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Robot de traite, aire paillée et pâturage : recette efficiente

Voilà deux ans que le Gaec de Boubert est équipé d’un robot de traite. Pour les éleveurs, il n’était pas question de renoncer à la litière de paille et à la mise à l’herbe l’été. Pari gagné.

Grâce au robot de traite, les Penel ont augmenté leur production de lait de 10 %.
Grâce au robot de traite, les Penel ont augmenté leur production de lait de 10 %.
© A. P.

Un bâtiment de 550 m2 pour une soixantaine de laitières saturé et des horaires de traite trop contraignants. Pour Jean-Christophe et Jean-Philippe Penel, installés en Gaec à Mons-Boubert, il était temps de changer. Alors les frères ont opté pour la construction d’un nouveau bâtiment de 1 400 m2,
équipé d’un robot de traite Delaval, le tout entré en fonction en avril 2016. L’installation était à visiter jeudi 17 mai.
Les exploitants avaient été prévenus, difficile de continuer de faire pâturer le troupeau l’été, car les vaches doivent rester à proximité du robot. Difficile également de conserver une aire paillée, car les pis doivent rester propres. Mais ces deux critères étaient la condition, «pour le bien-être des vaches et par intérêt économique», explique Jean-Christophe.
Leur mode de fonctionnement est finalement efficient : «Le bâtiment est suffisamment grand pour que la paille ne soit pas salie et nous disposons de 9 ha de prairies tout autour, que nous gérons en pâturage tournant, au fil. Les vaches ont au maximum 400 m à faire pour aller de l’herbe au robot.» L’installation est bien pensée : une fois dans le bâtiment, les vaches doivent obligatoirement passer par la traite ou par la «porte intelligente», qui laisse passer celles qui ne sont plus à traire, pour retourner au pré. La période de transition, elle, s’est passée sans encombre. Nous avons poussé les vaches à aller au robot pendant trois semaines, sans les traire, mais en leur donnant une ration. Elles ont vite compris l’intérêt !»
Un tel bijou de technologie a tout de même coûté 15 000 E aux éleveurs. Mais les avantages sont réels. «Le métier est beaucoup moins physique depuis, et nous avons fait un sacré gain de temps», assure Jean-Philippe. Fini les deux heures de traite matin et soir, pendant lesquelles l’aide de leur mère restait indispensable. Pas question cependant de négliger le troupeau, auquel les éleveurs dans l’âme consacrent toujours beaucoup d’attention. «La surveillance est indispensable. Il faut vérifier que toutes les vaches soient bien passées au robot, qu’aucune ne soit blessée… L’hiver, nous gardons presque les même horaires. Aux beaux jours, en revanche, on y va aux heures qui nous arrangent le mieux, en fonction du travail en plaine.» Les alarmes, en cas de dysfonctionnement de l’appareil, ne s’avèrent pas être une corvée : «Si on s’est levé cinq fois la nuit en deux ans c’est le maximum.»

Le secret : le concentré au cas par cas
Depuis le robot, la production a augmenté de 10 % : la moyenne de production par vache est passée de 28 l à 33 l. Ceci est surtout dû à un apport de concentré individualisé. L’hiver, la ration à l’auge, distribuée une fois par jour avec un godet mélangeur, est la suivante :
ensilage de maïs (32 kg), pulpes surpressées (9 kg), ensilage de ray-grass (5 kg), pulpe sèche (1 kg), Bovy Pro 430 (1,5 kg), miscanthus (700 g), minéral 8-20-5 (250 g), diamine stop acide (200 g), foin cornadis (500 g), paille au râtelier (500 g). Les vaches mangent ensuite un complément individualisé au robot : Liberty soja 42 % MG sans urée (1 à 3 kg/VL), Liberty Paroi (0 à 5 kg/VL) et mono propylène glycol (début de lactation au cas par cas). La marge sur coût alimentaire s’élève à 427 E par stalle, soit 6,25 E/VL. Ce suivi des performances économiques, les Penel y ont accès grâce à Liberty Explorer, le logiciel spécifique à leur robot, qui valorise et interprète les données.
Avec ce traitement presque au cas par cas, les vaches ont une productivité plus homogène. En témoigne le Dr Lefebvre, vétérinaire de Friville-Escarbotin, qui suit l’élevage : «Le phénomène de yoyo a été résolu. Avant le robot, les vaches étaient souvent trop grosses en fin de lactation et pas assez en début de lactation. Elles rencontrent aussi moins de problème d’acidose.» L’espace dont elles disposent dans le bâtiment a aussi permis de diminuer le nombre de mammites. De quatre à cinq par mois, la moyenne s’élève désormais à deux par mois.
La qualité de lait est très bonne : un taux cellulaire de 180 000, des butyriques à 450 et un taux d’urée à 270. En plus des 332,12 E/1 000 l
et des 3 E de complément de prix, Lact’Union a reversé une moyenne de prime de qualité de 11 E aux Penel. «Les robots sont l’avenir, et nous estimons que 25 % du litrage proviendra des robots d’ici deux ou trois ans, confie la laiterie. La qualité est là, donc nous sommes satisfaits.»
Seul frein que relèvent les éleveurs :
avec 64 vaches, le robot est quasiment à saturation. Il fonctionne 19h par jour, et doit consacrer un peu de temps au nettoyage et au repos. L’achat d’un deuxième robot est donc en réflexion.

L’exploitation, en chiffres
2 frères associés en Gaec
135 ha, dont 38 ha de prairies
64 Prim’Holstein à la traite
710 000 l de lait produits, dont 675 000 l livrés
à Lact’Union (moins de 5 % séparés)
25 Blondes d’Aquitaine allaitantes
5 cultures : blé, escourgeon, lin, betteraves et maïs

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