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Ravageurs d'automne : Surveiller la présence de pucerons pour intervenir en végétation

Comment conduire la surveillance des parcelles ? Quand intervenir ?

Source : données parcellaires historiques acquises dans le cadre d’une collaboration Arvalis - Bayer - Inra
Source : données parcellaires historiques acquises dans le cadre d’une collaboration Arvalis - Bayer - Inra
© D. R.



Différentes espèces de pucerons (Rhopalosiphum padi, Sitobion avenae, Schizaphis graminum, Metopolophium dirhodum…) sont capables de transmettre des virus de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO). Aucune lutte ne peut être engagée contre ces virus quand la plante est infectée. La lutte repose donc sur des techniques culturales préventives et sur la lutte insecticide en végétation, à positionner au(x) bon(s) moment(s).
La lutte préventive s’appuie notamment sur la destruction, avant les semis, des repousses et des graminées sauvages. La présence de ces plantes réservoirs à virus et hébergeant des pucerons à proximité des futures parcelles de céréales à paille vient accroître le risque d’infestation et d’infection virale.
Ensuite, il est recommandé d’éviter un semis précoce.
A l’opposé, les semis plus tardifs rencontrent, en règle générale, des conditions climatiques a priori moins favorables à ces insectes et, par conséquent, à la transmission de virus aux plantes (cf. figure 1). Cependant, si retarder la date de semis réduit dans une certaine proportion la fréquence de parcelles concernées, cela ne permet en aucun cas d’éliminer le risque chaque année !

Choix de la variété
La lutte génétique se développe sur escourgeons, à l’aide de variétés tolérantes à la JNO. L’offre variétale s’est enrichie début 2018 avec trois nouvelles inscriptions au catalogue français, en complément des variétés Amistar et Domino :
Margaux (débouché brassicole en cours de validation technologique), Hexagon et KWS Borrelly, escourgeons fourragers précoces. D’autres variétés d’orges sont inscrites au catalogue européen avec le caractère de tolérance à la JNO (Rafaela, Hirondella). Ces variétés tolérantes subissent les mêmes infestations de pucerons que les variétés sensibles, mais l’infection virale s’exprime beaucoup moins.
Le recours à ces variétés est un levier très précieux. En situation de forte exposition aux pucerons, la perte de rendement, sans être nulle, est nettement plus faible que celle observée avec des variétés sensibles (cf. figure 2). Face à une pression moyenne de pucerons, le gain obtenu avec la lutte insecticide est alors beaucoup plus faible, voire nul. Comme il ne s’agit pas d’une résistance totale, il est recommandé de ne pas semer trop tôt ces variétés, d’autant plus qu’elles n’offrent aucune protection contre la maladie des pieds chétifs.

Surveiller les pucerons dès la levée des céréales
Observer - dès la levée - des séries de dix plantes réparties sur plusieurs lignes de semis (≥ 5) et compter les plantes abritant un ou plusieurs pucerons (quelle que soit l’espèce) pour déterminer le pourcentage de plantes habitées. Privilégier ensuite les zones à risque (proche de haies ou de réservoirs potentiels, tels que des bandes enherbées, jachères, maïs…). Enfin, réaliser les observations par beau temps, durant les heures les plus chaudes du début d’après-midi. A ce moment-là, les pucerons sont montés sur les feuilles et plus faciles à observer. Le matin, ils se cachent au pied du feuillage. Si les conditions sont pluvieuses, venteuses, avec une forte couverture nuageuse, trop tôt ou trop tard dans la journée, les observations sont nettement plus difficiles à réaliser. En conditions d’observations non optimales, l’absence de puceron ne permet pas de conclure sur l’absence de risque. Il est alors préférable de renouveler l’observation lorsque les conditions sont à nouveau favorables.
Cette observation est relativement facile à réaliser entre la levée et le stade 3 feuilles des céréales. Lorsque la culture a dépassé le stade 3 feuilles, le dénombrement des plantes habitées devient laborieux. Les pucerons peuvent alors se réfugier à la base des plantes, ce qui rend leur détection nettement plus aléatoire. Mais si les conditions météorologiques continuent d’être douces et ensoleillées, il est recommandé de poursuivre la surveillance, même après un traitement insecticide, pour le renouveler si nécessaire.

