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«Nous allons continuer à nous battre»

Président de la FDSEA depuis avril 2019, Denis Bully revient sur les faits marquants de l’année écoulée, le rôle du syndicalisme agricole et ses espoirs pour 2020.

«Il y a la mobilisation qui se voit, mais il y a aussi un travail qui se fait dans l’ombre», assure Denis Bully.
«Il y a la mobilisation qui se voit, mais il y a aussi un travail qui se fait dans l’ombre», assure Denis Bully.
© V. F.

Alors que les assemblées générales de territoires de la FDSEA ont débuté dans la Somme, que retenez-vous de l’année 2019 sur le plan de la défense de la profession agricole ?
2019 n’a pas été une année facile, si on se souvient bien. J’en suis à me demander si l’agriculture reste un sujet d’importance pour nos dirigeants politiques quand on voit comme elle est considérée aujourd’hui. L’adoption du Ceta a, par exemple, été une déception. Nous avons terminé cette année délicate avec la crise Lubrizol, même si nous avons eu une bonne collaboration avec les services de l’état et la chambre d’agriculture pour la gérer, puis tout récemment, les ZNT qui nous sont tombées dessus... mais ce n’est pas fini, nous allons continuer à nous battre.

Un an après la mise en œuvre de la loi Egalim, pensez-vous que cette dernière ait atteint les objectifs qui ont entouré sa préparation et sa présentation ?
Il est clair et net que le compte n’y est pas. Jusqu’à présent, nous ne constatons que des effets négatifs et de nouvelles contraintes : nous avons eu le débat sur le glyphosate, l’augmentation de la redevance pour pollution diffuse (RPD), la mise en place des zones de non-traitement (ZNT), le retrait de certaines matières actives... L’effet de ruissellement du volet économique de la loi ne s’est, quant à lui, pas encore fait sentir sur nos exploitations et cela devient urgent.

Peut-on raisonnablement imaginer une année 2020 sans actes d’intimidations, agressions verbales ou physiques envers les agriculteurs et sans intrusions dans leurs exploitations ? Autrement dit, quand en aura-t-on fini avec l’agribashing ?
Malheureusement, j’ai l’impression que c’est parti pour continuer. Nous avons des parlementaires qui se sont engagés avec des propositions de loi pour sévir contre les intrusions dans les exploitations. Dans la Somme, la préfète nous a assuré qu’elle fait régulièrement remonter notre inquiétude en haut-lieu sur le sujet et que l’état y est sensible, mais je me demande pourquoi  on a attendu aussi longtemps pour faire quelque chose et si cela changera vraiment. Si on ne fait rien, j’ai bien peur que de plus en plus de personnes ne dénigrent ce que l’on fait.

Quelle(s) réponse(s) peut apporter le monde agricole pour sa défense ?
En juin dernier, participer à la foire-expo d’Amiens avec un village agricole a été une bonne occasion de montrer l’agriculture du département dans toute sa diversité, de manière positive. Nous devons sortir de nos exploitations pour parler d’agriculture, mais également besoin d’ouvrir nos fermes. Nous ne communiquons pas suffisamment. Nos pratiques changent, elles sont plus vertueuses. Nous cherchons à innover, mais nous devons le faire savoir.

En février prochain, une nouvelle édition du Salon international de l’agriculture ouvrira ses portes à Paris. Est-il pertinent pour le monde agricole de s’y presser ?
Ce salon reste un bon moyen de communiquer envers le grand public, mais c’est aussi un moment choisi par un certain nombre de politiques pour venir se montrer. Il faut profiter de cette occasion pour leur demander des comptes et ne pas les laisser venir pour seulement caresser des animaux et faire des images. Il faudra veiller aussi à ne pas laisser nos détracteurs venir gâcher la fête.

Quels sont vos souhaits pour les agriculteurs de votre département ?
Avant toute chose, que chacun soit en bonne santé et heureux dans ce qu’il fait. Cela peut paraître simple à dire, mais il faut réussir à voir un peu plus loin que le quotidien. Nous avons plein de choses à partager et le rôle du syndicalisme est de faire en sorte que nous ne perdions pas ce que nous avons.  

Quel sens donnez-vous à cet engagement ?
S’engager syndicalement, ce n’est pas facile, mais c’est utile. Parce que nous restons avant tout des agriculteurs. Une fois que les réunions ou les manifestations sont finies, nous retournons sur nos fermes où le travail doit continuer à se faire. Il y a la mobilisation qui se voit, mais il y a aussi un travail qui se fait dans l’ombre, avec nos administrations de tutelle : Draaf, DDTM, les collectivités locales, les autres OPA.

En 2020, le calcul du montant de la cotisation à la FDSEA change, avec la mise en place d’un forfait de base. Pourquoi ce changement ?
Pour qu’un syndicat soit efficace et pour qu’il soit respecté, il doit avoir des moyens suffisants pour son fonctionnement. Nous ne devons pas renoncer à continuer nos actions pour des craintes financières. Nous ne pouvons pas juste imaginer défendre notre profession avec seulement des remorques de fumier... même si nous continuerons à sortir les tracteurs et à organiser des rassemblements (entre autres) quand il le faudra. Quand un agriculteur adhère à la FDSEA, il a accès à un certain nombre de services, à des conseils pour monter un projet, pour défendre ses intérêts, préparer un dossier juridique ou social. Le faire autrement que par la FDSEA, c’est possible, mais le coût n’est pas le même.
Nous avons supprimé, pour plus de lisibilité, la cotisation spécifique sur les produits appelée par la FDSEA, augmenté la remise pour ceux qui s’abonnent à L’Action agricole picarde. Il y a désormais un forfait, mais nous étions dans une situation ou des micros-structures bénéficiaient de tous les services au tarif adhérent avec une cotisation qui pouvait être nulle ; ce qui n’était pas juste.

Quelles sont les raisons qui vous poussent à être quand même optimiste pour les années à venir ?
Si on s’engage dans le syndicalisme, c’est parce qu’on a des convictions et que l’on veut les défendre. Mon but, c’est que nous ayons encore des exploitations viables à transmettre dans les années futures à de nouvelles générations. Les difficultés que l’on rencontre ne sont pas nouvelles et nos aînés ont réussi avant nous. Dans les années 1930 par exemple, ceux qui ont mis en place les coopératives ont pris des risques, ils se sont investis, mais l’on peut dire aujourd’hui qu’ils ont eu une vision. Idem pour ceux qui se sont lancé dans le développement agricole dans les années 1960-1970. Il faut à tout prix que nous évitions aujourd’hui l’attentisme et l’immobilisme. Nous devons rester à l’affût de tout ce qui peut être source de valeur ajoutée pour nos exploitations et être dans le mouvement.

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