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Une ferme pilote agro-écologique pour expérimenter et sensibiliser

Le groupe Carré ouvre officiellement les portes de son exploitation éco-responsable et pédagogique de Gouy-sous-Bellonne (62).

De nombreux responsables régionaux étaient présents lors de l’inauguration.
De nombreux responsables régionaux étaient présents lors de l’inauguration.
© D R

«À l’image de l’agriculture de demain, la ferme pilote intègre trois objectifs fondamentaux : s’adapter aux enjeux environnementaux et sociétaux, développer les pratiques agro-écologiques, tout en maintenant notre productivité régionale, et améliorer l’image de la profession», a déclaré Johann Loobuyck, directeur général du groupe Carré, le 24 avril dernier lors de l’inauguration des bâtiments à Gouy-sous-Bellonne. Le négociant régional devient le premier en France à lancer un outil de recherche et de développement ouvert au public et s’inscrivant dans une démarche éco-responsable pour diffuser les bonnes pratiques.

Cultiver l’image de l’agriculture
«Nous sommes partis d’un constat récurrent : le monde agricole est un mauvais communicant de son savoir-faire et de ses pratiques», explique Frédéric Carré, président du groupe.
C’est ainsi qu’a germé, en 2011, l’idée de créer une ferme pilote regroupant l’ensemble des productions du Nord-Pas de Calais - Picardie, ouverte à l’ensemble de la profession et au grand public. «Il est indispensable de montrer aux citoyens le nouveau visage de l’agriculture, innovante et de plus en plus raisonnée, ainsi que le rayonnement des filières qui en découle», poursuit Frédéric Carré. Après trois ans de travaux et environ 2 millions d’euros d’investissements, l’ancienne ferme familiale s’est transformée en une plateforme d’expérimentation, de formation et de sensibilisation. Avec une salle d’accueil de 400 personnes et un espace convivial, la ferme pilote s’ouvre sur demande aux particuliers, aux élus, aux écoles ou à l’enseignement agricole. «Les agriculteurs doivent prendre conscience du rôle de la communication et du dialogue pour que l’agriculture régionale et ses valeurs retrouvent de la crédibilité», souligne Johann Loobuyck. Un sentier pédestre «biodiversité», parsemé de panneaux pédagogiques, circulant entre les parcelles d’essais et les zones humides a été aménagé pour les visiteurs.

Des pratiques culturales tournées vers l’avenir
Cette exploitation de 188 ha se veut être la «photographie» de l’agriculture régionale. «On y trouve évidemment les grandes cultures dites «productives» (dont 50 % de blé) mais aussi une production de proximité avec des céréales à destination des minoteries ou de la brasserie du lycée agricole de Wagnonville», annonce Philippe Leclercq, directeur commercial du groupe Carré. Près de 20 ha seront voués à l’expérimentation de techniques alternatives économes en produits phytosanitaires et en engrais. La ferme pilote s’est engagée dans le plan national Ecophyto au sein du réseau de fermes Dephy visant à réduire l’utilisation des intrants. «En novembre 2015, nous passerons sous le régime du Certiphyto, nous voulons accompagner nos 4 000 clients agriculteurs vers l’évolution des pratiques», assure Johann Loobuyck. Une agriculture éco-responsable qui rime évidemment avec agro-écologie. Tête de pont de la loi d’avenir pour l’agriculture, instaurée par le ministre Stéphane Le Foll, le modèle a été développé sur la ferme afin de réduire son empreinte environnementale et favoriser la biodiversité. «12 % de la SAU est constitué d’aménagements à intérêt écologique, précise Philippe Leclercq. On compte 3,5 km de bandes enherbées pour préserver les cours d’eau, 645 m de haie pour protéger la faune et les insectes; ainsi que 4 ruches pour favoriser la pollinisation et la reproduction des plantes». Plusieurs projets et études ont déjà été signés et engagés avec différents organismes de recherche sur la ferme pilote «agro-écologie performante» de Gouy-sous-Bellonne.

REACTION

Jean-Paul Leroy, responsable technique de la ferme pilote et du groupe Nord Céréales
«10 outils d’amélioration des pratiques vont être testés»

Quels leviers agronomiques vont être expérimentés sur l’exploitation ?
En premier lieu, notre objectif permanent sera de réduire les quantités de produits phytopharmaceutiques utilisés. Cela commence par une gestion rigoureuse des systèmes culturaux sur l’exploitation : cultures intermédiaires, rotations, faux semis, choix des variétés... Toutes ces techniques seront développées, analysées et comparées. Il s’agit de fédérer les connaissances et de les vulgariser au plus grand nombre d’agriculteurs.

Les produits de biocontrôle sont-ils amenés à se développer ?
Effectivement, des solutions commencent à arriver en grandes cultures, notamment en colza. En 2014, nous avons testé le Vacciplant (produit naturel issu d’algues marines qui stimule la défense des plantes) en micro-parcelles de blé. Les niveaux de rendements relevés étaient prometteurs. De plus, ces produits sont utilisables en conventionnel comme en bio. Il faut toujours avoir à l’esprit de maintenir la productivité qui fait la force de notre région.

L’agriculture régionale est-elle prête à «produire autrement» ?
Un nombre important d’agriculteurs s’est engagé vers une agriculture plus durable. Le taux d’utilisation des outils d’aide à la décision (OAD) a explosé dans la région, pour raisonner la fertilisation notamment. Beaucoup d’exploitations expérimentent aussi du matériel alternatif, bineuses et desherbineuses, qui seront utilisées à la ferme pilote. En tout, 10 outils d’amélioration des pratiques vont être testé.
Propos recueillis par S. PL.

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