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Elections sénatoriales : leurs propositions pour rapprocher la Somme de Paris

Sept têtes de liste samariennes sont engagées dans les élections sénatoriales du 27 septembre. Cinq d'entre eux ont répondu à la rédaction de l'Action agricole picarde sur les priorités de leur mandat en cas de succès : Laurent Somon, Stéphane Demilly, Patricia Chagnon, Jean-Marie Desachy et Benoît Mercuzot.

De gauche à droite : Laurent Somon, Benoît Mercuzot, Stéphane Demilly, Patricia Chagnon, Jean-Marie Desachy.
De gauche à droite : Laurent Somon, Benoît Mercuzot, Stéphane Demilly, Patricia Chagnon, Jean-Marie Desachy.
© Sénat


Vous êtes candidat le 27 septembre prochain aux élections sénatoriales dans le département de la Somme. Quelle vision avez-vous de ce territoire parmi les autres départements et régions de France ?
Laurent Somon : Notre département concentre de très nombreux atouts : un cadre de vie agréable, de grands espaces, des paysages préservés et entretenus grâce à une agriculture riche et diversifiée, des atouts touristiques indéniables, une proximité avec les grandes métropoles. Sur le plan économique, ces atouts favorisent l'implantation et le développement d'entreprises innovantes, dans le domaine agroalimentaire notamment. Le potentiel de développement est très important dans un contexte où les familles comme les entrepreneurs cherchent un meilleur cadre de vie, loin des métropoles.
Patricia Chagnon : Notre département est idéalement situé au centre de l'Europe, avec une histoire, un patrimoine, une culture et des traditions fortes. Nous avons une agriculture, une industrie, des savoir-faire locaux. Il est vital de les défendre et de les protéger.
Jean-Marie Desachy : La Somme est un département magnifique, qui s'étend de la mer à l'intérieur des terres. C'est mon pays, et j'y suis très attaché : des paysages verdoyants, vallonnés par endroit. C'est une terre fertile : un réel atout pour l'agriculture. Mais depuis quelques années, d'horribles mâts hauts de plusieurs dizaines de mètres, qui reposent sur des tonnes de béton dans le sol, défigurent le paysage et sont une aberration environnementale : les éoliennes.
Benoît Mercuzot : C'est un territoire d'une richesse et d'une beauté exceptionnelles. Peu de départements sans doute disposent d'autant d'atouts : des paysages diversifiés propres à «couper le souffle» ; des milieux naturels préservés et sur lesquels les acteurs locaux entendent bien capitaliser ; un potentiel agricole hors du commun ; des villages nombreux auxquels les habitants sont très attachés ; des  patrimoines publics et privés globalement très bien entretenus. Il nous faut préserver cette qualité du territoire départemental, développer chez nos concitoyens la conscience de sa richesse, et en être fiers.
Stéphane Demilly : La Somme est le troisième département français en nombre de communes. La ruralité y occupe donc une place prédominante qu'elle doit assumer en complémentarité avec quelques pôles urbains. Notre département réussira collectivement ou ne réussira pas !
C'est pourquoi, j'ai constitué une liste qui se veut représentative de la diversité et de la richesse de nos territoires (très petite commune, bourg proche du littoral, collectivité à proximité d'une grande ville...).

