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Projet Del Monte à Croixrault : où en sont les agriculteurs ?

L’assemblée générale constitutive de l’association des agriculteurs de la Communauté de communes Somme Sud-Ouest s’est tenue à Fresnoy-au-Val, le 4 mai dernier.

L’assemblée constitutive de l’association des agriculteurs s’est tenue devant une quarantaine d’agriculteurs.
L’assemblée constitutive de l’association des agriculteurs s’est tenue devant une quarantaine d’agriculteurs.
© AAP


Les fondations de la future usine de Del Monte, dans la zone d’activités concertée de Croixrault, n’ont pas encore été coulées. Il n’empêche. Les agriculteurs intéressés par le projet s’activent. Petit retour en arrière. En août 2016, le géant américain de l’agro-alimentaire, Del Monte, dépose un permis de construire sur la zone de Croixrault pour bâtir une usine de découpe de légumes et fruits frais. Le 9 décembre, l’entreprise présente son projet à Poix-de-Picardie devant trois cents agriculteurs. Le 22 décembre, une soixantaine d’entre eux décident de se regrouper et de constituer des groupes de travail autour du projet.
Au menu de leurs travaux : visites d’exploitations, recherches d’informations diverses et mise en place d’expérimentations de légumes sur une parcelle de
6 000 m2 à Hescamps. «La feuille blanche s’est bien remplie depuis, indique Alain Desfosses, président de la Communauté de communes Somme Sud-Ouest, maire de Fresnoy-au-Val, et agriculteur. A présent, l’heure est venue de se structurer pour s’engager d’une manière plus franche et financière.»

Coûts des productions
Sur la parcelle d’expérimentations à Hescamps, des premiers semis de carottes ont été réalisés le 26 avril dernier. Les semis d’oignons, eux, seront faits autour du 15 mai. Pour les uns, comme pour les autres, des tests avec ou sans irrigation seront menés. D’autres cultures devraient suivre : poireau, céleri rave, céleri branche, choux blanc et rouge, et butternut. «Outre ces productions à tester, reste à définir les itinéraires techniques et le calcul des coûts de production», précise Gabin Boxoen, à la tête du groupe de travail «production» avec Damien Nolwynck. Selon les premières estimations, l’hectare de carotte reviendrait à
3 000 € à produire, récolte comprise, sortie de plaine et sans nettoyage.
De coûts importants, il en est aussi question si les agriculteurs se lancent dans des productions sous serres, ce que leur demande Del Monte pour des poivrons et des patates douces. Coût d’une telle opération ? Soit «autour d’un million et demi d’euros à l’hectare, précise Romain Dubois, à la tête du groupe de travail «production sous abris». Reste que le chiffre d’affaires est entre 400 000 et 600 000 € à l’hectare. Certes, ce n’est pas le chiffre d’affaires qui fait la marge, mais c’est intéressant. Et pour que cela le soit, il faut entre cinq et dix hectares de serres.
Des investissements, il en faudra aussi pour le matériel et l’irrigation. Les tarifs n’ont pas été encore communiqués. «Il faut avoir des surfaces exactes pour chiffrer les investissements», commente Mathieu Ouvré, responsable du groupe «matériel et irrigation» avec Hubert Avet. Sur le plan de l’irrigation, techniquement, il n’y aurait aucune difficulté. «Mais si on aborde le sujet sur le plan économique, cela est peu rentable au vu des surfaces probables. Il faut donc chercher d’autres cultures à irriguer», ajoute-t-il.
Un des coûts les plus importants sera le stockage des légumes et la légumerie. Quelles capacités retenir ? Quel dimensionnement ? Quel emplacement ? Quel coût de fonctionnement ? Etc. Autant de questions pour l’heure sans réponse. «Si les investissements sont conséquents, ils peuvent être raisonnés, et du matériel existe pour répondre à notre projet», précise Blaise Crété, responsable du groupe de travail «stockage et légumerie» avec Jean-Benoît Lepers et Thierry Poiret. D’autant que «la valeur ajoutée est sur la légumerie», ajoute Romain Dubois. Autrement dit, un investissement incontournable pour les agriculteurs.

Quelle organisation ?
La question des coûts de production, comme de livraison des légumes au groupe Del Monte se révèle centrale, puisque les prix seront négociés annuellement en tenant compte de ces coûts. Pour le groupe de travail «contractualisation», mené par Bruno Danzel d’Aumont et Laurent Declercq, deux types de contrats devront être faits avec l’industriel : un contrat de production et un contrat de livraison. Devront être définis les quantités de production, la qualité des produits, le planning, la logistique, etc. Dans tous les cas, au vu des volumes prévus par l’industriel, «il faudra chercher d’autres débouchés», dit Bruno Danzel d’Aumont.
Pour mener à bien ce projet, les agriculteurs ont décidé de s’organiser. A l’association constituée ce jour-là, il reviendra de choisir la structure juridique à retenir : soit une SAS, soit une coopérative. Cette dernière paraît la plus adaptée «pour un nombre d’agriculteurs important, et parce que c’est le moyen le plus adapté de défendre des prix pour les producteurs indépendants. Enfin, la reconnaissance en organisation de production permet de bénéficier des financements européens pour l’investissement», détaille Christophe d’Halescourt, responsable du groupe «organisation de producteurs».
Une fois les coûts de production définis, soit d’ici la fin de l’été, les étapes suivantes seront la validation des produits et des volumes, le dimensionnement des investissements, la mise en place de la structure juridique, le business plan, le montage du financement, la contractualisation et les négociations pour 2018 avec Del Monte, et, enfin, la répartition des cultures. Conclusion : beaucoup d’étapes restent à valider pour assurer la réussite du projet.

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