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Revendications de la profession agricole pour sortir de la crise

Le 8 février, le préfet de la Somme rencontrait les chambres consulaires agricoles, la FDSEA et les JA pour un tour de table sur l’agriculture.

Françoise Crété, présidente de la FDSEA 80, fait état de la situation difficile des agriculteurs dans la Somme et pointe les difficultés administratives multiples auxquelles ils sont confrontés.
Françoise Crété, présidente de la FDSEA 80, fait état de la situation difficile des agriculteurs dans la Somme et pointe les difficultés administratives multiples auxquelles ils sont confrontés.
© AAP

Le monde agricole va mal. Il n’y a pas un jour depuis plusieurs semaines où les agriculteurs, d’une région à l’autre, battent le pavé pour faire entendre leur malaise. Les prix payés aux producteurs sont aux antipodes du coût au consommateur. L’embargo russe, la féroce concurrence sur le marché européen, la France et la grande distribution qui ne jouent pas le jeu de la répartition des marges, et l’Etat qui ne joue pas son rôle d’arbitre contribuent à la spirale de déflation des prix. Il y a urgence, avant que le monde agricole n’implose. C’est ce message qu’a souhaité faire passer la profession agricole.
Protocole oblige, le premier round était dévolu à la Chambre régionale d’agriculture Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Après avoir présenté les atouts de la grande région (un carrefour avec 80 millions d’habitants dans un rayon de 300 km tout autour, la proximité d’industries agroalimentaires, la qualité des sols, une excellence au niveau de la formation des agriculteurs, com­me au niveau de la recherche), le président de la Chambre régionale, Christophe Buisset, a insisté sur «le temps et l’énergie perdus à la mise en place de la nouvelle région, au détriment du développement économique. Or, en période de crise, il n’y a pas une minute à perdre».
Daniel Roguet, président de la Chambre d’agriculture de la Somme, une fois la présentation faite sur les fonctions, les missions et les actions de la Chambre, est revenu sur la crise de l’élevage. «Il faut aider chaque éleveur qui doute à y voir plus clair et à lui redonner des perspectives», a-t-il rappelé. Cette réflexion est en cours entre les chambres consulaires, la préfecture et le Conseil départemental, qui pourrait bien suivre les pas de la Région sur les mesures que cette dernière vient de mettre en place en faveur de l’élevage.

Que font donc les politiques ?
La crise de l’élevage était également au cœur des échanges au cours du troisième round, cette fois-ci avec la FDSEA. «En 2015, on s’est dit, cela va passer. Mais là, les déficits de trésorerie touchent tout le monde. Nous n’avons plus aucune visibilité, et les politiques ne semblent pas plus en avoir. C’est le brouillard le plus total. On se demande ce qu’ils font, et encore plus notre ministre, dont je de­mande la démission. On a besoin d’un ministre à temps plein. Il faut agir avant que les campagnes ne se vident de leurs paysans», a rappelé Françoise Crété, la présidente de la fédération samarienne.
Puis de pointer toutes les entraves qui ne font qu’accentuer la crise. Les normes récurrentes, souvent injustifiées, mais imposées au nom «du principe de précaution commencent à peser lourd sur nos exploitations», a-t-elle dit. Quant aux dossiers Pac, «un véritable fiasco», elle a demandé la régularisation et le versement des dossiers 2015 avant le 31 mars 2016, l’apurement par les services de l’Etat des anomalies dont ils sont à la source, la simplification de l’outil TelePac 2016 et l’élargissement de la capacité d’intervention directe des DDTM. Avant de souligner les absurdités des contrôles de 2015. «Vous rendez-vous compte que les contrôles sont arrivés en pleine période de pointe pour nous ? Nous vous demandons de coordonner les zones et les domaines contrôlés en fonction des chantiers», a-t-elle soulevé encore.
Au sujet du zonage de la Somme, qui redevient d’actualité, malgré l’arrêté de zonage de l’Authie en 2012 annulé à la suite de l’action en justice engagée par la FDSEA, celui-ci «outre son absurdité, ne pourra qu’aggraver la situation de l’élevage dans la Somme, puisque cette nouvelle zone, qui pourrait devenir vulnérable, abrite plus de la moitié des éleveurs et 57 % des vaches laitières», a-t-elle commenté. Aussi le syndicat demande-t-il qu’il n’y ait pas d’extension des zones vulnérables dans la Somme. Par ailleurs, compte tenu des contraintes naturelles et administratives que subit le secteur des Bas Champs, son classement en zone ICHN est demandé.
Le dernier round, réservé aux JA, s’est déroulé sur les mêmes gammes. «On lui a expliqué combien il était difficile pour les jeunes de s’installer au vu des prix qui ne cessent de baisser, et qui finissent par être en dessous du prévisionnel défini dans leur parcours d’installation», rapporte Bruno Macron, le nouveau président des JA de la Somme. Il a aussi insisté sur les dossiers Pac. «On est encore sur des doublons et on n’a pas toujours la solution pour le traitement du premier dossier. C’est un bordel sans nom», a-t-il rappelé. Des solutions, il y en a, selon lui, mais à conditions qu’elles soient structurelles. «Que peut nous apporter le préfet ? Pour moi, rien, en tout cas pas tout de suite, à part remonter nos observations et demandes au national. Cela ne peut plus durer pour nous.» Eux n’attendront pas longtemps pour bouger, si rien ne se passe.

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