Quelles sont les trois priorités défendues pendant votre campagne ?
L. S . : Premièrement, la défense de l'élu local : notre priorité est d'offrir aux élus locaux une meilleure écoute, une meilleure concertation, le choix de leurs compétences et les moyens de les exercer, afin de garantir une réelle libre administration des collectivités. Les décisions prises de Paris sans aucune concertation avec les élus doit cesser. La défense de l'élu local passe également par la protection des élus face aux violences et agressions, qui sont trop nombreuses et restent trop souvent dans l'impunité.
Deuxièmement, la revitalisation des zones rurales : le dynamisme et l'attractivité de notre département dépend de la revitalisation des zones rurales ; je serai d'ailleurs un fervent défenseur de la pérennisation des zones de revitalisation rurales (ZRR) qui sont menacées de disparition d'ici la fin de l'année. Quatre éléments sont essentiels pour attirer des familles et garantir la pérennité de nos villages : permettre la construction en milieu rural, préserver les écoles, développer une offre médicale de proximité et garantir une couverture très haut débit intégrale.
Troisièmement, souplesse et allègement des normes : les élus sont trop souvent empêchés, contraints, par le poids des normes. Il nous faut aller plus loin dans la simplification pour gagner en efficacité et surtout permettre une adaptation de la réglementation en fonction de l'urgence et des réalités de chaque territoire. Les élus locaux doivent retrouver un pouvoir d'agir.
P. C. : J'ai basé mon programme sur la sécurité, l'identité et la proximité. Nos villes et nos villages doivent pouvoir préserver leur tranquillité et leur identité. La commune doit faire son grand retour. Elle est le socle de l'identité territoriale et elle est nécessaire à l'harmonie sociale de notre pays. Cela passe par une démétropolisation et la reprise en main de l'aménagement du territoire.
J.-M. D. : La première est de poursuivre le combat que je mène contre les éoliennes. Si on ne fait rien, la Somme va perdre ses plus gros atouts. Lutter contre les éoliennes, c'est défendre les futurs agriculteurs, en voulant conserver la qualité de nos sols et une biodiversité indispensable. Malheureusement, l'argent commande, et les élus n'ont rien fait jusqu'ici. Ma deuxième priorité est le respect de la démocratie. Les maires doivent être soutenus. Leur rôle est primordial, car il est celui qui écoute les habitants. Ma troisième priorité : être élu sénateur ! Je n'ai rien à gagner dans cette histoire, car la vie de Palais ne m'intéresse pas, ni l'indemnité, que je reverserai en partie à des associations. La Somme, elle, a à y gagner, car je la défendrai avec les tripes.
B. M. : Primo, redonner sa force à la proximité, c'est-à-dire aux communes et aux maires aujourd'hui paradoxalement affaiblis par les intercommunalités. La commune est et doit rester le socle du territoire. Il ne faut jamais oublier qu'au XIXe siècle, le peuple français s'est d'abord approprié la démocratie dans les communes. C'est cela qui a permis à la République de s'imposer dans les années 1870. Affaiblir les communes et leurs maires, c'est faire un chemin inverse, dangereux pour la démocratie elle-même. Secundo, l'État a demandé et demande encore aux collectivités de faire des efforts budgétaires conséquents sur leurs dépenses de fonctionnement. Soit. La contrepartie est que l'État doit garantir, sous une forme ou une autre, la réalisation, les investissements structurants pour les territoires. C'est le cas, par exemple, des moyens de télécommunications : téléphonie mobile et fibre. L'État peut et doit imposer aux opérateurs de mettre en place la 4G partout avant de développer ce marché nouveau et prometteur qu'est la 5G. Tertio, l'assurance qui doit être donnée aux agriculteurs de ne plus être ballotés au gré de « l'air du temps ». Pour s'adapter aux nouvelles contraintes, aux demandes nouvelles des consommateurs, les agriculteurs ont besoin d'être soutenus plutôt que critiqués, et ils ont besoin d'une «feuille de route» sur les quinze ans à venir.
S. D. : Nous avons souhaité mener une campagne autour d'axes de travail concret : impulser une réforme de fond afin de rééquilibrer la présence territoriale des médecins et remettre le civisme et le «bien vivre ensemble» au coeur de nos communes. Il va de soi, qu'à titre personnel, je continuerai également : à défendre l'indispensable présence des services de proximité dans nos bourgs ruraux «dépecés» depuis plusieurs années ; à promouvoir la création d'emplois pérennes liés aux grands projets d'infrastructures dans notre département (exemple : Canal Seine-Nord Europe) à soutenir les filières économiques d'excellence (aéronautique, agriculture et agroalimentaire...). Mon expérience parlementaire m'a enseigné qu'il ne faut pas faire un catalogue de promesses à la Prévert mais, au contraire, se concentrer sur quelques sujets, comme je l'ai fait à l'Assemblée nationale sur le Canal et les biocarburants.

