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Plein feux sur l’agriculture d’aujourd’hui

La plus grande ferme de France a ouvert ses portes le 24 février à Paris. High-tech, offre de diversification toujours plus étoffée... C’est surtout l’occasion pour la profession de se mettre en scène avec fierté, à juste titre.

Drones, moissonneuse batteuse high-tech, décor futuriste... Le hall horticulture du salon donne de la profession une image résolument moderne.
Drones, moissonneuse batteuse high-tech, décor futuriste... Le hall horticulture du salon donne de la profession une image résolument moderne.
© D. R.


Des écoliers en gilet fluo s’approchent d’une grosse vache rousse étendue sur le flanc. C’est le moment que choisit l’animal pour se lever poussivement et lâcher une énorme bouse sur la paille fraîche, sous les cris effarés des enfants. Bienvenue au Salon de l’agriculture, vitrine des fermes françaises et grand rendez-vous des parisiens qui aiment redécouvrir que les steaks ne poussent pas dans les supermarchés. L’événement a débuté le 24 février et se poursuivra jusqu’au 4 mars sous le thème «une aventure collective». Après un démarrage en trombe le samedi, boosté par la visite présidentielle doublée d’un public festif et jeune, l’évènement a accueilli dimanche un panel plus familial, avant d’être colonisé le lundi par des seniors parcourant ses allées un peu clairsemées. Mardi, elles se remplumaient déjà avec le passage des «officiels» : députés, sénateurs... Courbé sur son téléphone dans l’espace dédié aux startups, Thierry Bailliet monte une vidéo. Interviewé notamment par France 3 et TF1, le polyculteur de Loos-en-Gohelle décèle cette année «plus d’intérêt de la part des médias». «Les agriculteurs se sont aussi rendu compte de la nécessité de communiquer. C’est une bonne chose», se réjouit-il.

D’Air Bnb au méthaniseur
Au détour d’une allée du pavillon 4, dédié aux professionnels, se dresse pour la première fois le stand d’Air Bnb. Son but ? Inciter les agriculteurs à s’inscrire sur son site, soulignant que 12 % de ses annonces se situent en zone rurale, et qu’il ne prélève qu’entre 3 et 5 % de commission. Des solutions de diversification, c’est aussi ce que propose Entomo Farm, producteur d’insectes bordelais à la recherche d’agriculteurs partenaires sur le territoire.
C’est dans ce même hall 4, sur la petite terrasse bondée du stand de la FNSEA, que Christiane Lambert a lancé lundi matin avec Sébastien Lecornu, secrétaire d’Etat de Nicolas Hulot, la journée des énergies renouvelables : une série de conférences sur la production d’énergie verte à la ferme. Eolien, méthanisation, photovoltaïque… «C’est surtout la méthanisation qui rencontre l’hostilité», a reconnu la présidente de la FNSEA. Sébastien Lecornu, lui, a livré trois pistes pour faciliter son expansion : la meilleure information du public, l’adaptation des normes et le développement d’un «savoir-faire métier». «Il faut absolument former les agriculteurs qui se lancent dans ce genre de projets», a conclu le secrétaire d’Etat.

Macron sur le stand
Dans le hall dédié à l’élevage, non loin des rings où défilent fièrement petites et grosses bêtes, s’élève le stand tout neuf du département du Nord, présent pour la treizième année. Surmonté d’une mezzanine et doté d’un pan de mur numérique, il entend évoquer une agriculture nouvelle et moderne. Autour de lui s’étalent dans leurs box les bovins de races locales. Bleue du Nord, Blanc bleu… Eleveur à Béthonsar (62), Frédéric Cuvillier a gagné avec Justesse, sa Rouge flamande, les prix de la meilleure mamelle et du championnat jeune. Il a eu l’occasion assez unique d’aborder l’abandon des quotas laitiers avec… Emmanuel Macron lui-même, lors de son passage de samedi. «Je lui ai parlé de l’abandon des quotas», raconte-t-il avec un sourire de VIP. «Il a fait un peu de langue de bois, mais je l’ai trouvé à l’écoute. Il m’a demandé combien j’étais payé pour 1 000 l de lait, et combien il fallait les vendre pour dégager un Smic. Je lui ai répondu : 300 et 340.»
Outre la visite présidentielle, le département a lancé le dispositif d’accueil familial à la ferme, solution pour les personnes âgées ou en situation de handicap et nouvelle piste de diversification pour les agriculteurs. «Il est en phase de démarrage, mais nous y croyons énormément», a assuré Jean-Bernard Bayard, président de la Chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais. Le département a également levé le voile sur le logo d’«Ici, je mange local», une plaque qui permettra de distinguer les établissements nordistes (scolaires, maisons de retraite et de l’enfance) intégrant un certain pourcentage d’approvisionnement local dans leurs cuisines.

Innovation touristique
Dans le hall des régions où la bonne chère est reine, le stand des Hauts-de-France remettait lundi ses premiers prix de l’innovation en agritourisme. Adressé aux agriculteurs et aux lycéens et étudiants, il a récompensé cinq projets (voir le détail sur notre site web). Mardi à l’inauguration du stand, le ton était moins léger. «L’agriculture, c’est la vie de nos régions», a commencé Christophe Buisset, président de la Chambre régionale d’agriculture. «Mais elle ne peut vivre que si son travail a une valeur économique. Les EGA ont permis de poser les bonnes questions, maintenant il va falloir apporter les bonnes réponses.» Intervenu à sa suite, Xavier Bertrand a annoncé d’emblée qu’il ne suivrait pas le conseil des exposants régionaux («fais court ‘tiot, on a faim !») et a, lui, embrayé sur la nouvelle Pac : «L’avenir de notre agriculture se jouera là. Je demande au gouvernement de se battre, et j’appelle à former une union sacrée pour défendre nos paysans.» Il s’est déclaré favorable à la création de «territoires francs en zone rurale, exonérés d’impôts et de charges sociales en dessous d’un certain seuil de revenus.» «On parle aussi beaucoup des dissensions entre producteurs et consommateurs», a-t-il ajouté, «mais on occulte ceux qui sont cachés entre les deux, et qui doivent consentir à faire des efforts !»
C’est avec Marie-Sophie Lesne, vice-présidente du Conseil régional en charge de l’agriculture, que le ton a pris une tournure plus optimiste avec le rappel du potentiel de la région : «Il y a des atouts qu’on ne nous enlèvera pas : notre situation géographique, nos six millions d’habitants et le bassin de consommation que cela représente, nos terres arables, notre climat… Tout cela fera toujours de nous une grande région agricole.»

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