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Sécheresse : des producteurs de pommes de terre à la peine

Sécheresse et développement des pommes de terre ne font pas bon ménage. Des producteurs samariens, qui n’ont pas assez de volume pour honorer leur contrat, sont en négociation avec les industriels.

Les parcelles irriguées s’en sortent à peu près, mais celles dépourvues d’eau connaissent une nette baisse de rendement.
Les parcelles irriguées s’en sortent à peu près, mais celles dépourvues d’eau connaissent une nette baisse de rendement.
© V. Marmuse

Un contrat qui définit strictement un volume à livrer, et des pommes de terre qui ont eu du mal à se développer, dans une terre qui manque cruellement d’eau. Voici l’embarras dans lequel sont fourrés une partie des producteurs de pommes de terre de la Somme.
Ceux de la Sitpa, l’usine de purée Mousline® de Rosières-en-Santerre, ont vécu des semaines difficiles. Les cent soixante-cinq producteurs sont tenus de livrer 16 000 t de matière sèche. Or, la sécheresse a impacté le volume, mais aussi la matière sèche (MS). «D’habitude, on est à 25 ou 26 % de MS. Cette année, on est souvent à 1,5 point en moins. Il nous faudrait donc plus de volume pour compenser. Mais nous en manquons…», détaille Jean-Michel Sailly, membre du groupement des producteurs de la Sitpa. Les parcelles non irriguées sont, bien sûr, les plus impactées. Ajoutez à cela l’augmentation des charges : «la solution azotée est passée de 150 l’an dernier à 230 cette année. Il devrait manquer de plants. Donc, ils seront plus chers, et ne parlons pas de l’augmentation du carburant…»
Pour compenser les pertes, les usines fonctionnent pour la plupart de la manière suivante : elles se fournissent sur le marché libre, et re-facturent l’achat aux producteurs qui n’ont pas su honorer leur contrat… Avec un prix à la tonne parfois plus élevé que ce qui leur est versé pour leurs propres pommes de terre.
Les discussions sont alors entamées pour trouver des compromis. Certains aimeraient, par exemple, assouplir le cahier des charges. Descendre le calibre de 35 à 30 mm, car les pommes de terre sont moins grosses du fait du manque d’eau, serait une des solutions. A la Sitpa, la dernière réunion entre le groupement de producteurs et la direction a eu lieu le 25 décembre. Des avancées positives en seraient ressorties, mais les deux parties préféraient attendre la finalisation officielle de l’accord pour l’annoncer.
Chez Sana Terra, l’enjeu de la négociation est aussi important. La coopérative livre essentiellement à l’agro-industrie de la chips ou de la frite, en Belgique. «Cette année, il nous manque environ 20 % de pommes de terre», s’inquiète Jean-François Florin, le directeur. Encore une fois, la cause est la sécheresse, conjuguée aux effets des orages, et de la non-irrigation dans certains secteurs. «C’est une grosse difficulté pour la coopérative cette année. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour négocier avec les industriels et défendre au mieux les cent trente producteurs qui nous livrent», assure Jean-François Florin.
Tout n’est néanmoins pas noir pour tout le monde. Chez D’Hoine et fils, grossiste de pommes de terre installé à Boves, les bâtiments de 4 000 t de stockage sont pleins. «Nous commercialisons 25 000 t par an, pour la grande distribution et la restauration, et nous pensons pouvoir atteindre cet objectif encore cette année, assure Eric D’Hoine. Une grosse psychose planait fin août, mais nous avons finalement été rassurés au fur et à mesure des arrachages.» Il faut dire que quelques gouttes d’eau sont tombées autour d’Amiens, et  que la quasi-totalité des parcelles du secteur sont équipées de l’irrigation. «Même si les rendements sont parfois moins élevés, la surface d’emballement était plus élevée cette année. Alors, cela compense.»

40 % à se procurer sur le marché libre
L’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) estimait déjà, début octobre, des rendements en pommes de terre hors fécule en chute de 14 à 15 %, cette année, en France. Soit une baisse de 11 à 12 % par rapport à la moyenne quinquennale, et cela malgré une progression des surfaces de 3,6 %. Le GIPT (Groupement interprofessionnel pour la valorisation de la pomme de terre) confirme l’incidence : cette situation entraîne des tensions chez les industriels. En moyenne, ces derniers contractualisent leurs approvisionnements à 75 %. Cependant, cette année, ce ne sont pas 25 % qu’ils doivent se procurer sur le marché libre, mais 37 à 40 %, pour un prix de 270 € la tonne, au lieu des 110-120 € la tonne prévus dans les contrats, selon le GIPT.

Dans la Somme... et ailleurs

Le NEPG (North Western European Potato Growers) estime que la production nord-ouest européenne est sous les 24 millions de tonnes cette année. Elle serait en baisse de 18 % par rapport à l’an dernier, et de 8 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Et cela malgré une augmentation des surfaces de 8,4 % depuis cinq ans. «La sécheresse extrême et les températures caniculaires dans toute l’Europe du Nord-ouest ont mené à une évaluation provisoire de rendement brut moyen entre 40 et 41 t/ha dans les cinq pays principaux producteurs», annonce le NEPG.
Tous les pays rapportent des problèmes de repousses au champ, et les producteurs s’inquiètent de la conservation. Les secondes générations ont provoqué une baisse des teneurs en matière sèche, ce qui pose question pour la qualité des récoltes et leur aptitude à la conservation. Le NEPG insiste donc fortement sur le fait que c’est le rendement net qui sera prépondérant pour le déroulement de la saison de commercialisation.
Les prix, eux, sont à la hausse. Mais «la plupart des producteurs ne bénéficieront pas des prix élevés puisque la majeure partie des pommes de terre sont contractées et que la quantité de tonnes “au-dessus” des contrats sera limitée», explique Le NEPG. Dans de nombreux cas, il n’y aura pas, d’ailleurs, de tonnes supplémentaires aux volumes contractés.

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