappelons que la production mondiale tend à la hausse.

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