Partagez-vous le sentiment du président du Sénat qu'il est nécessaire d'aller plus loin dans la décentralisation et l'autonomie des territoires en fonction de leurs spécificités ?
L. S. : De nombreux exemples récents, comme la crise du Covid et des gilets jaunes, montrent à quel point une application uniforme de la réglementation peut aboutir à des non-sens. Au Sénat, je serai de ceux qui défendront le principe de différentiation territoriale, d'une plus grande décentralisation et d'une plus grande proximité, gages d'efficacité.
P. C. : La décentralisation telle qu'elle a été menée jusqu'à présent est catastrophique. On a donné la priorité aux intercommunalités et aux grandes communes au détriment des petites communes. Un exemple, c'est l'école : on ouvre des classes en ville quand on en ferme à la campagne. Les maires doivent retrouver leur rôle et les compétences nécessaires à la bonne gestion de leur commune. Mais leurs difficultés sont aujourd'hui largement ignorées. Les communes doivent avoir un soutien financier digne, leur permettant de faire vivre leur territoire et les services de proximité.
J.-M. D. : Ce ne sont que des mots ! Ce ne sont pas que de belles idées qu'il faut pour la France, ce sont des actes forts. Prenez l'exemple de Jean Castex et de Barbara Pompili, venus dans la Somme le 22 août. Ils sont sortis à l'aire d'autoroute de Croixrault, ils n'ont donc pas pu passer à côté du paysage défiguré par les éoliennes. Ils parlent de cluster vert, moi je rétorque qu'il s'agit d'un cluster gris apocalyptique.
B. M. : Les mots ne suffisent plus : en 2004 le Premier ministre Jean Pierre Raffarin, très critiqué dans son propre camp, a introduit dans la Constitution l'expérimentation et l'idée de subsidiarité. Seize ans après, qu'en avons-nous fait ? Rien ou presque. Tant que nous n'admettrons pas que l'unité ne nécessite pas l'uniformité, tant que nous n'accepterons pas que l'égalité n'a pas pour vocation à niveler, tant que nous n'abandonnerons pas l'idée que le centre d'un territoire doit tout concentrer au risque de désertifier ce qui l'entoure, nous n'avancerons pas. Je dis bien «nous», c'est-à-dire en réalité chacun d'entre nous quel que soit son rôle : législateur, acteur économique ou simple citoyen. Nous devons collectivement abandonner 250 ans de culture de centralisation, d'uniformisation et d'égalitarisme.
S. D. : Oui, les valeurs décentralisatrices font partie des valeurs de ma famille politique depuis toujours. Je suis convaincu qu'à force de vouloir tout faire, là aussi, l'État ne parvient plus à assurer ses missions régaliennes. Il faut faire confiance aux élus locaux. Mieux que quiconque, ils connaissent leurs territoires et leurs populations.

D'une manière générale, considérez-vous que les territoires ruraux soient «oubliés» des politiques nationales, y compris dans le Plan de relance gouvernemental ?
L. S. : Les territoires ruraux n'ont effectivement pas été une priorité de ces vingt dernières années, délaissés au profit des métropoles. Au début de l'été, nous avons eu l'espoir que l'État s'appuie réellement sur les territoires, mais cet espoir est malheureusement déjà déçu. Par exemple, les élus locaux ont été totalement oubliés du Ségur de la santé. Nous restons en attente de réponses sur des questions fondamentales comme l'accès au soin en milieu rural ou l'avenir des zones de revitalisation rurales.
P. C. : C'est absolument évident. On constate encore une fois avec le plan de relance que les aides promises vont bénéficier à ceux qui en ont déjà le plus, dont les multinationales. Pour l'agriculture, la part qui lui est consacrée est dérisoire au regard des enjeux. Tout le monde est d'accord pour qu'iil y ait un changement, s'engager dans la transition écologique, mais les moyens ne suivent pas. Il faudrait peut-être prendre une part du budget dédié à l'écologie pour la donner à l'agriculture.
J.-M. D. : Même si l'État pensait à la Somme, que voudriez-vous qu'il fasse ? Il n'a plus d'argent. Je ne pense pas qu'on verra la couleur des 100 milliards d'euros du plan de relance tout de suite. Il faudrait un réel soutien à l'agriculture, surtout pour les filières qui souffrent, comme l'élevage, le lin, les betteraves...Mais tout cela nécessite de mobiliser des fonds.
B. M. : Le risque existe bel et bien, on le voit tous les jours, que les politiques publiques élaborées par quelques têtes «bien faites» à Paris soient déconnectées du terrain. On le voit avec le débat sur la 5G. C'est très bien la 5G, c'est un atout pour un territoire. Cela facilite les échanges (immatériels) et les échanges sont le fondement du développement économique. Mais qui est aujourd'hui concerné par la 5G ? Pas les territoires ruraux qui, pour beaucoup, sont encore dans des zones blanches. Cette politique nationale de la 5G doit donc s'accompagner d'une exigence : que les opérateurs fassent disparaître les zones blanches. Sans quoi, le territoire sera «à deux vitesses», l'un hyper connecté, l'autre délaissé et ce n'est pas acceptable.
S. D. : Le gouvernement nous affirme que le plan de relance bénéficiera également aux territoires ruraux. Je souhaite y croire... mais n'en suis pas complètement convaincu...Quand je constate la lenteur d'aménagement de notre territoire sur des sujets aussi cruciaux du quotidien, comme le déploiement de la téléphonie mobile ou la couverture internet du territoire, nous sommes en droit d'être interrogatifs...

