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Série Les indispensables : Matthieu Gosselin, vétérinaire dans la Somme

Ils ne sont pas agriculteurs, mais sont pourtant indispensables aux exploitations. Cette semaine, nous avons suivi un vétérinaire pendant sa tournée matinale.

Vétérinaire rural provoque une certaine fatigue physique, du fait de la taille et de la force des animaux à soigner.
Vétérinaire rural provoque une certaine fatigue physique, du fait de la taille et de la force des animaux à soigner.
© © A. P.


Ce mardi matin, un veau des Duval, exploitants laitiers de Wiry-au-Mont, n’est pas en grande forme. La diarrhée semble l’avoir vidé de son énergie. Mais Matthieu Gosselin, l’un des onze vétérinaires du cabinet d’Oisemont, a les réflexes pour tirer d’affaire cette femelle Holstein de quelques jours. Un antispasmodique en intraveineuse, un anti-inflammatoire  pour  calmer la fièvre, une perfusion pour la réhydrater et la revoilà déjà sur pied. «Les veaux, c’est pourtant ce qu’on soigne le moins, confie le professionnel. Baisse des prix du lait et de la viande en cause…»
Les vétérinaires ruraux sont les premiers témoins de la chute du nombre d’élevages dans les campagnes samariennes. «Beaucoup arrêtent le lait. Et même lorsqu’ils remplacent les laitières par des allaitantes, le cheptel est souvent réduit de moitié.» Du travail, les associés et salariés du cabinet n’en manquent pourtant pas, mais ils l’avouent, «le plus rentable, ce sont les chiens», qui, eux, sont toujours plus nombreux. Alors les vétérinaires font de leur mieux pour accompagner leurs clients éleveurs, «de la maison à une seule vache de compagnie, à la ferme des mille vaches».
Ce que préfère faire Matthieu Gosselin ? L’obstétrique. «Je trouve valorisant de pratiquer une césarienne. C’est toujours des cas compliqués, mais si on parvient à sauver la vache et son veau, on a tout gagné.» Sa première expérience n’a pourtant pas été des plus reposantes. «La vache a cassé le piquet auquel elle était attachée. Elle s’est sauvée et j’ai terminé l’opération au milieu de la pâture», se souvient-il encore. C’était il y a sept ans, lors de son arrivée dans la Somme.

Savoir improviser
Le Normand d’origine, pas du tout issu du milieu agricole, a toujours voulu exercer ce métier. Le grand air, le contact avec les animaux et les gens lui conviennent parfaitement. Six ans d’études à l’école vétérinaire de Liège (Belgique) ont été nécessaires avant de pouvoir exercer. «Mais la formation se poursuit beaucoup sur le terrain. Il faut savoir improviser. Tout ce que l’on fait n’est pas écrit dans les livres !» Un confrère lui a même assuré qu’il faut cinq ans pour être à l’aise et dix ans pour être bon. «Je suis donc bien à l’aise, mais pas encore assez bon», plaisante-t-il.
Rangement du matériel, nettoyage de bottes et de mains et retour au volant de la camionnette pleine de produits et accessoires. 15 km plus loin, à Senarpont, il s’agit cette fois de réaliser des prises de sang pour des tests de prophylaxie, sur une vingtaine de brebis de Maurice Hedié. La tâche est assez musclée, car les aiguilles ne sont pas les meilleures amies des moutons. Heureusement, plusieurs personnes sont là pour canaliser les bêtes. «Quand on fait de la canine au cabinet, on travaille plus, car il n’y a pas les trajets pour se reposer entre chaque ferme (30 000 km par an en moyenne, ndlr). C’est une plus grande fatigue mentale, mais la rurale impose une certaine charge physique puisque les animaux sont bien plus gros.» Le confort n’est pas non plus le même qu’en cabinet. «Nos moyens d’investigation se résument à un thermomètre, un stéthoscope et nos yeux.» Mieux vaut donc avoir ces derniers bien en face des trous. Le vétérinaire sort cependant de sa nuit de garde hebdomadaire. Il est aussi de garde un week-end tous les deux mois environ. Le salaire, lui, débute à un peu moins de 2 000 e par mois en tant que salarié en début de carrière.
Une fois le travail terminé, Matthieu Gosselin prend le temps de boire un verre avant de reprendre la route vers son prochain client. Ils discutent prix de la viande, moisson… «Les liens avec les éleveurs sont hyper importants. Même nous, on se démène deux fois plus pour soigner les animaux des gens qu’on aime bien.» Une manière aussi de glisser quelques conseils pratiques aux agriculteurs pour qu’ils puissent prodiguer les soins les plus courants eux-mêmes. Pas très rentable pour les vétérinaires, mais ceux-ci espèrent voir l’élevage perdurer.





L’œil de l’agriculteur


«Un bon vétérinaire ? C’est un gars sympa», répond sans hésiter Maurice Hedié, éleveur de moutons à Senarpont. Le relationnel serait donc le premier critère de choix d’un vétérinaire.
Et pourtant, comme Odile Duval, éleveuse de laitières à Wiry-au-Mont, tous s’accordent à dire que «le vétérinaire, moins on le voit, mieux on se porte». Il faut dire que les soins sont une sacrée charge pour les exploitations, dont les recettes sont de plus en plus maigres. «On essaie souvent de se débrouiller seul, avoue Odile. Avec l’expérience, on sait repérer les symptômes et agir. Mais quand c’est trop compliqué, on n’hésite pas à dépenser un peu pour soigner nos bêtes.»

Opération fructueuse... ou pas !
Trois vaches et leurs veaux ont d’ailleurs été sauvés l’année dernière. Les Prim’Holtein étaient pleines d’un taureau Charolais qui s’était sauvé de sa pâture. «Elle ne pouvaient pas vêler seules, car les petits étaient trop gros.» Résultat, après l’intervention de Matthieu Gosselin, trois mères en pleine forme et trois magnifiques veaux. Une dépense qui s’est finalement avérée une opération fructueuse.
Ce mardi matin, en revanche, le vétérinaire est aussi allé soigner un veau mâle Holstein des Traulet, à Bouillancourt-en-Séry. 50 à 60 e la consultation, déplacement inclus, que les exploitants parviendront difficilement à rentabiliser. «On ne le vendra pas beaucoup plus cher.... Mais on n’aime pas les laisser malades sans rien faire !»

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