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Syndicalisme
Les jeunes agriculteurs de la Somme : doper l’installation !

Lors de leur assemblée générale, les JA ont pointé les difficultés à lever pour redresser le nombre des installations dans le département.

Marc Hossart, président de JA 80 : «le rôle de l’administration, 
c’est d’aiguiller le futur installé, pas de le brider !»
Marc Hossart, président de JA 80 : «le rôle de l’administration,
c’est d’aiguiller le futur installé, pas de le brider !»
© aap
L’assemblée des jeunes agriculteurs qui s’est tenue le 25 janvier dernier clôturait les réunions d’informations qu’ont tenues la Fdsea et JA lors de la campagne des élections à la chambre d’agriculture. Pour autant, Marc Hossart, président de JA, a d’emblée donné à son assemblée une dimension postélectorale. Son rapport d’orientation a mis en lumière le chiffre préoccupant de l’année écoulée, à savoir qu’en 2012 seuls 38 jeunes agriculteurs se sont installés avec l’accompagnement du parcours aidé à l’installation. Un chiffre inquiétant dans la mesure où la tendance des années antérieures est au double.
A quelques jours de l’ouverture des assises de l’installation, le syndicat pointe les difficultés à  lever pour redresser ce chiffre qui alarme le tissu agricole départemental dans son ensemble.
Première difficulté, le parcours en lui-même. «En 2012, avec la Ddtm, nous avons amélioré le traitement des avenants pour une plus grande liberté et réactivité du jeune installé dans les premières années ; mais il faut aller plus loin, et refermer le parapluie anti Bruxelles qui fait si peur aux administrations françaises : le rôle de l’administration, c’est de faciliter l’installation, d’aiguiller le futur installé, pas de le brider !» a déclaré Marc Hossart.
Nitrates : «si l’Etat veut un conflit, il l’aura !»
L’autre difficulté administrative, la plus pressante et oppressante, vient des contraintes réglementaires. «Nous avons relevé le défi du Grenelle sur l’azote : nous le prouvons, car chaque année, sous les sols cultivés, c’est de l’eau à 11-12 mg/l de nitrates qui rejoint la nappe ! On est bien loin des 50. Malgré cela, on nous zone l’Authie ! Je n’ose pas imaginer ce qu’il adviendra du 5eme programme d’action si on l’aborde comme ça ! On a tout fait : nos bâtiments sont aux normes, nos pratiques culturales sont saines, nous mettons des Cipan et nous faisons des bilans azotés… Que faire de plus ? La seule source d’azote sur laquelle nous pouvons encore agir, ce sont les boues urbaines. Si nous ne pouvons plus travailler avec notre fumier, ils n’ont qu’à épandre leurs boues en ville !  Si l’Etat veut un conflit, il l’aura !» a prévenu Marc Hossart.
Enfin, la dernière lecture, et non la moindre du chiffre des installations, c’est la crise de rentabilité de l’élevage. «Nous réclamons un moratoire sur l’élevage. Il va disparaître des paysages si nos prix continuent à stagner alors que nos charges ne cessent de monter !». Et de poser le débat comme nécessaire, soit dans le cadre de la redéfinition de la PAC au niveau national, soit en parallèle par un plan de sauvegarde orchestré à l’échelle nationale.
Dans ce combat sur la valeur ajoutée, thème de la table ronde, il a invité «chaque participant à l’assemblée, chaque organisation agricole, chaque élu à s’investir autant que le syndicalisme JA, car c’est la base d’un département dynamique».
ZOOM
La valeur ajoutée, c’est quoi ?
La table ronde animée par Marc Hossart portait sur le thème «la valeur ajoutée au service de l’installation». Y participaient Daniel Roguet, président de la chambre d’agriculture, Emilien Piroux, administrateur national de JA, et Olivier Taisne, directeur de CER France Somme. Chacun a exposé l’approche de valeur ajoutée au regard de son expérience, donnant une clé de lecture pour analyser son envie de développement.Expérience des chiffres tout d’abord pour Oliver Taisne, qui rappelle l’équation comptable de la valeur ajoutée : «c’est la somme des produits de vente de l’exploitation, de laquelle on retranche les consommations qui ont été nécessaires à cette production. Elle sert à rémunérer  les amortissements, donc le développement et le travail».  C’est donc bien la traduction économique de la performance de l’exploitation. Et si l’objectif est bien de la conforter, il existe quatre voies d’amélioration : produire plus, produire mieux, produire plus élaboré ou produire autre chose.
Produire plus ou mieuxPour produire plus, on peut soit envisager le développement horizontal (agrandissement), mais la question porte pour un jeune sur la capacité financière ou la disponibilité foncière, et pour tous sur la réelle consolidation technico-économique qui n’est pas toujours au rendez-vous ; soit apporter de nouvelles productions, végétales ou animales sur l’exploitation, en maîtrisant l’amortissement induit quand il y en a. Quant à produire mieux, c’est un levier technique toujours d’actualité, et ce quel que soit son niveau : optimiser les coûts d’alimentation ou les conduites culturales par un conseil, la formation ou les outils d’aides à la décision permet d’améliorer soit le produit, soit les consommations, et donc conforte la valeur ajoutée.
Une dynamique politique Ces deux premiers axes sont généralement plus identifiés sur les grandes filières, végétales et animales, et reflètent donc l’essentiel du département de la Somme. C’est ce qu’a souligné Daniel Roguet, faisant la rétrospective du développement économique du département, mettant en exergue le rôle actif des hommes et des politiques menées au fil des décennies. «Le département a de la chance sur un plan pédoclimatique, mais il faut aussi s’inscrire dans une dynamique politique de valeur ajoutée».  Développer l’élevage dans les années 70, déployer l’irrigation dans les années 90, utiliser les CTE dans les années 90-2000, c’est bien cela qui permet un développement à la fois dans les filières mais aussi dans les fermes. Un ressenti corroboré par les chiffres, puisque Olivier Taisne a mis en avant la différence de valeur ajouté à l’hectare qui est de 250 € entre la Somme et l’Oise, du fait de cette intensification historiquement plus forte depuis 30 ans.
Se démarquer, se diversifier…Produire plus élaboré ou produire autre chose relève davantage d’une initiative personnelle : apporter du service ou démarquer son produit permet de capter une valeur ajoutée supplémentaire, et créer une diversification comme de l’accueil à la ferme met en valeur d’autres potentiels. «Ce sont des schémas plus individuels, qui nécessitent de connaître ses propres atouts, sa réelle motivation, et de bâtir son projet en phase avec son marché identifié», a souligné Olivier Taisne, appuyé en ce sens par Daniel Roguet : «les marchés existent, ils sont en croissance, notamment dans les circuits courts ; ils ne sont pas encore saturés, car l’envie de proximité ou d’authenticité est là pour de nombreux consommateurs. Mais il faut s’entourer de conseil et savoir s’investir : vendre soi-même son produit demande un contact humain spécifique, mais aussi une ténacité pour satisfaire systématiquement le client : faire les marchés, c’est prenant !».
Du temps et de l’énergieDes propos corroborés par Emilien Piroux, qui a témoigné de son expérience personnelle : «je suis installé hors cadre familial. Mon choix d’installation a été l’élevage bovin avec vente directe de la production. Ca n’a pas été toujours simple ou évident, mais avec de l’énergie et un bon entou­rage, on finit toujours par créer la valeur ajoutée qui nous rémunère à hauteur de nos espérances. Une fois que l’on a ses propres paramètres et ses chif­fres bien en tête, c’est une question de temps et d’énergie». Des propos encourageants pour un département qui se veut prospectif.
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