Piégeage des pucerons ailés
Les pièges chromatiques (plaques jaunes engluées ou cuvettes jaunes) mis en place dans la parcelle (sur le sol, à plus de vingt mètres de la bordure, et avec une inclinaison pour les plaques) et relevés régulièrement sont des outils d’alerte pour la surveillance sur plantes. Ils donnent une indication sur l’atterrissage des pucerons ailés dans la petite zone de la parcelle où le piège est positionné. Ils ne permettent pas de quantifier les individus à risque pour les céréales, ni de présager directement de l’infestation de la parcelle, mais ils témoignent de conditions favorables à une activité de vol, et donc une possibilité de colonisation des parcelles. La capture de pucerons via ces outils doit inciter - encore plus - à réaliser des observations directement sur les plantes dans la parcelle afin de vérifier et quantifier leur abondance. De plus, la colonisation d’une parcelle pouvant se faire par différents endroits, une faible abondance de pucerons dans les pièges chromatiques ne garantit pas l’absence de tout risque sur toute la parcelle. C’est pourquoi l’observation sur plantes ne doit pas être négligée.

Intervenir au(x) bon(s) moment(s)
La date de traitement ne doit pas être définie en fonction du stade de développement de la culture ou d’une date calendaire. Seules les observations réalisées dans la culture, et la détection des infestations, permettent de déclencher le traitement au bon moment, que ce soit pour la première intervention ou pour son éventuel renouvellement. Ceci est lié aux caractéristiques des produits actuellement disponibles, qui agissent par contact. La lutte sera efficace vis-à-vis des ravageurs présents au moment du traitement, et seules les feuilles déjà développées seront protégées. Si la végétation a une vitesse de croissance rapide et que les colonisations se poursuivent après le traitement (observation de pucerons ailés sur les jeunes feuilles), celui-ci présentera une efficacité pouvant être jugée insuffisante à cause d’individus arrivés après le traitement. Dans cette situation, l’application insecticide devra être renouvelée.
En théorie, le risque de jaunisse varie selon les pucerons et leur pouvoir virulifère. Mais en pratique, il est impossible de disposer rapidement de cette dernière information. Par conséquent, la décision de traiter se fera uniquement en tenant compte de la présence des pucerons sur plantules avec les recommandations indicatives suivantes : intervenir si la fréquence de plantes habitées par au moins un puceron est supérieure à 10 %, ou intervenir si des pucerons sont observés plus d’une semaine, quelle que soit la fréquence de plantes habitées, afin d’endiguer la colonisation de la parcelle.
Mais la période à risque peut dépasser le stade tallage. Dans les situations pouvant rester longtemps favorables à la présence des pucerons, la surveillance doit donc être poursuivie pour renouveler la lutte si besoin. Des conditions très froides prévues à brève échéance peuvent avantageusement se substituer à une intervention (ou ré-intervention) insecticide, mais à condition que les prévisions soient justes !

Choix de l’insecticide
Les différents produits homologués à ce jour sur les céréales à paille comportent tous une substance active appartenant à la famille des pyréthrinoïdes. Quelques différences d’efficacité sont constatées entre les produits et substances actives de cette famille en situation de fortes infestations de pucerons dans nos conditions expérimentales.
Les produits à base de lambda-cyhalothrine (référence : Karaté Zéon) présentent la meilleure efficacité et la meilleure régularité. Cependant, dans des conditions optimales d’application et face à des infestations moins soutenues, la différence d’efficacité avec d’autres substances actives (tau-fluvalinate, esfenvalerate, cyperméthrine, gamma-cyhalothrine, zeta-cypermethrine…), appliquées à leur dose maximale autorisée, reste le plus souvent assez faible.
Deux spécialités comportent une substance active n’appartenant pas à la famille des pyréthrinoïdes :
Karaté K, associant lambda-cyhalothrine et pyrimicarbe, et Daskor 440, associant cyperméthrine et chlorpyriphos-ethyl.  Leurs efficacités, à la dose d’homologation, sont comparables à celles de la référence Karaté Zéon, mais pour un coût significativement plus élevé.
Si l’application de l’insecticide vise également les cicadelles, la solution choisie doit être autorisée pour cet usage. Il est également nécessaire de veiller aux contraintes spécifiques accompagnant chaque spécialité, que ce soit le nombre maximal d’applications autorisées (d’un à trois), le délai nécessaire entre deux applications (pouvant aller jusqu’à 21 jours) ou encore la ZNT (de 5 à 50 m).
Enfin, dans le cas où les pucerons sont présents quand la culture nécessite un traitement herbicide, il conviendra alors de s’assurer que le mélange est autorisé car les spécialités présentent des contraintes spécifiques.

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