Que peut attendre le monde agricole d'une assemblée dont l'un des rôles est de représenter les territoires, comme l'est le Sénat ?
L. S. : Le monde agricole peut justement attendre du Sénat qu'il représente la diversité de nos territoires, et donc l'agriculture. 70 % des amendements proposés par le Sénat sont retenus : cela signifie que le Sénat peut réellement défendre les intérêts de ceux qu'il représente.
P. C. : Le Sénat doit donner un cap. Il faut aussi redonner de l'importance à l'échelon local qui est le niveau qui protège le mieux les Français. L'avenir de la France passe par un rééquilibrage territorial et la possibilité pour les territoires et les zones périphériques de gérer leur avenir, de défendre leurs entreprises locales, l'agriculture locale et de ne plus être dépendants de la seule volonté de l'État ou de la métropole voisine. Je veux plus de localisme et moins de mondialisme.
J.-M. D. : Si je suis élu, je ferai en sorte que les sénateurs soient efficaces. Jusqu'ici, ils ne sont que des gens que l'on consulte, qui n'ont pas le pouvoir de dire stop à une décision prise par la majorité. Je suis pour une réforme du Sénat, et alors là, le monde agricole pourra attendre de celui-ci des réponses concrètes à leurs besoins.
B. M. : Le Sénat doit enrichir les débats nationaux de la vision des collectivités territoriales. C'est son rôle. À ce titre, il doit exprimer les craintes et les attentes notamment du monde agricole. Toutes les politiques ne doivent pas être déterminées exclusivement en fonction de celles-ci. Mais toutes les politiques publiques doivent être définies en connaissance de leur impact sur le monde agricole. Démographiquement, il pèse peu. Mais sur les plans économique et environnemental, il pèse lourd. Il faut donc l'entendre et le prendre en compte.
S. D. : Pour l'ensemble des raisons évoquées précédemment, il est indispensable que des élus qui connaissent les attentes des territoires ruraux puissent les représenter et les défendre au Sénat ! Les différents représentants du monde agricole et rural qui soutiennent la liste que je porte attestent de mon engagement sans faille depuis toujours à leur côté. À l'image du combat mené à l'Assemblée nationale pour le développement des biocarburants (aujourd'hui, le E10 est le carburant le plus vendu en France et quand j'ai créé le groupe d'études parlementaire sur ce sujet, il y a prés de vingt ans, c'était loin d'être gagné !), c'est avec pugnacité que je défendrai les dossiers que l'on me confiera.

De quelle manière entendez-vous peser sur certaines politiques nationales ou autres - on pense par exemple à la politique agricole commune (Pac) -, dans le cadre de ce mandat ?
L. S. : Ayant côtoyé les agriculteurs et les éleveurs pendant toute ma carrière professionnelle, j'ai été le témoin des évolutions du secteur. Aujourd'hui, je veux retenir son potentiel, dans un contexte d'évolution des attentes des consommateurs et de la société. Au Sénat, je défendrai, une agriculture moderne qui a les moyens de fonctionner et dans laquelle l'équilibre économique est assuré, un modèle durable qui puisse attirer les jeunes générations.
P. C. : On ne peut pas demander aux agriculteurs de faire des efforts quand dans d'autres pays, les exigences ne sont pas les mêmes. Il faut des règles, mais elles doivent être les mêmes pour tout le monde pour que nous soyons pas obligés d'accepter des importations de produits de moindre qualité, voire dangereux. Nous devons travailler notre souveraineté alimentaire française, pour nourrir la population française. Pour cela, notre agriculture doit être protégée d'une concurrence déloyale.
J.-M. D. : S'il y a un moment où il ne faut pas réduire les crédits pour les agriculteurs français, c'est bien maintenant. La Pac est néanmoins du domaine de l'Europe. Mais si on bouge, si on fait du bruit, et qu'on fait remonter nos idées auprès des décisionnaires, on peut peser de la Pac.
B. M. : Je me fie en la matière aux échanges que j'ai avec Marcel Deneux : «pour peser comme sénateur, il faut se spécialiser». Je commencerai donc par rejoindre le groupe «Les indépendants - République et territoires» de façon à disposer des moyens de travailler. Je souhaite ensuite me spécialiser dans les questions d'aménagement du territoire. Elles sont essentielles. Aucune politique publique ne peut réussir si le territoire est déstructuré. Cette question est d'autant plus prégnante que le plan de relance donne des marges de manoeuvre budgétaires que personne n'osait imaginer avant la crise sanitaire, pour définir les politiques sectorielles.

