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Premières avancées du plan de filière semences et plants

Le 11 avril, le Gnis Nord présentait un point d’étape sur le plan de filière semences et plants, ainsi que les chiffres de la campagne 2017-2018. Interview de son délégué régional, Benoît Laffineur.

Benoît Laffineur : «La filière semences et plants peut donc largement contribuer à la transformation agroécologique qu’attendent les consommateurs et les agriculteurs.»
Benoît Laffineur : «La filière semences et plants peut donc largement contribuer à la transformation agroécologique qu’attendent les consommateurs et les agriculteurs.»
© Gnis

A la demande du ministère de l’Agriculture, chaque filière a dû élaborer un plan. Qu’en est-il pour la filière semences et plants ?
Parmi les objectifs fixés à toutes les filières par le ministère, fin 2017, il y avait la nécessité de mieux répondre aux attentes des citoyens, des consommateurs et des clients. Les membres de notre filière ont donc proposé de mettre en place un comité des enjeux sociétaux afin d’instaurer un dialogue structuré avec la société civile, les ONG et les associations de consommateurs. Le conseil d’administration du Gnis a pris contact avec des représentants de la société civile pour constituer ce comité, qui sera piloté par l’un d’entre eux. Il est en cours de constitution. Son objectif sera d’avoir un regard sur le secteur semences et plants, et de collecter les attentes sociétales, qu’il nous fera ensuite remonter. Ce sera une instance indépendante et consultative, qui proposera des idées pour l’avenir et pourra jouer le rôle de «poil à gratter» pour notre filière.

L’évolution de votre gouvernance s’inscrit-elle dans la même démarche ?
Oui, puisqu’il s’agit d’une ouverture de notre gouvernance à l’ensemble des organisations syndicales représentatives, à des fédérations proches de la filière, à des consommateurs. Le ministre de l’Agriculture nous a donné son feu vert, le 8 avril dernier. Ainsi, la Conf’ et la Coordination rurale pourraient rejoindre la FNSEA à notre gouvernance. Le Staff (trieurs à façon) et l’Organisation des producteurs de grains se sont aussi montrés intéressés pour intégrer la gouvernance du Gnis.

Parmi les axes retenus dans ce plan de filière, la conservation de la biodiversité occupe une place majeure. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En 2018, le Gnis a ouvert deux enveloppes d’un montant de 175 000 € pour protéger, enrichir et diffuser la biodiversité en France et à l’international. La première enveloppe porte sur le maintien de la biodiversité au niveau international, la seconde sur un appel à projets aux structures françaises qui conservent la biodiversité d’espèces cultivées ou d’espèces apparentées à des espèces cultivées. Onze projets ont déjà été sélectionnés en 2018. Parmi ces onze projets, l’un se trouve à Bailleul, dans le Nord. Il s’agit du conservatoire botanique de Bailleul. Un soutien financier lui sera apporté pour l’achat de congélateurs perfectionnés, lui permettant ainsi d’améliorer la conservation de ses collections, de ses espèces cultivées et des espèces apparentées à des espèces cultivées.
Par ailleurs, le Gnis a mis en place des groupes de travail, qui proposeront à l’Etat, cette année, des mesures pour faciliter l’identification, l’accès et la reprise des variétés radiées du catalogue, par exemple, en créant un fonds pour le maintien des variétés du domaine public n’ayant pas de mainteneur. Il y a des variétés anciennes qui doivent être maintenues. Il faut autoriser les petites structures, qui souhaitent en faire, à déposer leurs variétés, même si elles ne sont pas totalement stables. On simplifie le système et, à la limite, on le rend gratuit. Depuis plusieurs années, c’est ce que la section potagère du Gnis fait.

En matière d’agroécologie, autre axe majeur du plan filière, que proposez-vous ?
La société a une attente très forte à ce sujet. Nous n’avons pas attendu que ces attentes émergent pour prendre le sujet à bras-le-corps. Nous y avons déjà répondu, mais, il est vrai que nous n’avons pas communiqué sur nos actions en la matière. Chaque nouvelle variété inscrite doit apporter une valeur agronomique et technologique (VAT). Cela a toujours existé. Il y a quinze ans, la valeur environnementale a été ajoutée (VATE). Autrement dit, depuis quinze ans, l’inscription des variétés répond aux enjeux environnementaux. A nous à présent de le faire savoir. La filière semences et plants peut donc largement contribuer à la transformation agroécologique qu’attendent les consommateurs et les agriculteurs.

