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Nicolas Thirard : de l’informatique au maraîchage

Le maraîcher, installé à Devise, est l’un des lauréats du concours 13 fermes d’avenir, pour ses pratiques agricoles et son projet de conserverie participative.

© AAP


Sous ses airs tranquilles, Nicolas Thirard bouillonne d’idées et d’énergie. «Il a trop d’idées à la fois», râle son père, sans masquer pour autant la fierté qu’il éprouve pour lui. «Il travaille trop, il devrait se ménager un peu plus. Vous savez, faire du maraîchage, c’est très dur», ajoute-t-il. Lui faisait de l’élevage d’ovins dans cette même ferme, en son temps. Aujourd’hui, la ferme de l’Omignon, sous l’impulsion du fils, a pris un autre chemin : celui du maraîchage bio.
Si Nicolas Thirard passe son temps à courir d’un champ à l’autre, et d’une serre à l’autre, il a pourtant pris tout son temps avant de choisir cette voie. «J’ai toujours eu envie de faire de l’agriculture, mais pas tout de suite après mes études d’ingénieur agricole. Je voulais, avant, explorer d’autres voies», dit-il. Ce sera l’informatique, une autre de ses passions. «J’ai toujours adoré ça, particulièrement la programmation», confie-t-il.

Des ordinateurs aux légumes
En homme qui ne calcule pas, mais qui n’oublie jamais d’où il vient et ce qui l’anime profondément, il devient informaticien pour le Crédit agricole, puis d’autres structures en lien avec l’agriculture, avant d’exercer ses mêmes talents pour le compte du groupe de presse France Agricole, à Paris. Avec l’un de ses collègues, il met en place un site internet offrant un petit service de vente directe de produits de la ferme. «C’est cela, croit-il, qui m’a mis le pied à l’étrier pour revenir à l’agriculture et cultiver des légumes.» Puis, aussi, un certain ras-le-bol de Paris. «J’en avais fait le tour. Il était temps de changer d’air», dit-il pudiquement.
En 2002, avec le départ en retraite de sa mère, il reprend 50 % des parts de la ferme, mais continue cependant à partager son temps entre Paris et la ferme de l’Omignon. Reprendre l’élevage d’ovins n’est pas, cependant, dans son projet, malgré son fort attachement à la ferme familiale. «Je n’avais pas plus d’affinités avec ce type d’agriculture. Par ailleurs, ce n’est pas très rémunérateur. Il faut vraiment être très passionné pour faire cela. Moi, je ne l’étais pas. Mon idée était de diversifier l’exploitation», raconte-t-il.
Ce sera la production de légumes en agriculture raisonnée. «Cela me paraissait logique d’aller dans cette voie, tant pour ma santé que pour celle de mes clients. J’avais aussi la volonté de m’inscrire dans la durabilité, que ce soit au niveau environnemental, comme au niveau économique. Enfin, le fait d’avoir travaillé dans une grande ville comme Paris m’a fait aussi prendre conscience des évolutions sociétales et des attentes de plus en plus fortes des consommateurs sur l’alimentation», commente-t-il.
Pour une partie des terres en pâture de la ferme, la conversion au bio se fait immédiatement. Pour les terres céréalières, il faudra deux ans de conversion, avant de pouvoir commercialiser les produits en bio, la troisième année. Il commence par cultiver quelques variétés de légumes sur 40 ares. Avant de se lancer, il va néanmoins voir d’autres maraîchers, multiple les visites, notamment à l’étranger (Hollande et Belgique...), puis court les Salons. «J’ai surtout appris sur le tas, en commettant des erreurs», dit-il, tout sourire.

Un esprit foisonnant
Les erreurs de débutant ne durent cependant qu’un temps. La machine est lancée. Nicolas met un nouveau coup d’accélérateur en 2007, en décidant d’abandonner définitivement son métier d’informaticien pour se plonger à 100 % dans son activité de maraîchage. De 40 ares, à ses débuts, il cultive désormais une bonne quarantaine de légumes sur 8 hectares. «Il a le don du jardinage comme l’avait son grand-père, et comme je l’ai», ajoute son père.
Après avoir vendu ses légumes à la ferme et sur le site internet créé avec son ancien collègue, il diversifie ses points de vente, grâce à La Ruche qui dit Oui !, une société qu’il trouve sur le Net. L’informaticien sommeille toujours en lui. Des restaurateurs, comme des établissements scolaires viennent aussi se fournir chez lui, aujourd’hui. Le succès est au rendez-vous, mais cet homme à l’allure paisible, n’a pas fini d’explorer les chemins du possible.
Transformer ses légumes dans une conserverie participative est sa nouvelle idée. Jusqu’ici, il faisait appel à une société pour la transformation de sa production. «J’ai besoin de plus d’autonomie. J’ai envie de faire mes conserves moi-même, de partager ce lieu avec d’autres maraîchers, d’y faire des animations avec, par exemple, des restaurateurs, comme de faire des produits qui sortent de l’ordinaire», explique-t-il.
Dans sa «logique» d’agriculture écologique, il veut aller plus loin en assurant la conversion bio des terres de grandes céréales. Comme la graine qui prend son temps pour pousser, Nicolas cultive son jardin pas à pas, sûrement mais tranquillement, loin désormais des ambiances feutrées des bureaux parisiens.

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