En cas de victoire, votre début de mandat va être marqué par le vote de lois attendus par le secteur agricole : celle sur l'utilisation des néonicotinoïdes (NNI) pour la betterave ou la proposition de loi reprenant des éléments du projet de référendum d'initiative partagée (RIP) sur les animaux. Comment vous positionnez-vous sur ces sujets ?
L. S. : Nous devons prendre en compte la nécessité de transformer certaines activités en assurant une transition vers un modèle plus durable, mais en aucun cas en mettant le secteur agricole dans des difficultés immédiates. Pour ces raisons, je me positionnerai pour la dérogation pour l'utilisation des NNI et contre le RIP sur les animaux. Le texte proposé va trop loin et, surtout, je suis contre le procédé.
P. C. : Il est absolument essentiel que l'on puisse encore utiliser les néonicotinoïdes pour la betterave tant que nous n'avons pas d'autres solutions. Quand on voit toutes ces parcelles jaunes dans la plaine et les conséquences que cela peut avoir, c'est horrible. Le risque, si l'on ne change rien, c'est de devoir importer du sucre. Est-ce que c'est ce que nous voulons ? Quand je discute avec des agriculteurs, je me rends compte qu'ils sont prêts à utiliser d'autres solutions, mais encore faudrait-il qu'il y en ait. Sur le sujet du bien-être animal, je regrette que le texte dont il est question aborde différents sujets en même temps. Ce texte est fourre-tout et aborde des choses complètement différentes qui méritent d'être traitées différemment. Je refuse que l'on montre du doigt les agriculteurs, les chasseurs.
J.-M. D. : Je suis pour la dérogation pour l'utilisation des néonicotinoïdes, car les betteraves ne sont pas une plante mellifère, donc l'impact sur les abeilles est moindre, et je me mets à la place de l'agriculteur qui perd sa récolte faute de solution. Le sujet des NNI est le même que celui du glyphosate ou des éoliennes : ce sont les excès qui tuent. Concernant le RIP sur les animaux, je suis plutôt pour un RIP pour tous les français ! Je suis gaulliste, donc pour les référendums.
B. M. : Je voterai pour la dérogation concernant les néonicotinoïdes. Je voterai contre tout texte ou toute disposition visant à bannir la chasse ou à faire des chasseurs des boucs-émissaires.
S. D. : J'ai eu l'occasion de rencontrer à plusieurs reprises, et notamment avec le président du Sénat, Gérard Larcher, des agriculteurs fortement impactés par la jaunisse betteravière. Pour les betteraviers les plus touchés, les pertes seront très conséquentes. Le projet de loi, dont l'examen débute cette semaine à l'Assemblée nationale, est donc crucial pour la filière. Par ailleurs, concernant le RIP,  je n'en suis pas cosignataire. Cette initiative est aussi caricaturale que dangereuse...  et continue subrepticement à creuser un fossé toujours plus grand entre ruraux et urbains.

Et en cas d'échec, que retiendrez-vous de cette campagne ?
L. S. : Les rencontres que j'ai faites au cours de mes plus de cent déplacements dans cette campagne, les échanges, la beauté de notre département et la passion de ceux qui le font vivre, constituent une richesse qui m'apportera bien au-delà des échéances électorales.
P. C. : Chaque campagne est une formidable aventure parce qu'elle permet d'avoir de nombreux échanges avec une multitude de gens. Une campagne permet aussi de coucher sur le papier l'essentiel d'un projet et de le porter auprès de nos concitoyens. En ce qui concerne les élections sénatoriales, l'exercice n'est pas le même puisque le public à convaincre est différent. Il ne s'agit pas de faire du porte-à-porte ou d'aller sur des marchés, mais on part à la rencontre d'élus locaux, dont un certain nombre de maires. Le maire reste selon moi le mandat le plus noble et c'est pour cela qu'il reste le plus apprécié par les Français. On ressort indéniablement enrichi d'une campagne, quelle qu'elle soit.
J.-M. D. : Il n'y a pas que moi qui vais en retenir quelque chose, mais tous les citoyens. Il y a eu une telle médiatisation de notre démarche anti-éolienne que nous allons faire bouger les choses de toute façon.
B. M. : Je retiendrai d'abord le souvenir des rencontres, humainement très riches, faites sur le terrain. Je garderai aussi une inquiétude : saurons-nous endiguer le malaise des maires ? Fragiliser la commune, c'est fragiliser toute la démocratie. Il faut refuser cela.
S. D. : La beauté de notre département que j'ai arpenté et l'esprit républicain des élus municipaux qui, très souvent, ont reçu tous les candidats démontrant ainsi la vivacité de notre belle démocratie !

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