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Théâtre : "Un président aurait pu dire tout ça"

Depuis mercredi et jusqu’à ce vendredi, la Cie de l’Hyperbole à Trois poils présente «Un président aurait pu dire tout ça», à la Chapelle-théâtre d’Amiens.


«Il ne faut pas avoir peur de se mouiller pour jouer François Hollande», déclare pince sans rire le metteur en scène, auteur et comédien Nicolas Ducron, à l’origine de cet «ovni» théâtral qu’est «Un président aurait pu dire tout ça». Titre en clins d’yeux aux multiples averses qu’a essuyées l’ex-président de la France au cours de ses déplacements dans l’Hexagone, mais aussi au déluge de critiques qui s’est abattu sur lui après la sortie de son livre «Un président ne devrait pas dire ça».
Hors de question cependant pour Nicolas Ducron de se joindre à la meute pour finir d’enterrer ce président. S’il s’est lancé dans cette création, c’est plutôt pour décortiquer la politique telle qu’elle est menée depuis trente ans et comment celle-ci utilise les institutions pour faciliter les élections et détricoter les lois au Sénat, comme à l’Assemblée nationale.
Du discours du Bourget au renoncement de la loi contre les paradis fiscaux, c’est un quinquennat passé à la loupe que propose l’auteur et comédien, mais aussi ce qu’est le socialisme aujourd’hui, ou plutôt ce qu’il n’est plus, et ce, depuis belle lurette. Autre intérêt : la proximité du quinquennat d’Hollande, ainsi que le caractère romanesque du personnage, sorte de Don Juan auquel personne ne s’attendait. Homme de conviction, sincère, intègre, mais que le système politique empêche de mener à bien ses projets, et qui se retrouve contraint à ne pas se représenter. Une première dans l’histoire politique de la France. «C’est vraiment un bon client pour une matière théâtrale. Puis, j’avais envie de réhabiliter la politique, en montrant aussi ses rouages et ses limites», indique Nicolas Ducron.

Dans la peau de François Hollande
Pour se glisser dans la peau de François Hollande, Nicolas Ducron a lu tout ce qui a pu être écrit sur l’homme politique (livres, articles, BD). Si la première matière de son écriture s’est nourrie à la source du discours du Bourget, tous les autres dialogues ont été inventés, bien que fortement inspirés de la réalité. «J’ai imaginé tout ce qu’il aurait pu dire si j’avais été à sa place, comme les questions que je lui aurais posées si j’avais été à celle des journalistes. J’ai retenu ce qui m’intéressait dans le quinquennat : son obsession de faire baisser la courbe du chômage, l’enterrement de la loi contre les paradis fiscaux, les manœuvres de Macron, toutes les entourloupes, mais aussi les déboires amoureux du personnage», confie Nicolas Ducron.
Le résultat ? Sur scène, un homme seul, en costume cravate, sur une piste circulaire, qui renvoie au cirque comme au ring ou aux plateaux de télévision. Derrière lui, un écran sur lequel défilent son entourage, ses proches, ses adversaires, les médias et les grands de ce monde. Entouré, il l’est de façon permanente, mais toujours seul, confronté finalement à «une trop bruyante solitude», pour reprendre ce titre magnifique du roman de Bohumil Hrabal. Seul, esseulé même, et sous la pression constante des Merkel, Trump, Gattaz, Macron, Valérie, Ségolène…
Et qui n’endossera réellement l’habit de président aux yeux de ses compatriotes que lors des attentats de Paris. «Il a fallu cet horrible spectacle de la mort pour endosser le costume. On me dit aujourd’hui que je suis président. Etre président, c’est être l’incarnation du deuil de tous les Français. Aujourd’hui, je fais président. Je redeviendrai demain le pantin. Il me faudra remettre les gants et essuyer les quolibets», lui fait dire Nicolas Ducron. Triste, tragique et injuste.
Celui qui voulait peindre la mer en rose, arrêter la guerre, chasser le chômage de ce pays finit par se demander ce qu’est une idée de gauche et comment la faire exister dans un monde où l’économie verrouille tout. Du personnage public à l’homme, à la mauvaise foi qui est «une forme politique et une passion française», Nicolas Ducron nous interroge sur notre rapport à la politique, au pragmatisme qui la domine, tuant toute audace et toute action. A l’heure du zapping et des analyses à l’emporte-pièce sur la politique, ce spectacle remet de l’intelligence là où elle manque cruellement. Salvateur.

Le 14 décembre, à 20h30, à la Chapelle-Théâtre, 27-29 rue des Augustins, à Amiens. Réservations indispensables sur chapelletheatre@gmailcom

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