De quelle manière peut-elle y contribuer ?
D’une façon générale, elle peut y contribuer par la création variétale. Le travail des sélectionneurs porte à la fois sur la production de variétés assurant la quantité suffisante de production, mais aussi la qualité et du goût. Pour l’agriculteur, c’est aussi avoir des variétés permettant d’utiliser moins de produits phytosanitaires grâce à leur résistance aux maladies, mais aussi moins consommatrices d’eau, et avec plus de goût. On peut également apporter des solutions aux agriculteurs grâce au matériel de précision. Dans l’agriculture biologique ou de précision, on revient vers du matériel mécanique, mais combiné avec de la haute technologie.
Pour obtenir ces variétés répondant à différents critères, le croisement de différentes plantes s’impose. Le but est de regrouper sur une seule plante des gènes permettant une meilleure résistance aux maladies, une meilleure utilisation de la ressource en eau, ou en encore du goût.
Pour créer les variétés de demain, il faut connaître le génome. Celui du blé est identifié depuis 2018. Mais l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne, de juillet dernier, concernant la mutagenèse et les nouvelles techniques de sélection, risque de priver les acteurs de la création variétale d’outils efficaces pour apporter une contribution forte à la transition agroécologique. Il faut qu’on puisse continuer à avoir accès aux biotechnologies, car cela permet d’être plus précis et plus rapide dans la connaissance des génomes. Si le Gnis espère que la décision du Conseil d’Etat prendra en compte cet aspect important, l’interprofession est surtout favorable à l’ouverture d’un vrai débat sur les nouvelles techniques de sélection et leur utilisation. Ce qu’il faut avoir à l’esprit, c’est que l’on ne peut pas demander à la profession de répondre, à la fois, aux attentes sociétales (plus de goût, moins d’intrants, moins de consommation d’eau, etc.) et de garder des techniques ancestrales.

Quels sont les autres enjeux que doit relever la filière ?
Depuis de nombreuses années, un agriculteur bio ne doit utiliser que des semences bio, mais il n’y a pas toujours de disponibilité dans le type variétal qu’il souhaite. Nous avons mis en place un site (https:/www.semences-biologiques.org), où il peut trouver une offre variétale adaptée. Mais s’il n’en trouve pas, il peut demander une dérogation, via ce même site, pour utiliser des semences conventionnelles non traitées. Entre une demande croissante de la société en produits issus de l’agriculture biologique et les besoins des agriculteurs bio, l’enjeu est donc de renforcer la production de semences bio et de produire des variétés spécifiques au bio, à terme, résistantes aux maladies, capables de concurrencer les mauvaises herbes, d’avoir un ancrage racinaire plus important pour résister à la herse étrille, etc.

Après les Assises du végétal, organisées par la Région fin 2016, quel plan d’actions a-t-il été mis en place ?
Avec le projet de loi Egalim, la réflexion de la Région a été mise en retrait. Ce plan d’actions est donc en encore au stade de la réflexion. Toutefois, une idée forte a été mise en avant, soit atteindre l’autonomie en protéines. En matière de création variétale, il pourrait y avoir un soutien financier de la part de la Région. Par ailleurs, un autre axe fort a été retenu, celui du développement de l’agriculture biologique, mais cela entre dans le plan national.

Pour finir, comment se porte la filière sur le plan économique ?
Globalement, la filière continue à se développer, tant au niveau national que régional. Nous créons de la richesse via l’exportation. Nous avons un savoir-faire qui fait que nous produisons des semences de qualité, et qui ont une reconnaissance internationale forte. A titre d’exemple, nos plants de pomme de terre s’exportent partout dans le monde.
En région Nord, plus de 2 400 agriculteurs-multiplicateurs produisent 65 646 ha de semences (360 000 ha en France, ndlr), ce qui a représenté pour la campagne 2017-2018, un chiffre d’affaires de 141 811 000 €, soit 17 % de la valeur production de la France. La production de lin et de chanvre dans la région Nord représente 83 % des surfaces, celle des plants de pomme de terre 64 %, celle des protéagineux 23 % et celles des céréales 18 %.

Chiffres filière française

3,3 milliards d’euros du chiffre d’affaires (2017 et 2018)
17 000 employés
360 000 hectares en 2018, faisant de la France le premier pays producteur européen
1,6 milliard d’euros pour les campagnes 2017-2018, faisant de la France le premier exportateur mondial de semences agricoles
73 entreprises de sélection en 2018 (70 en 2017)
255 entreprises de production (246 en 2017)
18 615 agriculteurs-multiplicateurs (19 116 en 2017)

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